Plan anti-sécheresse: satisfecit mesuré des petits exploitants

plan anti-sécheresse: satisfecit mesuré des petits exploitants

Les dispositions prises sont nettement en hausse par rapport à ce qui a été décidé au cours des précédentes saisons de sécheresse.

Les filières les plus vulnérables comme la céréaliculture ont besoin d’une profonde réforme.

 

Par C. Jaidani

Très attendu, le détail du plan anti-sécheresse a été dévoilé par le gouvernement. D’un montant total de 10 milliards de DH, le programme comporte plusieurs mesures, dont notamment la distribution de 7 millions de quintaux d’orge et 400.000 tonnes d’aliments composés, la vaccination du cheptel ovin et caprin, la réhabilitation des périmètres de petite et moyenne hydraulique, l’aménagement et l’équipement de points d’eau pour l’abreuvement du cheptel ainsi que le rééchelonnement de la dette des agriculteurs pour un montant de 6 milliards de DH.

Ces dispositions sont nettement en hausse par rapport à ce qui a été décidé au cours des précédentes saisons de sécheresse. Plusieurs professionnels du secteur ont accueilli avec satisfaction cette initiative, qui devrait atténuer les effets du déficit hydrique. Certains affichent cependant un optimisme prudent. De nombreux présidents de fédérations affiliées à la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader) ont affirmé aux médias officiels que «le plan anti-sécheresse est venu au moment opportun pour rassurer les exploitants».

Quant aux petits exploitants, ils estiment que ces mesures auront une portée limitée. «Le plan anti-sécheresse est une bonne initiative, il faut le saluer. Mais les autorités doivent veiller à ce que la distribution de l’orge subventionnée soit équitable et favoriser les régions les plus impactées. Car, par le passé, il y a eu beaucoup de dérapages. De même, il faut préciser que dans l’alimentation de bétail, il n’y a pas que l’orge; d’autres produits sont utilisés, notamment le foin, le son, la luzerne, le maïs et la betterave. Il faut trouver des mécanismes pour qu’il n’y ait pas de spéculation autour de ces produits et que leurs prix soient abordables pour les exploitants», souligne Abdelwahab Khassoumi, agriculteur dans la région de Ziayda. L’avis de ce petit exploitant est partagé par d’autres qui estiment que dans le meilleurs des cas, leur dotation en orge subventionnée ne pourra dépasser quelques sacs par mois, de quoi assurer l’alimentation du bétail de quelques jours seulement. En effet, les 7 millions de quintaux d’orge qui seront distribués, rapportés au nombre du cheptel national qui est de 27 millions de têtes (21 millions d’ovins et 6 millions de caprins), revient à donner 26 kilos par tête, ce qui est nettement insuffisant par rapport aux besoins réels.

«En période normale, les parcours naturels sont riches en herbe, au moins jusqu’à la fin de l’été. Ce qui n’est pas le cas pour cette saison. Leur appauvrissement devrait être visible à partir du mois de mars et les éleveurs seront contraints de donner à leur bétail de l’alimentation pour les entretenir. Il faut s’attendre à une flambée progressive de l’alimentation de bétail. La période entre juin et décembre 2022 sera la plus dure à gérer. Le plus important est d’assurer l’approvisionnement en eau tant pour les usages domestiques que pour l’abreuvage», affirme Abdallah Mahmoudi, un éleveur de la région des R’hamna. Chaque période de sécheresse nous rappelle la dure réalité, à savoir que le Maroc est fortement dépendant des aléas climatiques, surtout pour l’agriculture vivrière et solidaire.

Avec le Plan Maroc Vert (PMV), plusieurs performances ont été réalisées, différentes filières ont amélioré leur productivité, défiant les contraintes climatiques. Mais la filière céréaliculture, qui concerne plus de 65% des agriculteurs, demeure la plus vulnérable au manque de pluie. La restructuration profonde de cette activité est une action prioritaire. Des changements sont à prévoir au niveau de toutes les composantes de la chaîne de valeur : production, commercialisation et transformation. Il s’agit en premier lieu de dresser un diagnostic sans complaisance, crédible et détaillé des lacunes et des faiblesses de l’activité. Chaque décision doit être prise d’une manière prudente, concertée et maîtrisée, car c’est une filière très sensible. Il est question de renforcer le mode de fonctionnement des organisations professionnelles qui encadrent l'activité céréalière. 

 

 

 

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