Plantes à parfum, aromatiques et médicinales: «Le Maroc est le 7ème exportateur mondial»

Plantes à parfum, aromatiques et médicinales: «Le Maroc est le 7ème exportateur mondial»

La filière des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) comprend 20.000 espèces dans le monde. 20 millions de tonnes sont utilisées, générant un chiffre d'affaires de 160 milliards de dollars, avec un taux de croissance de 8% en 2023.

Entretien avec Heuda Farah Guessous, experte en commerce international et conseillère en stratégie et management.

 

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Le Salon international de la valorisation et de l’innovation de la filière plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) s’est tenu du 1er au 4 juin à Marrakech. Quelle est la portée de cette 1ère édition d’Aromaplant Expo 2023 ?

Heuda Farah Guessous : C’est une édition inaugurale qui se veut un rendez-vous incontournable pour rassembler l'écosystème de la filière plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM). Il s’agit des producteurs nationaux, des acheteurs, investisseurs, institutions, acteurs de la distribution et du conditionnement, chercheurs, formateurs, coopératives et professionnels. Durant 4 jours, tous ces acteurs ont été réunis autour des grands enjeux de la filière PPAM, avec comme objectif d'identifier les opportunités dans les différents secteurs de valorisation et de commercialisation.

F.N.H. : Le Maroc est le deuxième producteur mondial des plantes aromatiques et médicinales. Cette filière offre des opportunités d’investissement importantes. Quel bilan en faites-vous ?  

H. F. G. : Selon le haut-commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification (HCEFLCD), le Maroc est classé au premier rang en termes de biodiversité endémique avec 39 écosystèmes, 4.200 espèces sauvages et 600 espèces ont des vertus aromatiques ou médicinales et 80 espèces exploitées. De nombreuses plantes à parfum, aromatiques et médicinales restent encore largement sous-utilisées ou méconnues en termes de leurs applications potentielles dans l'industrie, la médecine traditionnelle et la recherche scientifique. Il existe un vaste réservoir de biodiversité et de connaissances traditionnelles associées à ces plantes qui restent à explorer et à valoriser. Plusieurs experts et intervenants ont pris la parole pour dresser le bilan et proposer des recommandations.

L'Agence nationale des plantes médicinales et aromatiques (AMPMA), établissement public de recherche, de développement et d’innovation, sortira bientôt le référentiel national et sa cartographie. Le but étant de se focaliser plus sur la recherche appliquée pour accélérer la valorisation. Il est important de souligner que la culture des PPAM devient plus attractive vu sa faible consommation en eau. En plus, les partenariats public-privé, notamment celui de l’AMPMA et Green OpenLab, vont permettre de lancer un démonstrateur à Taounate pour former la nouvelle génération des agriculteurs. Ces derniers vont être au diapason des dernières techniques et technologies pour économiser les ressources, mais aussi booster la qualité des récoltes et le rendement. L’utilisation du digital est tout aussi importante. Elle permet d’identifier les cultures, les plantes et contrôler et suivre leur croissance de la fourche à la fourchette.

D’après le Centre d’investissement de la région Marrakech-Safi, il existe pour l’instant près de 20.000 espèces de PPAM dans le monde, dont 20 millions de tonnes sont utilisées, générant un chiffre d’affaires de 160 milliards de dollars, avec un taux de croissance de 8% en 2023. Le Maroc est le 7ème exportateur mondial. Concernant les débouchés, entre 10 à 15% sont utilisés dans la cosmétique notamment verte, aromathérapie, arômes et fragrances; 15% dans la médecine avec des médicaments, mais aussi des aliments et compléments alimentaires et 50 à 55% en alimentation, englobant compléments, aliments, colorants, pigments et biopesticides.

 

F.N.H. : Le Maroc possède des atouts considérables pour développer la filière des plantes aromatiques et médicinales. Quelle démarche faut-il entreprendre pour relever le défi de l’excellence ?

H. F. G. : Plusieurs acteurs de différentes tailles opèrent dans le secteur et les sous-secteurs. Nous avons des champions dans cette filière, avec des produits à grande valeur ajoutée, mais aussi des coopératives qui peinent encore à trouver leurs modèles économiques. A mon avis, il faut mettre à niveau les petits exploitants en coordination avec le haut-commissariat aux Eaux et Forêts. Il sera le fournisseur des moyens pour garantir la qualité et la traçabilité. Il faut aussi travailler sur la recherche appliquée, comprendre les différents cultivars, les bonnes pratiques de domestication et les valeurs médicinales ou aromatiques à exploiter, les meilleurs procédés pour les extraire, les administrer et les canaux pour les commercialiser. Toutes ces démarches doivent être effectuées tout en sauvegardant notre biodiversité, et en favorisant la mutualisation des ressources. Dans ce sens, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a introduit aux acteurs du secteur la plateforme «marketplace», (https://www.ipmarketplace.ma/), lors de la réunion tenue le 3 juin 2023 à l’occasion du Salon international de la valorisation et de l’innovation de la filière plantes à parfum, aromatiques et médicinales.

 

F.N.H. : Le Maroc a mis en place la législation nécessaire pour la création d’un marché réglementé autour de la valorisation thérapeutique du cannabis dans le Royaume. Qu’en est-il ?

H. F. G. : Une législation et aussi une gouvernance. Cette année est celle du lancement des projets d’agrégation et de valorisation. Le focus sera porté sur la valorisation dans le secteur de la médecine. Maintenant, la législation doit suivre pour autoriser la recherche appliquée à explorer le potentiel dans d’autres secteurs.

 

F.N.H. : Le Royaume est classé 12ème exportateur mondial de la procréation médicalement assistée (PMA) avec 52.000 tonnes de plantes et 5.000 tonnes d’huile. Quelle est sa part dans le marché mondial, et quelle stratégie faut-il privilégier pour valoriser cette filière ?  

H. F. G. : Les principaux produits exportés sont les caroubes, l’huile d’argan, le romarin, le thym, les huiles essentielles et la rose. Le Maroc est leader dans la filière du caroube avec 43% du marché mondial et également leader dans l’huile d’argan. Toutefois, la valorisation est faite dans d’autres pays, avec un marché mondial en croissance moyenne de 11% par an et un chiffre d’affaires prévisionnel de 552,6 milliards de dollars en 2030. Pour les huiles essentielles, plusieurs intervenants ont rappelé l’importance de la qualité des sols, des plants et des intrants (idéalement en Bio) pour produire des huiles de qualité supérieure, notamment pour leur taux vibratoire. Afin de produire 1 Kg d’huile essentielle, plusieurs centaines de plantes doivent être distillées. D’ailleurs, une stratégie est déjà mise en place pour plusieurs filières dont les opérateurs sont maintenant en interprofession ou encore en associations professionnelles pour collaborer.

 

F.N.H. : La filière des PPAM est un secteur d’avenir, qui profite de plusieurs plans nationaux dont celui de l’accélération industrielle, le Plan Maroc Vert, le contrat-programme d’incitation à l’export signé entre l’Etat et la Fenagri (Fédération nationale de l'agroalimentaire). Comment expliquer l’engouement pour ce secteur ? 

H. F. G. : Plusieurs facteurs peuvent expliquer en effet cet enthousiasme, à savoir :

• La demande mondiale et les prix à l’international.

• Les tendances pour une alimentation saine et naturelle avec des éléments fonctionnels, une médecine ancestrale et cosmétique verte, avec une demande pour des compléments naturels et une hygiène préventive.

La rentabilité des PPAM par rapport à d’autres cultures. • Et les différents incentives pour la cultivation, mais aussi la valorisation. 

 

 

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