Le taux de croissance au niveau national devrait se situer entre 3,5 et 4,5%.
Donald Trump, le Brexit et la montée du populisme en Europe… font peser de nombreuses incertitudes sur l’économie mondiale.
Seule certitude pour l’exercice en cours : le taux de croissance de l’économie nationale sera bien meilleur qu’en 2016 (entre 1,2 et 2%, selon les conjoncturistes). Dans un contexte caractérisé par une pluviométrie abondante, garantissant les conditions d’une bonne campagne agricole, les prévisions de croissance pour 2017 oscillent, en effet, entre 3,5 et 4,5%. Sauf événements exceptionnels majeurs, le Maroc devrait donc tirer son épingle du jeu, quoique ce taux n’est pas suffisamment élevé pour résorber ce boulet qu’est le taux de chômage.
Pour autant, l’horizon n’est pas si dégagé que ça, d’autant que l’économie nationale prête le flanc à de nombreux facteurs exogènes qui peuvent l’impacter négativement. L’élection de Donald Trump en est un. Le nouveau locataire de la Maison Blanche, qui devrait prendre officiellement ses fonctions le 20 janvier courant, fait trembler l’économie mondiale à travers ses prises de position et ses déclarations fracassantes. Surtout, son programme, bâti autour de mesures protectionnistes et de la dérégulation, inquiète et fait craindre le pire à la communauté internationale. Personnage versatile et imprévisible, son élection a d’ores et déjà produit ses premiers effets… sur le billet vert. En effet, depuis le 8 novembre, date à laquelle il est devenu le président élu des Etats-Unis, le Dollar s’est inscrit dans une dynamique haussière. L’indice du Dollar, qui mesure l'évolution du billet vert par rapport à six autres grandes monnaies (Euro, Yen japonais, Dollar canadien, Franc suisse, Livre Sterling et Couronne suédoise), s’est en effet apprécié de 3,8% en 2016, avec notamment un gain de 3,5% depuis l’élection de Trump.
Selon plusieurs experts, ce mouvement haussier devrait se poursuivre en 2017. «La théorie prédit que pour un pays comme les Etats-Unis où la mobilité des capitaux est totale, la conjugaison d’une politique fiscale expansionniste et d’une politique monétaire restrictive conduira à une appréciation de la monnaie. Depuis l’élection, c’est le cas : on observe une forte progression du Dollar face aux autres monnaies de réserve», nous confiait d’ailleurs récemment Omar Fassal, responsable du Développement de l'investissement à l'international à CDG Capital. Cette évolution du billet vert ne sera pas sans conséquences pour l’économie marocaine. En cela, fait remarquer Fassal, «pour le cas du Maroc, si la hausse du Dollar - qui s’accompagne d’une baisse du Dirham - se poursuit et s’accélère début 2017, il faudra alors se poser la question de savoir quel impact cela aura sur notre balance commerciale l’année prochaine. Nos achats de produits énergétiques sont naturellement libellés en Dollar».
A fin octobre 2016 d’ailleurs, les chiffres provisoires de l’Office des changes font ressortir une facture énergétique de 44 Mds de DH, en régression de 21,7% ou 12,2 Mds de DH, avec notamment l’arrêt des acquisitions de pétrole brut et une baisse de 18,3% des importations de gaz de pétrole. Du reste, le cours du baril de pétrole risque de repartir à la hausse, surtout que lors de la réunion du 30 novembre dernier à Vienne, les pays membres de l’OPEP avaient pu s’accorder sur une réduction de la production de pétrole de 33,6 millions de barils par jour à 32,5 millions et ce, à compter du 1er janvier 2017. De même, les pays non-membres de l’OPEP ont été sollicités pour une réduction de 600.000 barils par jour. Immédiatement à l’issue de cette réunion, le cours du Brent s’est apprécié de 7,6% pour atteindre 50,1 $/le baril. Et d’après les dernières prévisions de la Banque mondiale datant d’octobre, les cours du baril pourraient atteindre 55,2 $ en 2017 et 55,9 $ en 2018. «Toutefois, l’accord conclu dernièrement sur la réduction de la production pourrait se traduire, si les engagements sont respectés, par une hausse plus importante des cours», indique à ce titre Bank Al-Maghrib dans son dernier rapport sur la politique monétaire.
Dans le même sens, il faudra composer avec d’autres facteurs : la reprise lente de l’économie mondiale, plombée par les incertitudes liées notamment aux modalités de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, et la montée du populisme en Europe qui risque d’entrainer une nouvelle redistribution des cartes politiques. La France passera un test majeur dans ce sens dès avril prochain. Autant dire que le nouveau gouvernement, qui n’était toujours pas formé au moment où nous mettions sous presse, pourrait être amené à jouer à l'équilibriste.
Par D. W