Par C. Jaidani
Victimes de leur succès, plusieurs nouvelles zones urbanistiques qui ont connu un essor sans précédent ces dernières années sont confrontées à différentes problématiques liées à l’insuffisance des infrastructures de base, des services publics et du transport. La pression sur le foncier, l’insuffisance de l’offre en logements et les prix élevés qui ne sont pas à la portée de la plupart des acquéreurs, ont incité plusieurs personnes à choisir de s’installer dans les périphéries des grandes métropoles ou dans les villes satellitaires.
Certes, cette option leur a permis d’avoir un toit, mais elle leur a généré également différentes contraintes qu’ils trouvent beaucoup de peine à surmonter. Ce constat est partagé par les nouveaux habitants des villes de Tit Mellil, Médiouna, Bouskoura, Ain Harrouda, Zenata ou Dar Bouazza. Le phénomène est observé également à Témara, Skhirate, Aïn Aouda, ces agglomérations limitrophes de Rabat. Le transport et la circulation sont pour eux un véritable calvaire qu’il faut affronter au quotidien. Le transport en commun est insuffisant pour répondre à tous les besoins. La flotte des taxis et des bus est inadaptée à l’évolution démographique.
«Dar Bouazza compte près de 200.000 habitants et pourrait atteindre les 300.000 dans les dix années à venir, si l’on prend en considération les nombreux projets immobiliers lancés, surtout ceux du segment social qui regroupent une grande densité. Il existe une forte pression sur les transports et il faut trouver une solution. Il est nécessaire de lancer une nouvelle ligne de tramway ou de train qui peut être prolongée jusqu’à Sidi Rahal et aussi renforcer les autres dessertes de transport en commun», explique Abdellatif Benazzi, militant associatif. Les choses ne se présentent pas également sous de bons auspices pour les personnes possédant leurs propres moyens de locomotion.
«Pendant les heures de pointe, la route Dar BouazzaCasablanca devient très encombrée. Un trajet de 35 à 45 minutes passe facilement à 1h30, voire 2 heures, surtout avec les barrages de contrôle de la police et de la gendarmerie. Il est urgent de lancer de nouvelles voies de circulation, d’élargir celles existantes et de multiplier les tunnels pour fluidifier le trafic», témoigne Jamila Ziani, une résidente à Tamaris et travaillant à Casablanca. Au niveau des services publics, les offres sont également nettement en deçà des besoins des citoyens. Les écoles existantes n’arrivent pas à contenir le nombre d’élèves sans cesse croissant.
«Le nombre d’écoliers par classe dépasse parfois 40. Cela perturbe le bon déroulement des cours. Le phénomène a été accentué avec la crise sanitaire et économique. Dans l’incapacité de payer les frais de scolarité dans les écoles privées, plusieurs parents d’élèves ont inscrit leurs enfants dans le public», raconte Chérine Hakkani, une enseignante au Lycée Mokhtar Soussi à Hay Rahma, relevant de la province de Nouaceur. Le même constat est observé à Tit Mellil, une agglomération de 60.000 habitants qui a connu une forte expansion immobilière et urbanistique.
L’offre en établissements scolaires est insuffisante. On compte quatre écoles primaires, deux collèges et un seul lycée. Dans la même ville, le dispensaire est fréquenté quotidiennement par de nombreux patients et le personnel médical est submergé.
Reste à signaler que certaines nouvelles zones urbaines sont également faiblement équipées en matière de lieux de loisir, divertissement, de culture et d’espaces verts, qui en font des cités dortoirs, avec un cadre de vie bien différent de celui vanté par les promoteurs qui ont lancé les projets immobiliers.