• Eclairage de Mohamed Badraoui, DG de l’INRA. ✔ Finances News Hebdo : Comment se déroule le programme de développement des variétés résistant au Bayoud ?
✔ Mohamed Badraoui : Ce programme qui a démarré il y a 40 ans se poursuit dans de bonnes conditions. Depuis longtemps, les Oasis au Maroc étaient confrontées à une déperdition énorme parce qu’elles sont sensibles au Bayoud. Les chercheurs de l’INRA ont fait des croisements, ils ont pu sélectionner un certain nombre de variétés résistant au Bayoud. Nous en avons une quinzaine maintenant. La plus importante est Najda qui est disponible chez les agriculteurs et qui est d’un bon rendement.
Il y a d’autres variétés qui sont produites pour l’INRA et qui sont en cours de multiplication. Dans quelques années elles seront disponibles pour les exploitants. Pour multiplier il faut 4 à 5 ans et la production commence à partir de la 3ème année. Dans 7 à 8 ans nous aurons toutes les variétés résistant au Bayoud. Il faut souligner que, malheureusement, les variétés nobles marocaines comme El Majhoul, Bouffakous sont sensibles.
C’est ce qui explique cette forte vague de déperdition qui a touché le Maroc. Avec les nouvelles variétés on va réhabiliter le milieu en utilisant d’autres techniques qui vont limiter l’infection du palmier-dattier par le Bayoud. Parmi ces techniques il y a l’irrigation car le germe se transmet par les racines ; il faut opter pour le goutte-à-goutte et éliminer l’irrigation de surface. Cela permettra de réduire de 90% le risque d’infection. On va demander également aux exploitants de ne pas transporter le fumier d’une parcelle à une autre.
✔ F. N. H. : Est-ce que cette sélection ne risque pas d’impacter la biodiversité ?
✔ M. B. : La création de variétés va enrichir la biodiversité et nous aurons ainsi 453 variétés communes : la grande diversité est le meilleur moyen de protéger la diversité car s’il y a un problème ou une maladie, il n’y a qu’une partie qui sera touchée car il y aura toujours une résistance. Mais il faut sélectionner les variétés nobles.
✔ F. N. H. : Géographiquement, quelles sont les régions les plus impactées ?
✔ M. B. : Le Bayoud sévit essentiellement dans les régions du Tafilalt et du Draa. Dans les zones de Tata et de Figuig il n’y en a pas beaucoup car il n’y a pas beaucoup de plantes. Sur le plan géographique, il faut savoir que les variétés ont des exigences différentes. Il y a des variétés précoces qui n’ont pas besoin de beaucoup de chaleur. A partir de juillet, elles commencent à donner leurs fruits dans les zones chaudes. Dans les zones moins chaudes, elles ne peuvent donner qu’à partir d’octobre.
Les variétés tardives peuvent être impactées par la pluie ou le froid. Il faut faire une cartographie des variétés et choisir celles qui sont adaptées à chaque milieu. L’ANDZOA est chargée de mettre en place ce projet. ■