Assurance: un secteur en chantier permanent

Assurance: un secteur en chantier permanent

Chantiers réglementaires, digitalisation, assurance inclusive, nouvelles technologies…, le marché des assurances poursuit sa grande mue.

 

Par D. William

Le marché des assurances a évolué durant l’exercice 2022 dans une conjoncture peu favorable marquée par les poussées inflationnistes. Certes, les compagnies auront ainsi été impactées du fait, entre autres, du durcissement de la politique monétaire initiée par Bank Al-Maghrib en vue de juguler l’inflation, mais le secteur a pu néanmoins tirer quelque peu son épingle du jeu. Les primes émises par l'ensemble des entreprises d'assurances et de réassurance, à l'exception des réassureurs exclusifs et des assureurs Takaful, se sont en effet établies à 54,5 milliards de dirhams en 2022, en hausse de 8,5% par rapport à l’exercice précédent. La branche vie a enregistré une hausse de 10,7% à 25,4 Mds DH, avec un segment «Épargne-dirhams» qui a connu une hausse de 16,3% à 20,95 Mds de DH.

Pour leur part, les segments «Décès» et «Épargne-support unités de compte» ont marqué respectivement des baisses de 0,1% à 3,21 Mds de DH et 28% à 1,23 Md de DH. Parallèlement, la branche «non-vie» a totalisé 29,1 Mds de DH, en progression de 6,7%, portée par une progression des primes de l'«Automobile» de 5,7% à 13,72 Mds de DH et des «Accidents corporels» de +5,7% à 5,04 Mds de DH.

 

Des chantiers à fort impact

Le marché des assurances poursuit son processus de développement à travers la mise en place de plusieurs projets impactants, dont l’un des plus importants concerne la mise en conformité avec les normes internationales. L’Autorité de contrôle de l’assurance et de la prévoyance sociale (ACAPS) est en train de déployer à ce titre plusieurs chantiers réglementaires, comme notamment la solvabilité basée sur les risques (SBR) ou encore le passage vers les normes IFRS, qui permettra au secteur d’adopter les standards internationaux en termes de comptabilité. A côté de ces chantiers réglementaires, le secteur poursuit sa modernisation à travers l’accélération de sa digitalisation. L’ACAPS a ainsi publié la nouvelle instruction relative aux dispositifs électroniques de vente en ligne de produits d'assurance, entrée en vigueur le 1er juillet 2022. L’objectif est de fluidifier le processus de mise en place des dispositifs de vente en ligne en fournissant aux acteurs une vision claire sur les exigences de conformité requises.

Selon l’ACAPS, ladite instruction énonce les conditions et les modalités que doivent observer les entreprises d'assurances et de réassurance ainsi que les intermédiaires d’assurances et les autres entités habilitées à présenter au public des opérations d’assurances, pour la mise en place d’un dispositif électronique de vente en ligne permettant la conclusion de contrats d'assurance. Par ailleurs, la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR) a lancé une application E-constat sur toutes les villes marocaines depuis le 1er décembre 2022. Objectif  : dématérialiser le constat amiable papier en générant un constat électronique qui reprend la même présentation et les mêmes informations que celui en format papier.

Après le E-constat, il est attendu la dématérialisation des attestations d’assurance automobile dès ce deuxième semestre 2023. L’autre chantier majeur sur lequel se penche la profession concerne l’assurance inclusive, qui reste une composante essentielle de la Stratégie nationale d’inclusion financière. Il s’agit de réduire les disparités et de faciliter l’accès des personnes les moins favorisées aux différents services et produits financiers, notamment l’assurance, à travers le développement de produits d’assurances dits «inclusifs».

A ce titre, les chiffres du «Baromètre de l’assurance inclusive», publiés début avril courant, ont permis de relever les niveaux de connaissance, de pénétration et d’usage des produits d’assurance par la population marocaine ainsi que par les très petites entreprises (TPE) opérant dans le commerce, l’artisanat ou les services. Voilà autant de chantiers qui devront permettre d’impulser une nouvelle dynamique au marché de l’assurance.

Une industrie appelée néanmoins à s’adapter à l’influence de plus en plus grandissante de la technologie dans son développement. Lors de la 9ème édition du Rendez-vous de Casablanca de l’assurance, organisée du 8 au 9 mars dernier, Mohamed Hassan Bensalah, président de la FMSAR, l’a d’ailleurs clairement reconnue. «L‘intelligence artificielle, les véhicules autonomes, les petits véhicules sans permis ou encore les trottinettes sont autant d’exemples qui bouleversent l’assurance automobile. Nous devons être en mesure de les identifier, les analyser et les intégrer dans nos politiques de gestion des risques, pour continuer à jouer pleinement notre rôle dans la prévoyance», a-t-il déclaré.

 

 

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