«Le confinement a entraîné un gaspillage des denrées alimentaires de 15 à 20%»

«Le confinement a entraîné un gaspillage des denrées alimentaires de 15 à 20%»

  Contrairement à d’autres pays, le marché a été bien approvisionné et à des prix stables.

La fermeture des souks hebdomadaires dans le monde rural a impacté le pouvoir d’achat des paysans.

Le point avec Bouazza Kherrati,président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC).

 

Propos recueillis par Charaf Jaidani

 

Finance News Hebdo: Comment jugez-vous les conditions de protection du consommateur en cette période de confinement ?

Bouazza Kherrati: Cela dépend de quel secteur. Vu les restrictions sanitaires et les conditions de confinement, c’est le secteur alimentaire qui est le plus concerné. En dépit de quelques perturbations au début, le marché est très bien approvisionné et plusieurs produits ont vu leur prix actuellement baisser. 
Alors que dans d’autres pays comme ceux de la région du Maghreb, les prix ont flambé et poursuivent leur hausse. En quantité, les produits agricoles sont relativement abondants et à des prix corrects. Nous avons néanmoins remarqué un gaspillage des denrées alimentaires de 15 à 20%. En effet, des produits sont jetés quotidiennement dans les poubelles, cela est visible au niveau des ordures ménagères qui ont sensiblement augmenté.

Pour les prix, excepté une petite hausse au début du Ramadan, la situation s’est stabilisée par la suite. Les citoyens se sont bien approvisionnés auparavant.

Logiquement avec la hausse de la demande, les prix auraient dû augmenter. Hormis quelques produits comme le poisson, la quasi-totalité des produits a vu leur prix baisser.

 

F.N.H: Avez-vous des observations particulières à ce niveau ?

B.K: Le discours que nous véhiculons dans notre fédération et sur lequel nous sensibilisons les consommateurs, est qu’ils ne doivent pas participer à une augmentation de la demande pour ne pas renchérir les prix. Il faut aussi éviter le gaspillage alimentaire.

A travers les informations recueillies par les associations régionales, nous avons constaté que c’est dans les quartiers démunis où il y a le plus de gaspillage alimentaire.

 

F.N.H: Qu’en est-il de la disponibilité des masques bavette sur le marché ?

B.K: Nous avons bien suivi ce problème. Nous considérons que le gouvernement n’a pas su gérer convenablement cette crise. Mais le département de l’Industrie et du Commerce s’est distingué par des actions pertinentes qui ont donné de bons résultats. Aux premiers jours de l’obligation du port du masque, nous avons constaté une pénurie. Une seule usine les fabriquait et la totalité était destinée à l’étranger. La première chose qu’a faite le ministre de tutelle, c’estd’arrêter l’exportation pour alimenter le marché local.

 

F.N.H: En interdisant les journaux et la distribution des livres, le droit du consommateur a-t-il été respecté ?

B.K: Plusieurs pays ayant instauré le confinement n’ont pas interdit les journaux et les livres. Il faut noter que les interdictions varient d’un pays à un autre. Le Maroc a voulu prendre le taureau par les cornes et éliminer le maximum de risques. C’est une décision souveraine basée sur plusieurs arguments, elle a donné des résultats palpables. Le nombre de contaminés a été limité et celui des morts ne cesse de diminuer. Malheureusement dans notre pays, plusieurs personnes ne sont pas responsables et ne respectent pas les règles sanitaires. Il faut des méthodes draconiennes pour lutter contre la pandémie. Il est préférable d’avoir quelques répercussions économiques dans certains secteurs que de déplorer de nombreuses victimes. Certains pays comme les Etats-Unis, la France, l’Italie ou l’Espagne ont payé cher leur tolérance et leur laisser-aller.


F.N.H: A quel niveau la fermeture des souks hebdomadaires dans le monde rural a impacté le consommateur dans ces régions ?

B.K: La fermeture des souks hebdomadairesainsi que les restrictions de circulation ont eu un impact sur la consommation dans le monde rural. On recense une nette baisse puisque les populations ne peuvent acheter tous les produits chez les autres sources d’approvisionnement. D’autant plus que dans les souks, les produits sont en général contrôlés surtout ceux de type alimentaire.
Il faut noter que le pouvoir d’achat des paysans a été impacté du fait que le souk leur permet de vendre leurs produits agricoles et dégager une trésorerie qui leur permet d’acheter ce dont ils ont besoin.

 

F.N.H: Quelle est votre position sur le projet de loi 22.20 ?

B.K: La fédération a une position ferme et claire à ce sujet. Nous sommes pour le retrait définitif du projet qui touche profondément l’image du Maroc à l’international en matière des droits de l’homme en général et du consommateur en particulier. Le texte bafoue les lois déjà existantes. La manière avec laquelle le projet a été élaboré et avec laquelle on voulait l’entériner en cette période de crise est déplorable.
Certains départements ministériels n’ont reçu le projet que le 18 mars à 18 heures 30 pour l’approuverle lendemain en Conseil de gouvernement. C’est dire qu’il y avait une volonté préméditée de le faire passer le plus discrètement possible sans la moindre discussion.

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