Les PME doivent être au cœur de la relance économique

Les PME doivent être au cœur de la relance économique

 Par Hani Salem Sonbol, Directeur général de la Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC).

 

En cette période de pandémie de la Covid-19, alors que l'activité économique mondiale est au ralenti, le financement et le développement des PME joueront un rôle plus important que jamais pour surmonter cette crise sans précédent. Et pour cause : aujourd’hui, sur les marchés émergents, 7 emplois sur 10 sont générés par des PME.

Demain, la Banque mondiale estime que 600 millions d'emplois seront nécessaires d'ici 2030 pour faire face à l'augmentation de la population mondiale active. S’y ajoute que durant la dernière décennie, un changement d'orientation remarquable a été mis en place par de nombreux gouvernements de régions en voie de développement en faveur de la croissance du secteur des PME.

Mais la pandémie de la Covid-19 et la crise économique qui en résulte sont sur le point de réécrire l’histoire. La plupart des PME luttent aujourd'hui pour rester en activité et de nombreux petits écosystèmes pourraient tout simplement disparaître. Les défis les plus courants auxquels les PME sont bien souvent confrontées, tels que l'accès au financement et au savoirfaire, sont désormais aggravés par de nouvelles menaces allant de la crise de liquidité du système financier à la rupture de la chaîne d'approvisionnement, ou encore de la diminution soudaine de la demande globale. Une étude menée par l'université chinoise de Tsinghua, au pic de l’épidémie de la Covid-19, sur un échantillon de différents types de PME, a montré que deux tiers des PME n'ont pas survécu après deux mois d’arrêt d'activité.

La même tendance vaut ailleurs : McKinsey prédit que la crise touchera en particulier les PME des secteurs du tourisme, de l'hôtellerie, des transports, du pétrole et du gaz, de l'automobile et des produits de consommation. Des PME pour lesquelles les premiers signes de reprise n’interviendront pas avant 2021. Si ce choc n'est pas amorti maintenant, l'impact négatif sur le tissu socioéconomique de nombreux pays en développement sera important. La plupart des PME étant une source d'emploi pour les jeunes, les progrès réalisés au cours des dernières décennies en matière de diversification économique et de création d'emplois seront compromis.

Le financement islamique du commerce, une solution pour relancer le secteur des PME

Les institutions de financement du commerce, telles que l’ITFC, doivent désormais diriger leurs efforts visant à renforcer la résilience des PME et à leur permettre de rebondir après la pandémie. Le financement islamique du commerce qui possède l'expérience, les outils et les instruments adaptés aux besoins des économies en développement, est l’un des meilleurs garants d'une réponse rapide et efficace. Les acteurs du développement international l’ont compris. Ils se tournent vers les institutions islamiques de financement du commerce pour aider à redynamiser le commerce et à préserver l'avenir des PME sur l'ensemble des chaînes de valeur dans les pays en voie de développement.

Toutefois, le seul accès au financement du commerce ne permettrait pas d'optimiser les résultats de manière durable. Il est essentiel de fournir des plateformes d’échanges, des solutions de développement du commerce, l'accès au savoir-faire et au renforcement des capacités, en particulier dans les secteurs à valeur ajoutée tels le secteur de la santé, les produits pharmaceutiques, l'agroalimentaire et le textile.

Autre priorité : continuer à commercer pendant la période de crise. Les pays touchés par la pandémie ont mis en œuvre des mesures de toutes sortes pour freiner les effets et la propagation du virus. Mais ces mesures affectent malheureusement souvent la libre circulation des biens et des travailleurs, et perturbent davantage les chaînes de valeur mondiales. Ces freins doivent être levés au plus vite.

Faire des PME une composante de la solution immédiate

Par exemple, les systèmes de santé de nombreux pays en développement étant très vulnérables pendant cette période, l'accent doit être mis dans l'immédiat sur les PME qui composent la chaîne de valeur des soins de santé. Une partie de la démarche consiste à impliquer celles-ci dans la fourniture d'équipements médicaux, en les soutenant pour qu'elles atteignent leurs objectifs en matière d'approvisionnement et de livraison d'équipements vitaux. Il est essentiel que les PME fassent partie de la solution actuelle et non des dommages collatéraux.

Le programme AATB, une association de neuf partenaires stratégiques gouvernementaux, et d'institutions multilatérales de développement, dont l'ITFC est le chef de file et qui a pour mandat de favoriser l'intégration économique entre les deux régions arabe et africaine, est particulièrement impliqué dans la lutte actuelle contre la pandémie et la procuration d’avantages à long terme au secteur de la santé de la région. Le partage de l'expertise et des expériences est un élément tactique clé dans le travail de l'AATB.

À ce jour, ces initiatives de commerce pharmaceutique ont permis de réaliser des transactions B2B d'une valeur de 150 millions de dollars US. Durant la crise, et pour en sortir, les PME ont un rôle clé à jouer. Le financement islamique du commerce est alors une solution pour intégrer cellesci aux chaînes de valeur mondiales et leur permettre de surmonter cette crise mondiale.

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