Une enquête menée par le CRI de Casablanca révèle que seulement 51% des entreprises créées entre 2003 et 2015 sont encore opérationnelles.
Les 5 premières années d’existence d’une entreprise sont particulièrement mortifères.
En partenariat avec la Banque mondiale, le Centre régional d’investissement (CRI) de Casablanca-Settat vient de publier une étude sur le devenir des entreprises qu’il a contribué à créer entre 2003 et 2015.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats de cette enquête font assez froid dans le dos et apportent un éclairage cru sur la réalité de notre tissu entrepreneurial.
Premiers chiffres qui interpellent : 93% des entreprises actives sont des TPE réalisant un chiffre d’affaires de moins de 10 MDH. Le taux de cessation d’activité est inquiétant du fait que seules 51% des entreprises immatriculées entre 2003 et 2015 sont toujours opérationnelles.
Cela témoigne de l’extrême précarité dans laquelle se situe l’entreprise marocaine, surtout au cours des 5 premières années suivant sa création, que les économistes appellent «la vallée de la mort». Comparativement avec d’autres pays, le taux de survie global des entreprises après 3 ans d’existence est de 61% au Canada, 69% en Espagne et grimpe à 78% au Royaume-Uni.
L’enquête ne manque pas de mettre en exergue les facteurs à l’origine de cette surmortalité des entreprises. Cité par 71% des sondés, l’accès au marché est la principale difficulté rencontrée. Il est suivi par le financement, relevé par 65% des personnes interrogées. Fait étonnant : la fiscalité, l’immobilier ou les ressources humaines ne sont pas considérés comme des contraintes majeures.
Dans le même ordre d’idées, l’enquête révèle que 45% de l’échantillon déclarent que les délais de recouvrement importants sont problématiques, et 33% évoquent la concurrence des grandes entreprises comme source de difficultés.
Pour les contraintes liées à l’accès au financement, 61% des sondés font ressortir le niveau de garanties trop important exigé par les banques, alors que 31% pointent du doigt la complexité et la lenteur des procédures de demande de crédit.
Les résultats de l’enquête ont permis d’élaborer un plan d’action de développement de l’écosystème entrepreneurial régional, à travers des focus groupe avec les chefs d’entreprises et des consultations avec les différentes parties prenantes.
«Le Maroc aspire à améliorer son classement dans le Doing Business. Ce genre d’enquête permet de dégager plusieurs enseignements de grande importance afin de remonter les contraintes qui perturbent l’évolution des entreprises. L’apport de la Banque mondiale était primordial, tant au niveau de l’assistance technique que du financement du projet», a déclaré Abdallah Chater, Directeur général du CRI de Casablanca-Settat.
Il est à rappeler qu’une démarche participative a été adoptée pour élaborer l’étude impliquant plusieurs acteurs du secteur public et privé à l’instar de la Direction générale des impôts (DGI), la CNSS, l’OMPIC, Maroc PME, le Conseil régional et les créateurs d’entreprises de la région.
Concernant la méthodologie, Chater précise que «l’étude s’est déroulée en deux étapes. La première a consisté à analyser les données statistiques dont dispose le CRI concernant les 64.000 sociétés immatriculées. La deuxième a choisi un échantillon de 1.280 entreprises pour identifier les difficultés rencontrées et dégager les clés du succès». ■
5 chiffres saillants de l’enquête
Par Charaf Jaidani