L’Association estime que ces articles ne correspondent pas aux normes de qualité et de sécurité. C’est une menace aussi bien pour les consommateurs que pour les industriels, dont certains ont dû mettre la clé sous la porte à cause d’une concurrence déloyale. Le département de tutelle a lancé plusieurs mesures pour lutter contre le phénomène.
C’est une déclaration de guerre que l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce automobile (Amica) a lancée contre les importations frauduleuses de pièces de rechange automobile. L’Association contrôle, en partenariat avec le ministère de l’Industrie, le Centre technique des industries des équipements pour véhicules (Cetiev). Ce dernier est investi de deux missions principales. Il s’agit d’accompagner les industriels dans leur développement technologique et de participer à la reconnaissance internationale de la filière automobile marocaine.
Il est question aussi de protéger le consommateur marocain à travers le contrôle réglementaire des produits mis sur le marché national.
«Pour accompagner l’essor de l’industrie automobile nationale, la mise à niveau du secteur s’est imposée. La filière «pièces de rechange» connaît plusieurs dysfonctionnements ayant trait à l’importation d’articles ne répondant pas aux exigences de qualité et de conformité aux normes», affirme Hakim Abdelmoumen, président de l’Amica.
S’exprimant lors d’une conférence de presse à Casablanca, Abdelmoumen affirme que «certaines pièces comme les plaques, les disques ou les câbles de frein concernent la sécurité qui peuvent causer des accidents de la circulation. Elles sont aussi dangereuses pour la vie humaine qu’un produit alimentaire périmé ou toxique».
Il a relevé à cet égard les différents types de pratiques frauduleuses exercées par les importateurs, comme l’absence de règles claires de prélèvement pour le contrôle à l’importation. Les prélèvements opérés sur les conteneurs ne sont pas représentatifs de la marchandise importée. Par ailleurs, les fraudeurs utilisent des rapports de contrôle volontaires pour faire passer les importations frauduleuses sans prélévement réglementaire.
«Ces importations sont une menace non seulement pour le consommateur marocain mais aussi pour les industriels. Notre pays dispose de 150 entreprises marocaines opérant dans l’industrie automobile, dont seulement 7 sont à capitaux marocains. Cela est dangereux pour la pérennité du secteur et son ancrage au Maroc. Alors qu’en Turquie, le tissu industriel automobile comporte 1.000 équipementiers, dont 700 sont turcs ou en partenariat avec les entreprises locales», explique le président de l’Amica.
Pour faire face à cette situation, une circulaire du dépatement de tutelle a insisté sur le renforcement du contrôle du Cetiev. Cet organisme dispose d'un ensemble exceptionnel de laboratoires d'essais, pour mesurer, étudier, observer et contrôler les comportements et performances des véhicules et leurs composants. Les contrôles sont passés d’une moyenne de 36 par mois à 144. Ces opérations ont permis de relever que les 2/3 des pièces contrôlées
sont impropres à l’utilisation surtout les articles liées à la sécurité.
Des perspectives prometteuses
L’industrie automobile enregistre une croissance à l’export de 20 à 25% chaque année. A fin 2016, les exportations automobiles devraient atteindre 60 milliards de dirhams. A l'horizon 2020, les prévisions tablent sur un montant de 100 milliards de dirhams à l’export. Le taux d’intégration, qui est d’environ 30% actuellement, devrait s’élever à 65%. Face à cela, les investissements dépasseraient 1,4 milliard d’euros au terme de la prévision. Pour 2017, les investissements engagés atteindraient 1,1 milliard d’euros. Pour ce qui est de la création d’emplois, le contrat-programme prévoit 66.500 nouveaux postes dont 32.000 déjà sécurisés d’ici 2017. Pour Abdelmoumen, «la filière aura créé plus de 175.000 emplois en 2020». Avec tout cela, le secteur espère atteindre un chiffre d’affaires additionnel de plus de 3 milliards d’euros à l’horizon 2020, sachant qu’il culmine déjà à 2,2 milliards d’euros.
Fort de ces réalisations, le secteur profite des usines Renault Tanger et PSA à Kénitra pour négocier avec d’autres constructeurs automobiles, notamment Volkswagen et Ford qui disposent déjà d’un centre d’approvisionnement pour la région.
Actions engagées par le département de tutelle
Pour limiter les importations frauduleuses, le ministère de l’Industrie et du Commerce a procédé à plusieurs actions comme la dématérialisation du processus de contrôle à l’importation qui empêche les interventions des importateurs. Au programme, figure la supervision des prélèvements à l’importation avec des règles strictes et le renforcement des contrôles pour les pièces de rechange de sécurité qui mettent en danger la vie humaine. Il a été décidé d’instaurer le cheminement des échantillons prélevés par le laboratoire au lieu de l’importateur lui-même.
Le ministère a renforcé le contrôle a posteriori, c’est-à-dire des prélèvements directs dans les dépôts des importateurs de façon rigoureuse et acheminement sécurisé au laboratoire. Les stocks de pièces de rechange défectueuses doivent normalement être détruites.
Charaf Jaidani