Nous avons tous cru, à un moment de l’histoire, aux mirages des accords de libre-échange, à leurs vertus et, surtout, à leur capacité de doper la croissance, de créer de la richesse et bien entendu des emplois. L’optimisme béat, ayant empreint l’opération à ses débuts est encore gravé dans nos mémoires.
Les années filent et nous sommes scotchés face à des résultats jugés trop maigres. Economistes, analystes et chercheurs sont unanimes à dire que le bilan, concocté au milieu d’un flot de promesses, demeure en deçà des attentes. Un déficit commercial qui équivaut à plus de 23% du PIB et des importations dont la valeur représente le double des exportations. Le déficit commercial avec les pays signataires des accords de libre-échange ne cesse de se creuser. C’est pour dire que ces accords n’ont en rien redressé la situation qui signe l’échec de la politique commerciale du Maroc et appelle à un renouveau dans l’action publique.
Pour y remédier, le gouvernement a décidé, au cours des dernières années, d’appuyer sur la pédale, mais les résultats demeurent somme toute limités. Deux autres chantiers importants ont marqué l’année 2014 : un plan triennal 2014-2016 pour la promotion des échanges commerciaux et un projet de loi relatif au commerce extérieur. Ce plan ne présente pas d’objectifs chiffrés, mais il développe avec détail les étapes intermédiaires à franchir et les actions à entreprendre. Mais jusqu’à quel degré pouvons-nous être confiants, si ce n’est que des créations d’organismes en plus et des sommes colossales investies, pesant lourdement sur les finances publiques. Face aux difficultés du commerce international, l’étau se resserre davantage sur l’économie marocaine, défavorisée par des accords qui ne profitent qu’à ses partenaires.
La cause est souvent attribuée à un tissu économique peu compétitif. Peu importe, le résultat est le même : un déficit commercial
pénalisant. Le désarroi des opérateurs, lié aux accords de libre-échange n’est pas propre au Maroc. Pour ne pas citer l’Alena (Etats-Unis, Mexique et Canada), entré en vigueur le 1er janvier 1994, et qui, au départ, a promis monts et merveilles, mais est qualifié aujourd’hui d’ échec. D’après Lori Wallach, experte dans les questions commerciales mondiales, l’Alena a non seulement diminué le nombre des emplois aux Etats-Unis, mais il a aussi affecté leur qualité. L’accord a eu également des effets désastreux au Mexique. Autorisés à exporter sans entraves, les USA ont inondé ce pays de leur maïs subventionné et issu de l’agriculture intensive, engendrant une baisse des prix qui a déstabilisé l’économie rurale. Or, que ce soit au Maroc ou ailleurs, loin de tirer les enseignements qui s’imposent, les négociateurs s’emploient à reproduire les mêmes erreurs. Avec une différence près, que les pays en question ne jouissent pas de la même capacité de résilience.
Par Soubha Es-Siari