Cela est dicté non seulement par des contraintes écologiques, mais aussi économiques.
Fortement diésélisé, le marché marocain est à contre-courant des tendances mondiales.
Par C. Jaidani
La voiture verte (électrique ou hybride) connait partout dans le monde un intérêt grandissant aussi bien auprès des constructeurs que des automobilistes. Ces dernières années, les constructeurs ont lancé des mégaprojets pour diversifier l’offre. Ils ont investi quasiment tous les segments, y compris l’utilitaire afin de répondre aux besoins des acquéreurs. Cette tendance n’est pas le fruit du hasard puisque les gouvernements, notamment des pays développés, ont lancé toute une panoplie de dispositions pour encourager la mobilité durable et réduire la pollution atmosphérique.
Ces programmes englobent des incitations fiscales, des subventions et aussi des restrictions réglementaires afin de réduire au maximum la circulation des véhicules fonctionnant aux moteurs thermiques, notamment diesel. A contre-courant de cette tendance, le marché marocain est fortement diésélisé avec une part de plus de 95%.
Un niveau inédit dans le monde ! Ce constat présente à terme un risque majeur du fait que la quasi-totalité des constructeurs a annoncé que d’ici 2030, ils ne produiront plus de voitures diesel et devront se focaliser sur l’électrique ou l’hybride. Certaines firmes comme Volvo, Toyota ou Porsche ont déjà entamé ce processus. Conséquence : les acquéreurs marocains seront confrontés à une véritable problématique relative à l’offre. Le risque de perturbation est fort probable.
«Les Marocains sont très conservateurs dans leur choix. Le basculement vers l’électrique ou l’hybride devrait prendre du temps. Il est donc recommandé de préparer les automobilistes marocains à cette transition à travers un important effort en matière de sensibilisation et de promotion», souligne Karim Kadiri, expert en automobile. Le taux de pénétration de la voiture verte est faible sous l’effet de plusieurs contraintes. Pour la voiture électrique, le nombre de bornes de recharge ne dépasse pas une centaine et ne concerne que quelques grands axes routiers.
Du coup, les automobilistes concernés disposent d’un rayon de circulation très limité, y compris dans le circuit urbain. L’extension du réseau de ces bornes ne peut se faire uniquement à l’initiative des stations-service. Elle doit être par contre encouragée à travers des textes de loi, qui imposeraient aux compagnies pétrolières et aux communes un quota bien défini. L’hybride subit, quant à lui, un déficit de communication énorme. En effet, les automobilistes marocains redoutent encore cette technologie, bien qu’elle ait fait ses preuves et montré sa fiabilité. Ils prennent également en considération la forte décote à la vente.
Pour soutenir la voiture verte, l’Etat doit donner l’exemple en équipant progressivement son parc roulant par ce genre de véhicules, particulièrement les communes et les administrations dont l’usage est essentiellement de type urbain. En l’absence d’une prime à l’achat ou à la casse, il serait souhaitable d’accorder de nouvelles incitations fiscales en réduisant par exemple le taux de la TVA ou en supprimant les frais d’immatriculation. La transition du parc roulant national vers les voitures vertes permettra également de réduire la facture pétrolière et, par ricochet, préserver les avoirs en devises.