Réduction des risques en santé: «Il est important que nous puissions mener des actions ensemble en Afrique pour des politiques de santé souveraines»

Réduction des risques en santé: «Il est important que nous puissions mener des actions ensemble en Afrique pour des politiques de santé souveraines»

La conférence africaine sur la réduction des risques en santé vise à créer une plateforme africaine d’échange enrichissante dans le domaine de la santé publique et de la prévention des risques, en se basant sur l’expérience des différents pays et les points de vue des experts nationaux et internationaux.

Les Etats africains, dont le Maroc, sont aujourd’hui conscients de l’importance de légaliser le cannabis médical.

Entretien avec Imane Kendili, psychiatre, addictologue et présidente de l'Association marocaine de médecine addictive et pathologies associées.

 

Propos recueillis par M. Boukhari

Finances News Hebdo :L’Association marocaine de médecine addictive et pathologies associées (MAPA), dont vous êtes la présidente, a coorganisé avec le ministère de la Santé et de la Protection sociale la première Conférence africaine sur la réduction des risques en santé. Par quoi expliquez-vous le choix de cette thématique ?

Imane Kendili : La réduction des risques n’est pas nouvelle. C’est une politique de santé qui s’est surtout manifestée en ce qui concerne les addictions et les maladies sexuellement transmissibles, (MST) depuis des dizaines d’années. Avec la pandémie, c’est la politique de réduction des risques qui a marqué, comme quatrième voie de prévention, la politique de gestion du Covid-19 que nous avons d’ailleurs extrêmement bien géré au Maroc. En exemple mondial, le port du masque, la distanciation sociale et la vaccination sont des mesures de réduction des risques. Il faut savoir qu’aujourd’hui la réduction des risques n’est plus l’apanage des addictions et des MST, mais plutôt l’apanage de l’économie, de la société, de l’enseignement, de l’éducation, des maladies organiques, de l’environnement, de la sécurité alimentaire et de l’eau. Elle vient lever les tabous sur la loi du tout ou rien, car nous ne pouvons pas être dans une dichotomie, et la solidarité est ce qui permet actuellement de se projeter dans la santé de demain. De fait, la santé n’étant plus uniquement du ressort du scientifique, mais du scientifique avec le politique, l’économiste et l’industriel afin d’œuvrer ensemble à une santé souveraine.

 

F.N.H. : Quel est le positionnement de la MAPA face à une question aussi importante que la réduction des risques en santé ?

I. K. : La Mapa est sur la réduction des risques depuis le départ, puisque nous avons été initiateurs du manifeste sur la réduction des risques qui est sorti en version anglaise à Washington il y a un an. Notons que 26 personnes de 9 nationalités différentes ont écrit ce livre dit collectif. L’initiative est marocaine, et on parle par les temps qui courent de politique de réduction des risques en santé afin de pouvoir gérer la santé avec le patient citoyen central, responsable et solidaire. La crise du Covid-19 nous a montré qu’il était important que nous puissions mener des actions ensemble en Afrique pour des politiques de santé souveraines. Nous avons eu le patronage de SM le Roi Mohammed VI, que Dieu l’assiste, ainsi que l’appui des politiques, puisque quatre ministères sont présents pour l’organisation de cette conférence qui est très importante et qui n’est que la première porte à un travail réellement conçu et profond. Le ministère de la Santé œuvre dans ce sens et nous sommes en train de poser les jalons d’une santé différente. Les Marocains, accompagnés de leurs homologues africains et de 130 experts à travers le monde, sont en train de penser à la politique de demain et à la santé en Afrique de manière souveraine. Nous avons mené depuis le début des travaux de ce conclave plusieurs réflexions primordiales, notamment autour des politiques de santé communes sur les financements de santé, l’accès aux soins et la digitalisation. Aussi, des recommandations sont sorties à la fin de chaque tableronde et feront l’objet par la suite de la Déclaration de Marrakech.

 

F.N.H. : La question de la légalisation du cannabis médical en Afrique est en discussion lors de cette conférence. Vous n’êtes pas sans savoir que le Maroc est en phase de réglementation des cultures de cannabis pour des usages licites. En tant qu’addictologue, quelle lecture en faites-vous ?

I. K. : Il faut bien sûr faire la différence entre le cannabis médical et le cannabis récréatif. Il existe certains produits qui sont délétères pour la santé et qui peuvent, comme le THC dans le cannabis, être dangereux, surtout pour les jeunes âgés de 15-25 ans. Néanmoins, la réglementation du cannabis médical est importante. Nous avons eu un panel d’experts d’Israël, de Norvège, du Canada, d’Angleterre et du Maroc pour parler de ce sujet et, bien entendu, préparer des actions structurées avec un cadre précis, parce que le cannabis médical est un produit qui permet, entre autres, la gestion de la douleur dans les soins palliatifs, l’épilepsie, le parkinson, et ce de manière neurobiologique. Maintenant, il faut aussi poser les limites en matière de prescription, parce que certains sont plus fragiles que d’autres et les indications doivent être bien fixées. 

 

 

 

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