«La Déclaration de Tanger clôt une conférence historique»

«La Déclaration de Tanger clôt une conférence historique»

La ville de Tanger a abrité la première conférence politique continentale de l’Union africaine autour du triptyque «Paix, sécurité et développement» sur le continent.

Les impacts des interventions de la Banque africaine de développement couvrent un large éventail de secteurs et de territoires en Afrique du Nord.  

Entretien avec Mohamed El Azizi, Directeur général du Bureau régional de développement et de prestation de services pour l’Afrique du Nord au Groupe de la Banque africaine de développement.

 

Propos recueillis par M.Diao

Finances News Hebdo : La «Déclaration de Tanger» a été présentée aujourd’hui à l’issue de la première conférence politique continentale de l’Union africaine qui s’est déroulée au nord du Maroc autour du triptyque «Paix, sécurité et développement» sur le continent. Que dit cette déclaration ?

Mohamed El Azizi : La «Déclaration de Tanger» clôt une conférence historique car c’est la première fois que différentes organisations travaillant au développement, à la paix et à la sécurité se réunissent pour identifier des moyens et des manières de travailler ensemble plus efficacement. Nous remercions à cette occasion le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger d'avoir accueilli cette réunion. Nous sommes tout particulièrement redevables à Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour sa vision du Maroc et de l'Afrique, et pour avoir été un champion du développement et de l'intégration régionale sur le continent. Dans son discours d’ouverture, le ministre Nasser Bourita a ainsi appelé à explorer les pistes et les mécanismes à même de renforcer les synergies et la coordination entre les organismes chargés du développement durable, de la paix, de la sécurité ou encore de la gouvernance en Afrique. La «Déclaration de Tanger» formalise cet appel en rappelant l’importance de lier paix, sécurité et développement : l’un ne va pas sans l’autre. Il s’agit d’une étape majeure car la Banque africaine de développement a un mandat de réduction de la pauvreté, de l’amélioration de la vie des populations et cela ne peut pas se faire sans une Afrique à la fois plus intégrée et plus solidaire. Par conséquent, le tout contribue à la paix et à la prospérité en Afrique.

 

F.N.H : Quelles sont les actions que la Banque africaine de développement mène pour encourager l'intégration régionale en Afrique du Nord ?

M.E.A : Les impacts de nos interventions couvrent un large éventail de secteurs et de territoires. J’en citerai quelques-uns qui sont emblématiques des actions que nous portons dans la région. Prenons l’exemple de la Libye. Depuis 2016, nous travaillons en partenariat avec les autorités et le Fonds de transition pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord dans le cadre de notre programme de leadership «Tamayoz - Libya Leading the Way». Cette initiative vise à renforcer le leadership aux niveaux décisionnels du secteur public, du secteur privé et de la société civile en Libye. Elle a permis à plus de deux mille leaders, essentiellement des jeunes, de bénéficier de compétences nouvelles afin d'améliorer la collaboration entre les décideurs. L'objectif principal est de soutenir une nouvelle génération de leaders en Libye afin de contribuer au processus de stabilisation, de paix et de reconstruction du pays. En Tunisie, la Banque africaine de développement a accordé il y a un an à l’Etat un prêt de 104 millions d’euros pour mettre en œuvre la seconde phase du programme de modernisation des infrastructures routières du pays. D’ici à 2026, cette opération contribuera à mieux intégrer les territoires en améliorant l’accès au réseau routier pour 700.000 usagers.

C’est un nouveau jalon d’une coopération réussie qui, sur la dernière décennie, a permis de moderniser plus de 70% du réseau routier tunisien classé, tout en contribuant à l'intégration régionale. En Mauritanie, nous avons mobilisé 41 millions d’euros pour financer les travaux de construction du pont de Rosso qui reliera le pays au Sénégal. Le pont, qui enjambera le fleuve Sénégal sur 1,5 kilomètre, assurera une circulation fluide entre le sud de la Mauritanie et le nord de son voisin. Il permettra de réduire les temps de trajet et de baisser les coûts de transport. Il fera également progresser les échanges commerciaux le long du corridor transafricain Tanger-Lagos en renforçant l’intégration entre l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb. Toutes les interventions que nous menons dans la région sont définies dans leur approche par notre Document de stratégie d'intégration régionale pour l'Afrique du Nord. Il prend en compte les projets de toutes les communautés économiques des pays de la zone en vue d’une meilleure intégration régionale.

 
F.N.H : Justement, quelles sont les principales réalisations auxquelles la Banque africaine de développement a contribué au Maroc ?

M.E.A : Le Maroc est le premier bénéficiaire de la Banque africaine de développement en Afrique du Nord. C’est un partenaire majeur avec lequel nous travaillons depuis plus d’un demi-siècle. Nous y avons mobilisé en cinq décennies plus de dix milliards d’euros d’investissements dans des projets et réformes de dernière génération. Nos actions sont multiples. Ces derniers mois, la Banque africaine de développement a approuvé un financement additionnel de 57 millions d’euros pour la construction du complexe portuaire de Nador West Med. Il complète un premier financement de 113 millions d’euros que nous avons octroyé en 2015. Parmi les autres chantiers d’envergure, citons le projet d’extension et de modernisation de l’aéroport de Rabat-Salé pour lequel nous avons accordé un financement additionnel de 34 millions d’euros. Ce terminal doté d’une superficie de 71.000 mètres carrés sera mis en service fin 2023. Il vient répondre à un trafic en croissance de 6% en moyenne chaque année et qui atteindra à l’horizon 2035 plus de 3 millions de passagers et 5.500 tonnes de fret.

Outre les infrastructures, notre soutien se traduit au Maroc par un appui durable dans le contexte post-Covid avec un financement global de plus de 380 millions d’euros. Nous soutenons aussi la généralisation de la couverture médicale, comme nous le faisons depuis plus de quinze ans, avec la mobilisation de plusieurs centaines de millions d’euros. Nous entendons également accompagner le Royaume dans sa transition écologique en concentrant nos efforts sur le développement des infrastructures d’énergie, notamment les renouvelables, ainsi que les infrastructures d’eau et d’assainissement. Toutes ces actions ont un impact positif sur les populations. Sur la dernière décennie, nous avons permis à 8,5 millions de personnes de bénéficier de meilleurs services dans la santé. Nous avons par ailleurs contribué à améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement pour 3,5 millions de personnes et aux infrastructures de transport pour 16 millions de personnes.

 

 

 

 

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