Marché du cuivre : Managem retient son souffle

Marché du cuivre : Managem retient son souffle

Managem

En 2014, Managem a investi 450 MDH dans la recherche géologique pour un chiffre d’affaires de 4 Mds de DH. La valorisation des minéraux a permis à l’opérateur minier, à fin juin 2015, d’enregistrer une croissance de la production, avec une montée importante de la production de cobalt (+46%), de l’or (+29%), du cuivre (+9%) et du zinc (+4%). Le top management de Managem se dit optimiste par rapport aux cours du cuivre à cause de la fermeture de plusieurs unités de production et des effets du changement climatique.

Fournir aux journa­listes les instruments de compréhension et d’analyse de l’industrie minière et les outiller pour couvrir dans les meilleures conditions un secteur considéré comme étant stratégique pour le pays, tels sont les objec­tifs du séminaire de formation organisé la semaine dernière à Marrakech par Managem, en partenariat avec l'Ecole des mines de Paris. Un séminaire de deux jours au profit d’une dizaine de journa­listes, animé par deux experts en la matière, à savoir Damien Goetz, directeur de la recherche à Mines ParisTech, et Ismaïl Akalay, Directeur général des activités métaux de base et cobalt & centre de recherche à Managem. «A travers cette formation, nous visons à trans­mettre aux journalistes un cer­tain nombre d’éléments liés à cette industrie complexe pour mieux nous comprendre et afin de mieux relayer l’information au grand public», a souligné Ismaïl Akalay. Au programme également de cette formation, une partie pratique avec la visite du site de Guemassa et du laboratoire de recherche et développement.

Visite de terrain

Situé à 30 Km de la ville ocre, le site de Guemassa tourne depuis plus de 25 ans, alors que la durée de vie initiale de ce gisement n’était estimée qu’à 12 ans.

Aujourd’hui, cette unité indus­trielle produit 4.000 tonnes/jour, avec une production annuelle estimée à 17.000 tonnes de concentré de cuivre, 16.000 tonnes de concentré de plomb et pas moins de 80.000 tonnes de zinc. D’autres mines aux alentours du site alimentent aujourd’hui cette unité minière dont plus de 90% de la pro­duction sont destinés à l’export, notamment aux marchés asia­tique et européen.

Production du cobalt

L’activité de Guemassa est plus concentrée sur la production de cobalt. En 1995, grâce au travail des chercheurs et des ingénieurs, le spécialiste marocain de l’industrie minière a démarré un deuxième métier, celui de l’hydrométallurgie. Depuis, Managem produit du cobalt, soit sous forme de plaques métalliques de cobalt directement vendues à l’indus­trie de l’aéronautique pour la fabrication des superalliages, soit en dérivé de cobalt, notam­ment l’oxyde de cobalt, qu’on trouve dans les batteries des téléphones portables (6g).

Ce nouveau savoir-faire a, d’une part, permis à Managem de récupérer une bonne partie de la valeur ajoutée, soit environ 40%. D’autre part, la valorisa­tion des minéraux a permis au Maroc de figurer parmi les 18 pays producteurs de cobalt.

«12% du cobalt des batteries de téléphones portables ven­dues à travers le monde entier proviennent du Maroc», précise fièrement Ismaïl Akalay.

Mais pas seulement, puisque la maîtrise de l’hydrométallurgie a ouvert au spécialiste marocain de l’industrie minière de nou­velles opportunités d’exploita­tion, notamment la valorisation de gisements dits compliqués.

«Nous avions des gisements de cuivre (oxyde de cuivre) importants, mais que jamais personne n’avait su traiter. C’est le cas de la mine de Akha qui, après épuisement de l’or, était condamnée à fermer. Aujourd’hui, grâce au travail fait en R&D, la mine renaît de ses cendres. Entre l’usine, la mine de Akha et celle de Bleida, nous arrivons à produire 60.000 tonnes de concentré de cuivre par an», se félicite le Directeur général des activités métaux de base et cobalt.

Il faut dire que les méthodes de valorisation mises en place par le centre de recherche du groupe ont donné leurs fruits en augmentant la productivité de Managem. A fin juin 2015, l’entreprise a enregistré une croissance de la production, avec une montée importante de la production de cobalt (+46%), de l’or (+29%), du cuivre (+9%) et du zinc (+4%). L’intérêt que porte l’opérateur minier au volet de la recherche géologique est donc justifiable. En 2014, par exemple, Managem a investi 450 MDH dans la recherche pour un chiffre d’affaires de 4 Mds de DH, ce qui est énorme.

Cet investissement permet non seulement d’augmenter la durée de vie des gisements, mais également de diminuer le cash-cost. Ce qui est en soi un facteur important dans ce sec­teur, comme l’explique Damien Goetz, en rappelant au passage l’impératif de se positionner dans le tiers du bas, face à un déséquilibre de l’offre pour éviter d’être éjecté en premier.

«Dans un secteur où les cours sont très fluctuants, il faut, afin de survivre, faire baisser le cash-cost par tous les moyens. Notre objectif à Managem est de nous situer à la 6ème ou la 7ème place avant le champion du cash-cost maximum, pour éviter de mourir les premiers», analyse Ismaïl Akalay.

Production du cuivre

La réduction du cash-cost donne même à l’opérateur minier l’opportunité de faire des bénéfices lorsque les cours baissent et que s’installe un déséquilibre entre l’offre et la demande. C’est ce qui arrive aujourd’hui sur le marché du cuivre. Le krach boursier en Chine a provoqué une chute du prix du cuivre, qui est passé sous le seuil fatidique des 5.000 dollars la tonne, en août 2015, contre 8.500 dollars au printemps 2012. La situation est encore inchangée puisque le cours du cuivre est à 5.144 dollars la tonne (en début du moins d’octobre). Mais pas pour longtemps, à en croire Ismaïl Akalay.

«Avec la fermeture des usines de cuivre à travers le monde, faisant ainsi disparaître, en moins d’un mois, 600.000 tonnes de cuivre du marché, et les effets du changement clima­tique, notamment en Amérique du Sud (Chili, premier produc­teur de cuivre au monde et au Pérou) ainsi qu’en Asie de l’Est à cause du phénomène «El nino», la situation va changer», explique, avec enthousiasme, le management du groupe.

Managem retient son souffle en espérant tirer profit de cette nouvelle donne mondiale. Comme dit l'adage :«Le mal­heur des uns fait le bonheur des autres».

Lamiae Boumahrou

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