La troisième édition de la Journée nationale de l’industrie, tenue les 3 et 4 novembre à Rabat sous le haut patronage du Roi Mohammed VI, a été marquée par le lancement officiel du label «Made in Morocco». Cette nouvelle appellation entend structurer l’offre industrielle locale et la rendre plus lisible, tant pour les consommateurs marocains que pour les marchés extérieurs.
Par R. Mouhsine
Ce rendez-vous a réuni un public dense, composé d’institutionnels, industriels et fédérations professionnelles, qui a décortiqué l’état des lieux de l’industrie nationale. Il intervient dans un contexte de montée en puissance du tissu productif national, porté par l’automobile, l’aéronautique et, plus récemment, la pharmacie. Présenté dès l’ouverture de l’événement, le label «Made in Morocco» se veut un instrument de lisibilité.
L’objectif est double: attester l’origine marocaine des produits et garantir leur conformité aux normes en vigueur. Il s’agit d’une démarche volontaire, ouverte aux industriels établis dans le Royaume. L’accès au label repose sur deux conditions alternatives.
La première concerne l’intégration locale : au moins 40% du prix de revient unitaire doivent être acquis au Maroc (intrants, main-d’œuvre, emballage, soustraitance).
Deuxième option : prouver qu’une transformation substantielle est réalisée dans le pays, conférant au produit ses caractéristiques principales.
Une procédure en quatre temps est prévue : analyse documentaire, évaluation des preuves, audit sur site et décision de labellisation. Des contrôles réguliers assureront le maintien des critères. Objectif assumé : consolider la valeur ajoutée produite localement, améliorer la perception des produits marocains, «inverser le réflexe import», et garantir une traçabilité factuelle.
Une industrie portée par les filières à haute valeur ajoutée
En ouverture de la Journée nationale de l’industrie, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a livré une lecture d’ensemble du moment industriel marocain. L’automobile reste le moteur. Près de 40% des exportations industrielles en proviennent. Le secteur pèse un quart de l’emploi manufacturier et conforte le Maroc comme premier producteur africain de voitures particulières. Le pays est aussi devenu le premier fournisseur de véhicules thermiques de l’Union européenne.
L’aéronautique suit le mouvement. Plus de 150 industriels composent désormais un écosystème qui exporte fortement et se spécialise sur des segments à plus forte intensité technologique. L’inauguration récente d’un complexe de moteurs d’avion à Casablanca illustre cette montée en gamme. La pharmacie, enfin, cherche à s’ancrer durablement dans le paysage.
Une nouvelle unité dédiée à la fabrication de vaccins est opérationnelle, tandis qu’une convention signée en marge de l’événement vise à structurer la production locale de matières premières pharmaceutiques.
Selon l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), le Maroc se situe en 2025 à la 12ème place mondiale en matière de production industrielle à contenu technologique moyen et élevé. Un classement qui renforce la crédibilité de l’offre nationale auprès des investisseurs. Dans un échange conduit par l’économiste Abdelmalek Alaoui, Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, et Chakib Alj, président de la CGEM, ont esquissé les priorités du moment.
Message principal : la transition du Maroc d’une plateforme compétitive à une plateforme innovante est engagée, ce qui suppose davantage d’intégration de PME dans les chaînes de valeur, plus de R&D et une politique soutenue de gestion des compétences. Les deux responsables ont convergé sur les sujets de nouvelle génération : hydrogène vert, industrie pharmaceutique, ingénierie avancée, mobilité électrique. En creux, une interrogation : comment transformer les PME exportatrices occasionnelles en exportatrices régulières ?
Le label «Made in Morocco» pourrait jouer un rôle, notamment en termes de confiance et de reconnaissance. Sa réussite dépendra de son appropriation par les entreprises, mais aussi de sa capacité à installer une confiance durable auprès des acheteurs, au Maroc comme à l’étranger. S’il atteint ses objectifs, le dispositif pourrait renforcer la valeur ajoutée locale, offrir davantage de lisibilité à l’offre industrielle marocaine et faciliter son intégration dans des chaînes de valeur internationales. Le défi sera toutefois de diffuser cette dynamique au-delà des locomotives industrielles pour toucher pleinement les PME. C’est sur cette capacité d’entraînement que se mesurera, à terme, l’impact réel du label sur la montée en gamme de l’industrie marocaine.