Plan d’accélération industrielle : MHE fait le bilan

entretien moulay hafid elalamy

photo : Moulay Hafid Elalamy. Finances News Hebdo.

 

12 secteurs ont été structurés en 43 écosystèmes, engageant le secteur privé à réaliser 132 milliards de DH de chiffre d’affaires à l’export et à créer 427.000 emplois parmi lesquels 160.000 ont d’ores et déjà été contractualisés dans le cadre des contrats d’investissement. Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, fait le point à mi-parcours.

 

 

Finances News Hebdo : L’un de vos principaux marqueurs à la tête du MICIEN est sans doute la mise en place du Plan d’accélération industrielle (PAI) dont l’ambition est, entre autres, de générer près de 500.000 emplois et d’augmenter la part industrielle dans le PIB de 9 points, à l’horizon 2020. Où en êtes-vous par rapport à ces objectifs chiffrés ?

 

Moulay Hafid Elalamy : Le Plan d’Accélération Industrielle a répondu à ses promesses, avec une cadence de réalisations soutenue et des objectifs à mi-parcours largement atteints. Des chantiers d’envergure ont été lancés et des investissements structurants ont été drainés. Ils sont de nature à développer de nouvelles spécialisations, à renforcer les chaînes de valeur locales et à densifier le tissu productif.

La démarche de structuration des écosystèmes nourrit ces dynamiques enclenchées, favorise l’intégration locale et procure aux filières industrielles plus de visibilité et une compétitivité augmentée. A ce jour, 12 secteurs ont été structurés en 43 écosystèmes, engageant le secteur privé à réaliser 132 milliards de DH de chiffre d’affaires à l’export et à créer 427.000 emplois parmi lesquels 160.000 ont d’ores et déjà été contractualisés dans le cadre des contrats d’investissement conclu depuis le lancement du PAI (PSA, Stelia, Thalès, Renault, Hexcel, Siemens…).

A mi-parcours, nous sommes donc parvenus à sécuriser près de 83% des objectifs du PAI. Toutes ces avancées concourent à consolider le rôle du secteur industriel en tant que pourvoyeur d’emplois majeur, de contributeur à l’équilibre de la balance commerciale et de catalyseur de l’investissement productif.

 

F.N.H. : Depuis le lancement du premier écosystème dans l’aéronautique en juillet 2015, d’autres ont suivi de façon accélérée. Les engagements pris par l’Etat dans le cadre des contrats de performance aussi bien financiers qu'en matière d’accompagnement ont-ils été honorés ? 

 

M. H. E. : Oui, tous les engagements ont été honorés, qu’il s’agisse de l’appui à l’investissement, de la mise à disposition du foncier industriel ou de l’accompagne­ment en matière de formation.  Sur le plan de l’appui financier aux opéra­teurs des écosystèmes, 17,3 milliards de dirhams ont été engagés en 2 ans et seront déboursés d’ici 2020 en contrepartie de la réalisation par les opérateurs des engage­ments inscrits dans les contrats de perfor­mance. Je rappelle que 24% de ces fonds sont destinés à l’appui des PME, 24% aux grands projets et 52% sont réservés aux écosystèmes portés par les fédérations professionnelles.

S’agissant de la formation des ressources du secteur industriel, un outil inédit a été élaboré. Il s’agit d’un plan de formation précis et complet réalisé en ventilant la totalité des emplois engagés par profil, par année et par région. Désormais, les étudiants ont de la visibilité et pourront s’orienter vers des formations qui les habi­litent à décrocher les emplois de demain.

Cette cartographie des besoins en res­sources a permis l’élaboration d’offres de formation sectorielles dédiées, conçues dans le sens du rapprochement entre les besoins des écosystèmes en profils et l’offre de formation disponible, du dévelop­pement de la formation par alternance et de la formation continue.

Concernant l’accès au foncier, plus de 1.100 hectares de foncier industriel ont été engagés pour les opérateurs en tenant compte des spécificités régionales et sec­torielles.

D’autre part, la profonde réforme de la Charte de l’investissement à laquelle nous avons procédé, prévoit des mesures inci­tatives au profit des opérateurs, dont cer­taines sont déjà effectives dans le cadre de la Loi de Finances 2017.

 

F.N.H. : Quelles sont les actions entreprises pour garantir la compensation industrielle et, surtout, lutter contre la concurrence déloyale que certains pays livrent aux industriels marocains qui s’estiment parfois insuffisamment protégés ?

 

M. H. E. : L’ouverture est un choix stratégique et irréver­sible que le Maroc assume. Les dispositions des accords de libre-échange sont parfai­tement respectées. Toutefois, dans la perspective d’accom­pagner l’élan de croissance et de dynamisme que connaît actuellement le secteur industriel, nous nous devons d’assurer à nos opérateurs un environnement concurrentiel sain.

Et nous n’hésiterons pas à entreprendre, en conformité avec les règles et procédures de l’OMC, les mesures nécessaires pour les protéger contre les agressions occasionnées par les pratiques de concurrence déloyales.

C’est dans ce sens que nous avons instauré des mesures de défense commerciale pour certains produits exposés aux pratiques de dumping et aux importations massives tels que les tôles en acier, le papier en bobine et en rame, le contreplaqué ou encore le rond à béton.

 

F.N.H. : Atteindre les objectifs du PAI ne relève pas uniquement de votre ministère, mais également d’autres par­ties prenantes pour ne citer que les banques, les organismes de for­mation les aménageurs industriels, etc. Selon vous, ces partenaires jouent-ils le rôle qui leur incombe ?

 

M. H. E. : Depuis le lancement de la stratégie en avril 2014, les différentes parties prenantes à notre projet industriel ont immédiatement adhéré à la nouvelle donne et nous sommes particulièrement satisfaits de la dynamique qui a été mise en place et de la rapidité avec laquelle notre programme a été accueilli.

Banquiers, opérateurs, professions, aménageurs, organismes de formation ont tous répondu favorablement et se sont associés à notre démarche. En considérant le chemin parcouru ensemble, nous ne pouvons que nous féliciter des réalisations accomplies. A l’avenir, il est primordial pour nous tous, parties prenantes au projet industriel national, de maintenir le même engagement et la même mobilisation pour réaliser les objectifs tracés. ■

 

Propos recueillis par I. Bouhrara et M. Diao

 

 

 

 

 

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