En dépit des mesures de soutien et des importations, l’on note une flambée persistante des viandes rouges. Des soupçons de monopole dans le secteur avicole poussent les autorités à ordonner une enquête.
Par C. Jaidani
À l’approche de chaque mois de Ramadan, les citoyens sont dans l’expectative. En effet, le mois sacré est connu pour être une période de grande consommation, particulièrement des produits alimentaires. Les portefeuilles des ménages sont mis à rude épreuve, avec des inquiétudes relatives au renchérissement des prix. De nombreux éléments ont contribué à cette flambée, notamment la conjoncture difficile caractérisée, entre autres, par les conditions climatiques défavorables ayant impacté la production agricole, et par ricochet l’offre.
Cette hausse touche de nombreux produits, comme les viandes rouge et blanche ainsi que les fruits et légumes. Ainsi, la viande rouge affiche des prix variant entre 85 et 100 DH dans le monde rural et 90 à 120 DH dans les villes. C’est une moyenne stable par rapport à la tendance constatée ces derniers mois, bien qu’elle soit élevée par rapport à la normale. Mais le seul fait de ne pas observer le rite de l’Aïd Al-Adha serait un événement de taille qui pourrait changer la donne.
«Les rumeurs qui circulent ces derniers temps quant à l’annulation de l’Aid ont commencé à perturber le marché du bétail, surtout que la réponse du ministre de l’Agriculture à ce sujet au Parlement était ambiguë. Il n’a ni confirmé, ni infirmé l’information. Car si elle venait à être confirmée, les prix des viandes rouges devraient logiquement baisser.
Dans ce sens, plusieurs éleveurs ont pris la précaution de vendre une partie de leur bétail, particulièrement les ovins destinés au sacrifice afin de ne pas supporter d’éventuelles charges pour les entretenir. Ils préfèrent récupérer une partie de leur investissement et réaliser une marge même modeste, plutôt que d’être confrontés à des perspectives incertaines. Il faut noter que c’est très coûteux d’entretenir des ovins et de ne pas pouvoir les écouler à l’occasion de l’Aid. Car passée la date de l’Aid, ils seront vendus dans le circuit normal à un prix nettement en baisse», assure Mohamed Maskini, marchand de bétail dans la région de Benslimane.
Par ailleurs, la baisse de l’offre des viandes rouges et la flambée des prix ont accentué la demande sur les viandes blanches, qui ont vu leurs tarifs augmenter. Interpellé à ce sujet dans le cadre d‘une question orale à la Chambre des représentants, Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, a expliqué que «la flambée enregistrée du poulet de chair est due en grande partie à la hausse des coûts des intrants. Cette hausse est favorisée par des pratiques monopolistiques de deux grands opérateurs».
Le ministre n’a pas donné de détails sur le sujet, mais le Conseil de la concurrence a ouvert une enquête pour tirer les conclusions et fixer les mesures qui s’imposent. Une source à la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) explique que cette hausse est due au prix des poussins qui représente une part importante dans le coût de production du poulet de chair. Ils sont vendus entre 14 et 16 DH/ unité. Pour le Ramadan, les professionnels du secteur tablent sur une croissance significative de l’offre. Celle-ci augmentera de plus de 50% pour la dinde et 20% pour le poulet de chair. Actuellement, il y a moins de tensions sur les prix.
Au 3 février courant, les prix départ ferme sont de 16 DH/kg à Casablanca et sa région, 17 DH/ kg à Rabat et Marrakech, 18 DH à Tanger, Tétouan, Fès, Meknès. Il faut ajouter 2 à 3 DH/kg pour les prix à la consommation. Concernant les prix des fruits et légumes, ils ont quelque peu augmenté à cause de la sécheresse, de la grêle et de la baisse de la température. Certains prix comme ceux des tomates ont légèrement régressé à cause de l’arrêt des exportations. Une accalmie avant la hausse probable durant le Ramadan.