- A Marrakech, Salaheddine Mezouar a pu mesurer les attentes et inquiétudes des opérateurs.
- Il leur promet de grands changements.
- L'IS a 20% pour toutes les entreprises d'ici 5 ans
Salaheddine Mezouar est en campagne. Le candidat à la présidence de la Confédération générale des entreprises du Maroc, accompagné de son binôme, Faïçal Mekouar, sillonne les régions du Royaume pour y rencontrer les patrons. Le week-end dernier, il avait rendez-vous dans la ville ocre avec le patronat marrakchi. A l’aise dans son nouveau costume «d’entrepreneur» et déterminé, le candidat Mezouar a distillé devant plusieurs dizaines de chefs d’entreprises, au moins trois messages clés.
Le premier concerne sa décision de se porter à la présidence du patronat qui serait dictée, selon lui, par sa volonté de relever le défi posé actuellement à l’économie marocaine, à savoir celui de définir un nouveau modèle de croissance pour le Maroc.
«Nous avons pris la décision de relever ce défi à un moment que l’on considère comme crucial pour le pays, et dans un contexte de difficultés pour le secteur privé et en particulier les PME», a-t-il d’emblée souligné.
Selon Mezouar, le modèle de croissance de l’économie nationale serait à bout de souffle. «La logique avec laquelle nous avons travaillé depuis 15 ans n’est plus d’actualité. Le rôle de l’Etat dans la croissance doit céder le pas au secteur privé en tant que locomotive de notre modèle de développement», indique-t-il. Pour l’ancien président du RNI, cette élection est une occasion unique pour définir le modèle de croissance économique pour les 20 prochaines années. Là serait donc son ambition.
Deuxième message à destination des patrons : Mezouar veut être celui qui rétablira la confiance des investisseurs. Devant une assistance, qui au vu des interventions et des débats qui ont eu lieu, en a gros sur le cœur, pestant pêle-mêle contre le «club casablancais» que serait devenu la CGEM, l’immobilisme de l’administration publique, la complexité des procédures..., Mezouar marche sur du velours. «Le climat de confiance s’est beaucoup détérioré ces quelques années, assure-t-il. On entend reparler de parcours du combattant pour les investisseurs. Le nouveau modèle de développement ne peut se faire sans le rétablissement de la confiance des opérateurs».
S’il est élu à la tête de la CGEM, l’ex-président de la COP22 compte donner dans les 100 premiers jours les bons signaux au secteur privé, à travers 3 ou 4 mesures d’urgence, susceptibles de créer un choc de confiance. Parmi ces mesures, Mezouar évoque la mise en place d’un fonds de garantie pour financer le besoin en fonds de roulement (BFR) des PME. Pour régler ces questions de trésorerie, Mezouar affirme connaître la méthodologie à suivre pour être efficace, et dit s’armer de pragmatisme. «Il ne suffit pas d’aller voir un ministre pour que ce soit débloqué», assure l’ancien ministre des Finances.
Troisième message : Mezouar veut revoir l’organisation de la CGEM à l’aune de la régionalisation avancée. «Le nouveau modèle a également donné des pouvoirs et des moyens aux régions. Nos acteurs du privé doivent assumer leur part de responsabilité dans les Plans d’accompagnement régionaux et territoriaux», affirme-t-il. Le binôme Mezouar-Mekouar dit être adepte du management participatif, avec une Confédération où les responsabilités seront redistribuées. Une assertion qui a eu l’air de plaire aux patrons marrakchis. Plusieurs d’entre eux ont déploré leur marginalisation au niveau des instances décisionnelles de la Confédération. «Un secteur privé fort a besoin d’une organisation forte», a clamé Mezouar. Son discours a-t-il convaincu ?
Réponse le 22 mai, jour des élections. En tout cas, plusieurs patrons présents à la réunion l’appelle déjà «Président». Un signe ? ■
Ce qu’il a dit sur…
L’impôt sur les sociétés : En matière de fiscalité des entreprises, le candidat Mezouar propose une mesure pour le moins radicale. «La pression fiscale est trop forte pour les entreprises. Nous souhaitons mettre en place un IS de 20% pour toutes les entreprises (hors secteur financier) d’ici 5 ans», nous a-t-il confié en marge de l’événement, assurant qu’il n’est pas convaincu par la pertinence de l’IS progressif.
Les Centres régionaux d’investissement : les CRI ont fait un travail intéressant, notamment avec la mise en place du guichet unique. Mais ils ont été phagocytés par l’administration. Il faut passer du guichet unique à la signature unique, préconise Mezouar.
Le tourisme : «Le tourisme, qui emploie quelque 500.000 personnes et représente près de 6.000 entrepreneurs, doit être parmi les secteurs qui figurent en tête de nos priorités. Beaucoup de temps a été perdu. Les chefs d’entreprises dans l’hôtellerie ont beaucoup souffert. Le secteur aurait dû employer maintenant 800.000 personnes. Notre modèle doit être revisité. Et le balnéaire revu».
A.E