Le groupe LabelVie abandonne 100 MDH de marges à ses clients en 2022.
30 ouvertures de magasins prévues en 2023.
Le point sur la stratégie financière.
Par Y. Seddik
Le chiffre d’affaires de LabelVie a frôlé les 14 Mds de dirhams en 2022. Du jamais vu dans l’histoire du groupe. Une performance dont se félicite le management, d’autant plus qu’il a sacrifié une partie de ses marges, notamment dans les produits alimentaires, au profit de ses clients. Un manque à gagner de 100 MDH selon Chrystèle Ronceray, Directrice générale adjointe chargée du Pôle marketing. En chiffres, la marge directe s’est dépréciée de 0,5 point sur un an à 11,7%, quand la marge brute est restée stable à 22,7%.
Un dispositif reconduit en 2023
«Nous sommes en train de faire de très gros efforts promotionnels en cette période pour soutenir le pouvoir d’achat de nos clients. A titre d’exemple, la tomate est à 4,50 DH dans nos rayons contre 9 DH dans le marché. Nous avons aussi remarqué que les autres acteurs nous suivent, ce qui permet de réduire les effets de l’inflation», s’est-elle félicitée. Ce dispositif est basé sur deux axes : d’une part, la politique commerciale est renforcée à travers des baisses de prix consenties dès février 2022 et l’engagement sur 600 produits du quotidien sur lesquels le groupe s’efforce d’être le plus compétitif du marché. D’autre part, il s’est engagé sur la disponibilité des produits, avec là aussi deux initiatives. La première est d’assurer un niveau de stock suffisant et supérieur à la moyenne et la deuxième est la diversification du sourcing. Et Chrystèle Ronceray de conclure : «inutile de vous dire que pour 2023 nous allons continuer tant que le contexte reste inflationniste. Nous allons continuer à investir dans les prix».
Une stratégie financière bien rodée
Pour Mohammed Amine Bennis, directeur administratif et financier du groupe, cette stratégie commerciale, qui a consisté à abandonner des marges au profit des clients et à assurer la disponibilité des produits en permanence, tout en atteignant les objectifs visés, a été porteuse en termes de résultats. Les volumes de vente ont progressé de 19%, soit 2 milliards de dirhams de chiffre d’affaires additionnel, le résultat d’exploitation a augmenté de 19%, le résultat courant de 20% et le résultat net a fortement augmenté, passant de 417 MDH à 762 MDH. Ce dernier a profité d’une plusvalue réalisée à l’occasion de l’apport de biens immobiliers à Terramis, le nouvel OPCI du groupe. Le groupe consolide ainsi sa stratégie de séparation de l’activité de distribution de celle immobilière et foncière, donnant une meilleure visibilité du cœur de métier et valorisant mieux des actifs inscrits historiquement au bilan. Lancé en 2022, cet OPCI porte 19 actifs opérationnels pour une valeur totale de 1,24 Md de dirhams, avec un niveau d’endettement inférieur à 30%. Questionné sur les critères d’arbitrage entre la foncière Aradei Capital, partenaire historique du groupe, et Terramis, Amine Bennis nous explique que les projets de grande taille (mall, centres commerciaux, etc.), où la composante alimentaire ne dépasse pas 40% de la valeur locative, sont portés par Aradei Capital. «Ce sont des projets qui demandent une plus grande ingénierie et une optimisation des rendements locatifs plus importants, alors que Terramis gère des structures plus modestes, parfois mono locataire où la composante alimentaire représente 80% des revenus locatifs ou plus».
Perspectives 2023
Rachid Hadni, président du Conseil d’administration, se félicite des retombées de la stratégie multiformat du groupe, avec des contributions à parts égales des différents types de magasins, qui assure une sécurité en matière de présence auprès de la clientèle. Une stratégie qui va se poursuive en 2023 avec l’ouverture de quelques 30 points de vente financés en bonne partie par les cash-flows opérationnels, tout en poursuivant la transformation digitale. «Nous allons accentuer le dispositif antiinflation», a-t-il promis. Le groupe, qui est en train d’accélérer son développement, proposera cette année 250 MDH de dividendes à ses actionnaires. Historiquement, il distribue 50% de ses bénéfices consolidés, le reste étant dédié à la croissance. Pour le management, cette stratégie permet de maintenir un endettement bas réservé à l’activité foncière et immobilière, tout en investissant dans une stratégie rentable.