Souveraineté, relance économique et opérationnalisation du modèle de développement : c’est la feuille de route de la nouvelle majorité gouvernementale.
Par D. William
L’architecture du gouvernement Akhannouch est désormais connue. Les ministres ont pris leurs quartiers. Il n’y aura cependant pas de round d’observation, car il faudra vite se mettre au travail. La nouvelle majorité n’aura pas à se turlupiner pour élaborer une feuille de route qui fixera les priorités et l’orientation à donner à l’économie nationale durant les prochaines années.
Cela, le Souverain l’a déjà fait dans son discours adressé vendredi au Parlement, à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 1ère année législative de la 11ème législature. Le premier challenge du Maroc est de réduire drastiquement sa dépendance de l’extérieur pour renforcer sa souveraineté. «Qu’elle soit sanitaire, énergétique, industrielle, alimentaire ou autre, sa préservation est devenue l’enjeu d’une véritable compétition qui suscite des réactions fébriles chez certains», fait savoir le Roi.
Dans ce cadre, un premier jalon important a été posé avec l’ambition du Maroc de réduire de 183 à 100 Mds de DH les importations, pour produire sur le territoire national l’équivalent de 83 Mds de DH. Il faut préciser, à ce titre, que la crise sanitaire a chahuté tous les dogmes établis et tous ces préceptes qui sous-tendaient l’univers multidimensionnel de la mondialisation. La souveraineté, sous toutes ses formes, est devenue un enjeu de développement. Un impératif qui dicte, conséquemment, la mise en orbite de notions comme la préférence nationale, ou encore le protectionnisme tant décrié avant cette crise, mais qui s’érige désormais en normalité dans cette phase de relance postpandémique.
Tout cela participe désormais du patriotisme économique, avec l’objectif de rendre le tissu productif, dont les fragilités ont été davantage révélées par la pandémie, plus performant et plus résilient. C’est pourquoi, afin de consolider la sécurité stratégique du pays, le Roi a appelé à «la création d’un dispositif national intégré ayant pour objet la réserve stratégique de produits de première nécessité, notamment alimentaires, sanitaires et énergétiques et à la mise à jour continue des besoins nationaux en la matière».
Relance post-pandémique
Le second chantier important pour le Royaume concerne la gestion de la crise sanitaire et la poursuite de la relance économique. Les mesures de restriction prises par les autorités et la campagne de vaccination ont, à cet égard, permis de bien circonscrire la propagation du coronavirus. Actuellement, tous les indicateurs sanitaires se sont améliorés et le Royaume peut se targuer d’avoir vacciné plus de 23 millions de personnes, dont plus de 20 millions complètement vaccinées. Mieux, il a entamé la campagne d’injection de la troisième dose.
Ces avancées ont ainsi permis d’assouplir les restrictions pour oxygéner davantage l’économie nationale. Actuellement, si certaines activités, comme notamment le tourisme, peinent toujours à se relever, plusieurs secteurs ont néanmoins repris des couleurs. Ce qui augure de perspectives favorables. D’ailleurs, le gouvernement table sur une croissance économique entre 5,5 et 5,8% cette année, après une contraction du PIB de 6,3% en 2020. Pour autant, il faudra continuer à composer avec le coronavirus, toujours présent, avec un risque de nouvelles vagues épidémiques. Cela revient à gérer les affaires du Royaume dans un climat d’incertitude qui ne favorise pas cette confiance si nécessaire à la relance économique. Enfin, le dernier chantier concerne l’opérationnalisation du modèle de développement.
«Aussi, dans la perspective de la mise en œuvre du modèle de développement, le nouveau gouvernement doit définir les priorités et les projets à mettre en chantier au cours de son mandat et mobiliser les ressources nécessaires pour assurer leur financement», a fait savoir le Souverain. Le cap est donc tracé. Le projet de Loi de Finances 2022, le premier du gouvernement Akhannouch, sera un test majeur pour mettre en œuvre les orientations royales. Cela, dans un contexte où il faudra faire preuve de rigueur budgétaire après un exercice 2020 où l’Etat s’est particulièrement distingué par sa prodigalité.