Politiques budgétaires et monétaires: pourquoi la CNUCED tire-t-elle la sonnette d’alarme ?

Politiques budgétaires et monétaires: pourquoi la CNUCED tire-t-elle la sonnette d’alarme ?

Les politiques monétaires et budgétaires menées par certaines économies avancées risquent de pousser le monde vers une récession.

Les hausses de taux d’intérêt intervenues cette année aux États-Unis devraient amputer les revenus futurs des pays en développement (à l’exclusion de la Chine) d’un montant estimé à 360 milliards de dollars.

 

Par M. Diao

La plupart des Banques centrales des pays développés (OCDE) ont résolument durci leurs politiques monétaires afin de freiner, si ce n’est d’éradiquer l’inflation galopante, causée par la guerre en Ukraine et la reprise post covid-19. La nouvelle posture des autorités monétaires des pays développés s’est traduite, entre autres, par la hausse des taux d’intérêt. L’un des principaux mérites du dernier rapport sur le commerce et développement 2022, élaboré par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a trait à l’explication des multiples conséquences de la hausse rapide des taux d’intérêt et du resserrement budgétaire dans les économies avancées. Les experts de l’entité onusienne sont formels.

Croire que les Banques centrales pourront faire baisser les prix en s’appuyant sur des taux d’intérêt plus élevés sans provoquer de récession est «un pari imprudent». La nouvelle publication informe que les hausses de taux d’intérêt intervenues cette année aux États-Unis devraient amputer les revenus futurs des pays en développement (à l’exclusion de la Chine) d’un montant estimé à 360 milliards de dollars. Ce qui laisserait présager des difficultés encore plus grandes.

 

Une croissance mondiale atone en 2023

La CNUCED, qui juge qu’il est encore temps d’éloigner le risque d’une récession, prévoit que l’économie mondiale connaîtra une croissance de 2,5% en 2022. Pour l’année prochaine, le ralentissement de l’activité mondiale devrait être plus prononcé, puisque les auteurs du nouveau rapport tablent sur un taux de croissance mondiale de l’ordre de 2,2%, laissant ainsi le PIB réel encore en dessous de sa tendance pré-pandémique à la fin de l’année prochaine.

«Cette contraction représente un manque à gagner cumulé de plus de 17.000 milliards de dollars, soit près de 20% du revenu mondial. Le ralentissement synchronisé touche toutes les régions. Il est particulièrement alarmant pour les pays en développement, où le taux de croissance moyen devrait passer sous la barre des 3%. Un rythme insuffisant pour assurer un développement durable», prévient l’entité onusienne basée à Genève. Toujours au registre des conséquences, la CNUCED fait savoir que certains pays à revenu intermédiaire d’Amérique latine, ainsi que certains pays à faible revenu d’Afrique, enregistreront des ralentissements des plus marqués cette année. L’autre fait saillant révélé par le document est que les pays qui montraient des signes de surendettement avant la crise sanitaire sont parmi les plus touchés (Zambie, Suriname, Sri Lanka). Les chocs climatiques menacent davantage la stabilité économique de certains pays déjà vulnérables, pour ne citer que le Pakistan.

 

Les implications pour l’Afrique

Le rapport suggère que l’activité économique du continent devrait connaître une croissance modérée de 2,7% en 2022 et 2,4% en 2023, après un rebond de 5,1% en 2021. «Cela se reflète toutefois en partie dans la trajectoire de croissance des trois plus grandes économies que sont le Nigéria, l’Égypte et l’Afrique du Sud. Les trois pays représentent ensemble environ 60% du produit intérieur brut de l’Afrique», précise la CNUCED. Il est sans conteste que les chiffres de croissance agrégés masquent une grande hétérogénéité au sein des pays africains. Toujours est-il que les perspectives de croissance sur le continent se sont détériorées de manière générale. «58 millions d’Africains supplémentaires tomberont dans l’extrême pauvreté en 2022, s’ajoutant aux 55 millions déjà poussés dans l’extrême pauvreté par la pandémie de Covid-19», note le rapport. 

 

Le péril du surendettement refait surface
La récession mondiale qui se profile en raison, entre autres, des restrictions des politiques monétaires et budgétaires des pays développés, fait que 46 Etats en développement sont exposés gravement aux chocs économiques multiples. 48 autres pays seraient sérieusement exposés. A en croire les experts de la CNUCED, une telle situation accroît la menace d’une crise mondiale de la dette. Notons également que le rapport indique que près de 60% des pays africains à faible revenu sont déjà en situation de surendettement ou courent un risque élevé de l’être, car les niveaux d’endettement, tant privés que publics, atteignent des sommets

 

 

 

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