Objectifs du Millénaire pour le développement : L'Etat gagnerait à miser sur le développement durable

Objectifs du Millénaire pour le développement : L'Etat gagnerait à miser sur le développement durable

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Le Maroc a fait le pari d’édifier, dans un contexte de globalisation concurrentielle des marchés, un modèle de croissance inclusive. En dépit des fragilités, le Royaume a réalisé des performances qui expliquent, en partie, sa résilience à la crise financière de 2008. Dans son récent rapport sur les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le développement durable (ODD), le haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, a mis l’accent sur les réformes post-2015 dans une perspective de développement durable.

Une année à peine après l’avènement du règne du Souverain, le Royaume du Maroc souscrivait avec les chefs d’Etat et de gouvernement réunis à l’occasion de la 55ème session de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre 2000, à l’engagement de la communau­té internationale de réaliser, à l’horizon 2015, les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). En cause, un développe­ment humain qui reste handicapé par le lourd endettement et l’ajus­tement structurel des années 80-90. «Aussi, l’amorce au milieu et à la fin de ces années d’une politique de réforme économique, d’ouverture démocratique et de réduction de la pauvreté, ne limi­tait que passablement les niveaux de ces déficits», apprend-on dans le récent rapport sur le Maroc entre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le développement durable (ODD), publié par le haut-commissariat au Plan.

A rappeler que les objectifs du Millénaire pour le développement ont conforté la volonté affichée par le nouveau règne qui a pour toile de fond, l’accès à une com­pétitivité globale avec toutes les conséquences économiques et sociales qui en découlent. Un processus de réformes a été ainsi engagé avec la ferme volonté de réduire les inégalités sociales, ter­ritoriales… Résultat des courses : des avancées ont été relativement réalisées, mais des défis restent à relever.

Un modèle de crois­sance à l’épreuve

Sur un plan plus pratique, la participation des organisations professionnelles, des syndicats et des associations de la société civile à l’élaboration, à la mise en oeuvre et au contrôle des poli­tiques publiques a connu une dimension nouvelle et, en 2011, une consécration constitution­nelle avec notamment l’institu­tionnalisation du dialogue social et d’institutions indépendantes de veille sur la démocratisation de la gouvernance. Une ère nouvelle débute et se traduit par le poids de ces entités de protection des droits de l’Homme, de moralisa­tion de la vie publique… dans la Chambre des conseillers du Parlement et la place majoritaire qu’elles occupent dans le Conseil économique, social et environne­mental (CESE). Ajoutons à cela, l’ébauche au cours des années 90 de la réforme du système judiciaire, qui s’inscrit dans une démarche de spécialisation des juridictions dans les domaines du commerce, de l’administration et de suppression progressive des tribunaux d’exception. Ledit pro­cessus a été couronné par la loi organique relative au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire prévu par la Constitution. Dans la même foulée, une réforme profonde du cadre juridique et institutionnel régissant le statut des collectivités territoriales a été adoptée en juin 2015 par le Parlement. Elle consacre le concept de la «régionalisation avancée» dont le Souverain avait bien précisé le contenu. Après les élections régionales et com­munales, tenues en septembre 2015, les politiques publiques seront largement décentralisées au profit des conseils et prési­dents des nouvelles 12 régions au Maroc. Et la liste des réformes est loin d’être exhaustive.

Entre OMD et ODD, quelles réalisations ?

Il a été ainsi communément admis que la crise internationale a pu révéler l’essoufflement d’un modèle de croissance tiré par la demande intérieure sans la compétitivité d’une offre natio­nale exportable. Face à une telle réalité, le Maroc s’est engagé dans une nouvelle génération de réformes, longtemps reportées, pour rétablir les équilibres macro­économiques et se prémunir contre les risques de détérioration des équilibres sociaux. Comment ? Par la réduction du déficit des finances publiques, favorisée par la baisse des cours des produits énergétiques à l’international. Les subventions à la consom­mation de ces produits ont été, en grande partie, supprimées, les importations soumises à une maîtrise rigoureuse et la réforme du système de retraite, en partie menacé d’insolvabilité, mise à l’ordre du jour. A la lumière des débats et des enquêtes et études réalisées par le HCP, l’institution de Lahlimi émet un brin d’opti­misme et considère que le Maroc peut se prévaloir d’avoir été en mesure d’honorer ses engage­ments au titre de l’OMD, à l’hori­zon de 2015. «Ces objectifs ont été, en quasi-totalité, réalisés ou en voie de l’être à cet horizon», notent les rédacteurs du rapport. Ils corroborent leurs propos par les inégalités sociales qui, appré­hendées par la consommation, ont amorcé entre 2007 et 2014, une première inflexion de leur tenace rigidité à la baisse. Le défi majeur se situe aujourd’hui au niveau de la capacité du Maroc à maximiser son adaptation aux effets des changements clima­tiques. Il devrait assurer une ges­tion intégrée des ressources en eau. Face au «chaos» lié à l’envi­ronnement, le Maroc est appelé à se joindre à l’effort de la com­munauté internationale pour en atténuer les effets par la réduction des émissions des gaz à effet de serre et pour consolider le facteur de durabilité de sa croissance et de son développement humain.

Le choix d’un modèle de pro­duction à base d’énergie propre et d’adaptation des stratégies sectorielles aux effets des chan­gements climatiques. A titre d’il­lustration, l’économie d’énergie de 12% d’ici 2020 et 15% d’ici 2030, par rapport à l’évolution tendancielle dans le bâtiment, l’industrie et le transport, s’inscrit dans les ODD.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes

Dans le processus de reconfiguration de son paysage et de son profil économique, le Maroc a dû, entre 1999 et 2004, investir en moyenne annuelle 107,2% de son épargne nationale. Des efforts importants ont été ainsi déployés : la consommation finale et l’investissement sont les deux principaux moteurs de crois­sance économique avec respectivement 73,9% et 39,6%. Avec la contribution négative de la demande extérieure, la demande intérieure a pu marquer le pas, et ce à l’image de certains pays émergents. «Et malgré les fragilités potentielles, le modèle de croissance a réalisé des performances soutenant avanta­geusement la comparaison avec celles des pays de même niveau que le Maroc et plus nantis en termes de dimension territoriale, de poids démographique et de richesses naturelles», apprend-on dans ledit rapport. L’investissement national en moyenne annuelle, représentant le tiers de la richesse nationale, constitue l’un des taux par rapport au PIB les plus forts dans le monde. La déclinaison des agrégats macroéconomiques sur le volet social s’est traduite un tant soit peu par une baisse des inégalités et les OMD devraient être réalisés en 2015. C’est ce qui explique la résistance du Maroc à la crise financière qui a frappé le monde entier en 2008, soulignent les rédacteurs du rapport. Mais il faut reconnaître tout de même que la crise, qui a frappé les pays partenaires du Maroc, a impacté ses secteurs non agricoles. Un impact qui s’est aggravé sous l’effet des politiques de restrictions budgétaires et des mesures protectionnistes adoptées par cer­tains de ces pays. Dans la période 2008-2014, la croissance des secteurs non agricoles a baissé de 5% à 3,5%, tirée vers le bas par les BTP, les énergies et les mines et à moindre niveau les services, à l’exclusion des industries manufacturières qui ont maintenu leur taux de croissance. La création nette d’emplois est passée de 151. 000 à 84. 000 postes en moyenne annuelle.

Soubha Es-Siari

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