Pour atteindre l’ambitieux objectif d’économiser 15% de sa consommation d’énergie d’ici 2030, le Maroc peut d’ores et déjà compter sur l’UE qui, avec le concours de quatre institutions financières (BEI, BERD, AFD, KFW), a lancé récemment une ligne marocaine de financement de l’énergie durable dotée de 80 mil-lions d’euros.
L’enjeu énergé-tique est de taille pour le Maroc, pays qui affiche un taux de dépendance éner-gétique de plus de 90%. Pour remédier à cette situa-tion qui pénalise l’économie nationale, plusieurs chantiers dans le domaine des énergies propres sont ouverts (plans relatifs aux énergies solaire et éolienne). Au regard des multiples enjeux que sous-tend l’énergie dans le pays, Morseff, la ligne marocaine de financement de l’énergie durable, récemment lancée en grande pompe à Rabat, tombe à point nommé. En effet, ce véhicule financier, pourvu de 80 millions d’euros, est le fruit de la ferme volonté de l’UE et de quatre institu-tions financières européennes (BEI, BERD, AFD, KFW) de soutenir le Royaume dans son ambitieux projet d’efficacité énergétique. D’emblée, il est important de préciser que cette ligne de financement de l’énergie durable dotera les banques privées maro-caines de financement, tout en leur prodiguant un conseil pour l’accompagnement des entreprises dans le domaine de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables. «Cette initiative est d’autant plus importante qu’elle per-mettra au secteur financier de s’intéresser davantage aux projets relatifs à l’effica-cité énergétique et à l’éner-gie propre, à petite échelle», martèle Said Mouline, direc-teur de l’Agence marocaine pour le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE), lors de son inter-vention. D’ailleurs, jusque-là, les banques marocaines, à l’exception de la banque bleue (BMCE Bank), affi-chaient une certaine réticence face aux projets des énergies durables et d’efficacité éner-gétique. Pour cause, celles-ci manquent d’expertise dans ces domaines pour le suivi et l’évaluation des risques. Cela dit, l’amélioration de l’effi-cacité énergétique, est un gage de compétitivité pour certaines PME marocaines énergétivores, pénalisées par le coût prohibitif de l’énergie.
L’énergie durable, pilier de la coopéra-tion Maroc-UE
Pour sa part, Rupert Joy, Chef de la délégation de l’UE au Maroc, a rappelé lors de son allocution que l’UE est le premier bailleur de fonds du Royaume dans le domaine des énergies renouvelables. En effet, en matière d’effica-cité énergétique, il subsiste une certaine convergence stratégique entre les deux partenaires. A l’horizon 2020, l’UE ambitionne de réduire sa consommation énergétique de 20%, tandis que le Maroc s’est fixé l’objectif d’écono-miser 15% de sa consom-mation d’énergie en 2030. «Les énergies renouvelables occuperont une place de choix dans l’agenda de la coopération entre l’UE et le Maroc, au cours des années à venir», assure le patron de la Délégation de l’UE au Maroc. Outre cette convergence, il est utile de rappeler que le montant des projets financés par Morseff, en fonction de l’importance, de l’éligibilité et du secteur, pourrait atteindre 150 millions de dirhams. A noter que même les ménages peuvent recourir à ce véhicule de financement pour se doter d’équipements susceptibles de réduire leur consomma-tion d’énergie. Par ailleurs, dans le cadre de ce nouveau mécanisme de financement, 20 millions d’euros ont déjà été accordés à BMCE Bank et à sa filiale Maghrebail. Dans un autre registre, la rencontre de lancement, tenue à Rabat, a permis à Rupert Joy de saluer les multiples initiatives prises par le Royaume dans le domaine de la préservation de l’environnement et de la pro-motion des énergies propres. En effet, le Maroc abritera la 22ème conférence sur le climat en 2016 (Cap22), une occasion pour mieux évaluer les réalisations et les enga-gements pris lors de la confé-rence de Paris sur le même sujet (30 novembre 2015). Said Mouline a, par ailleurs, souligné que la nouvelle ligne de financement de l’énergie durable permettra aussi de réaliser un audit énergétique au Maroc. Il faut savoir qu’en raison de la pression démo-graphique et de la multiplica-tion des projets, la consom-mation énergétique au Maroc est en progression constante. Outre ce rappel, certains intervenants ont vanté le pragmatisme de ce nouveau véhicule de financement puisqu’il regroupe, à la fois, les prêts, l’assistance gratuite et les incitations à l’investis-sement dans l’optique de pro-mouvoir les technologies éco-nomes axées sur les sources d’énergie renouvelable. Dans l’optique de garantir le succès du projet, tout en incitant à investir, la Facilité d’inves-tissement pour le voisinage (FIV) de l’UE a contribué à Morseff à hauteur de 16,5 millions d’euros. En définitive, tout porte à croire que cette nouvelle ligne de financement donnera un réel coup d’accé-lérateur à l’essor de l’effica-cité énergétique au Maroc. Un des principaux atouts de ce mécanisme est sa capa-cité de susciter l’intérêt des acteurs financiers. Toutefois, un grand travail de sensibi-lisation devra être fait pour conscientiser les entreprises marocaines sur les bienfaits d’investir dans les énergies renouvelables et dans l’effi-cacité énergétique, qui, selon Rupert Joy, doit être consi-dérée comme une source d’énergie à part entière.
M.Diao