Marché automobile: la percée des garagistes inquiète les concessionnaires agréés

Marché automobile: la percée des garagistes inquiète les concessionnaires agréés

La part de marché de cette activité n’a cessé de se développer, pour atteindre 10% du total marché et 30% du segment premium. Les acquéreurs sont séduits par ce créneau pour des raisons de disponibilité, de finition et de prix.

 

Par C. Jaidani

Le marché automobile poursuit son essor. Même s’il a connu un certain essoufflement ces dernières années, dû en grande partie à des facteurs conjoncturels, l’activité présente des perspectives d’avenir prometteuses du fait que le taux de motorisation au Maroc reste faible comparativement à d’autres pays. En 2023, ce taux a connu une quasi-stagnation et, en 2022, il a enregistré une baisse de 8%. Une bonne part des ventes passe par le circuit organisé. Il s’agit des concessionnaires regroupés autour de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM). L’autre part transite par le circuit des garagistes, qui s’est pendant un certain temps concentré sur les voitures d’occasion.

Actuellement, il s’intéresse de plus en plus aux véhicules neufs. Cette activité connaît une évolution remarquable. La plupart des opérateurs proposent des offres multimarque et multi-segments, bien que le premium soit le plus investi. Ainsi, de nombreux showrooms ont vu le jour, particulièrement dans les grandes métropoles. Cette percée commence à inquiéter les distributeurs qui, pourtant, disposent d’une carte exclusive d’importation par marque. «Les garagistes foisonnent; apparemment c’est un métier qui rapporte de l’argent. L’activité est concentrée dans le premium car c’est plus facile de dégager des marges dans ce segment avec le moins d’effort. Cette catégorie s’adresse à deux clientèles différentes.

La première pourrait acheter auprès du circuit organisé des concessionnaires, mais elle opte pour les garagistes pour des raisons de prix, de disponibilité et de finition. L’autre clientèle ne vient pas acheter chez nous quelles que soient les offres et les conditions. Ce créneau s’accapare 10% du marché total et 30% du premium», souligne-t-on auprès de l’AIVAM. Si l’on prend en considération les chiffres publiés récemment par cette association concernant l’année 2023, le premium a totalisé un volume de ventes de 15.535 unités. Du coup, environ 4.660 livraisons passent par les garagistes. Tout laisse présager que cette activité va se développer davantage dans les années à venir.

Ces opérateurs adoptent un modèle de fonctionnement typiquement commercial, avec une bonne maîtrise des charges. Ce qui les rend plus compétitifs. Ce qui n’est pas le cas des concessionnaires qui doivent supporter les frais de service après-vente, investir continuellement pour renouveler les showrooms et les sites d’exposition et les mettre à niveau conformément aux recommandations du constructeur. Ils doivent également supporter des dépenses en matière de communication et de publicité pour promouvoir les modèles commercialisés et l’image de la marque. Allal Benjelloun, Directeur général de la CAC, importateur et distributeur exclusif de nombreuses marques premium comme Audi, Porsche, Bentley…, souligne à cet égard que «les garagistes ont un mode de fonctionnement différent du nôtre. Plusieurs d’entre eux s’activent dans l’informel, réalisent leurs transactions par cash, ne paient pas d’impôt et créent très peu d’emplois. Ils n’apportent donc pas de valeur ajoutée à l’économie nationale. Il faut noter aussi qu’ils n’accordent pas de garantie à leurs clients. Ils opposent en quelque sorte une concurrence déloyale pour les professionnels opérant dans le circuit organisé. Les autorités concernées doivent intervenir pour réorganiser cette activité».

Rejetant en bloc ces affirmations, Adil Berrada, garagiste à Casablanca, affirme que «la plupart des garagistes opèrent conformément aux lois et réglementation en vigueur. On paie les droits de douane et les autres taxes pour l’importation de véhicules. Les voitures sont strictement contrôlées par les centres de visite technique. Plusieurs acheteurs s’adressent à nous car nous sommes à l’écoute des besoins du marché. Aussi, ils ne trouvent pas la finition ou la motorisation recherchée chez les concessionnaires agréés. Par ailleurs, du fait de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les délais de livraison se sont allongés. Ce qui a poussé plusieurs acheteurs à s’orienter vers les garagistes».

 

 

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