Jeunes NEET : un phénomène qui prend de l’ampleur

Jeunes NEET : un phénomène qui prend de l’ampleur

Au Maroc, 1,5 million de jeunes marocains entre 15 et 24 ans sont considérés comme NEET, c’est-à-dire ni à l’emploi, ni en éducation, ni en formation.

 

Par M. Boukhari

Selon le haut-commissariat au Plan (HCP), plus d’un quart des jeunes NEET (27,6%) sont au chômage, tandis que les trois quarts (72,4%) restants sont inactifs et ne manifestent pas d’intérêt actif pour l’insertion professionnelle. La même source précise que les jeunes femmes sont disproportionnellement touchées par la «NEETitude», avec un taux atteignant 37,3% chez cette population, comparativement à 13,5% chez les hommes. Ce qui expliquerait entre autres l’existence des disparités entre les deux genres quant à l’accès aux opportunités socio-économiques au Maroc. Qui plus est, le HCP révèle qu’il existe également des variations régionales dans la répartition des jeunes NEET. En effet, bien que la prévalence soit plus marquée en milieu urbain (51,4%), certaines régions telles que Béni Mellal-Khénifra (30,6%) et l’Oriental (28,1%) affichent des taux de NEET supérieurs à la moyenne nationale (25,2%).

La conjoncture socioéconomique que traverse notre pays en est pour beaucoup. En plus, la pandémie de Covid-19 a exacerbé ce phénomène, de nombreux jeunes ayant subi des pertes d’emploi disproportionnés par rapport aux travailleurs plus âgés, peut-on lire dans une récente note du HCP. Ajoutons à cela les différentes perturbations sur le plan éducatif, marquées par plusieurs suspensions de cours, des grèves, etc. Celle situation menacerait réellement la cohésion de la société et la paix sociale. Et ce, notamment à travers l’exacerbation de la pauvreté et l’accentuation des inégalités.

Dans un pays comme le Maroc, où la population jeune est fortement dense, il est plus que jamais nécessaire de redoubler d’efforts en vue d’exploiter les potentialités des NEET de façon proactive. Une approche en cinq axes Dans le dessein de mettre fin à ce phénomène et d’accélérer l’insertion socioéconomique des jeunes NEET, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) recommande l’adoption d’une approche intégrée se déclinant en cinq axes. Tout d’abord, il s’agit de renforcer les capacités de repérage et de suivi de cette catégorie de jeunes via la création d’un système d’information national, avec une déclinaison régionale, qui regroupe des données croisées de sources multiples (Registre social unifié, statistiques relevant des secteurs impliqués, etc.).

Le CESE préconise également de garantir l’effectivité de l’obligation de scolarisation jusqu’à l’âge de 16 ans pour éviter que de nouvelles catégories de jeunes ne se retrouvent en situation de NEET. Parmi les mesures à prendre, on trouve la généralisation des écoles communautaires en milieu rural, tout en veillant à renforcer leurs équipements et à étendre la couverture des services de transport scolaire. Aussi, il faut renforcer l'offre publique de formation professionnelle en milieu rural, en adaptant les spécialisations aux besoins de chaque région et de chaque territoire.

Le troisième axe concerne la mise en place d'un écosystème élargi pour accueillir et orienter les jeunes NEET vers des options personnalisées répondant à leurs besoins spécifiques. Pour ce faire, le CESE appelle au développement d’un réseau dense de points d'accueil, d'écoute et d'orientation s'étendant sur l'ensemble des collectivités territoriales. Pour ce qui est du quatrième axe, il consiste à améliorer la qualité et l'efficacité des services et programmes d'insertion des jeunes NEET. Et ce, en facilitant leur réintégration dans le système éducatif ou de formation, en améliorant leur employabilité et en les assistant pour trouver des opportunités d'emploi.

Le CESE insiste alors sur l’importance d’instaurer des dispositifs de contractualisation appropriés avec le secteur privé ou le tiers-secteur, outre un accompagnement en pré et post création d'entreprises. Enfin, le Conseil juge primordial de mettre en place un cadre de gouvernance, caractérisé par une cohérence et une complémentarité optimale entre les divers programmes, ainsi qu'une coordination continue et efficace entre les différentes parties prenantes concernées. 

 

 

 

 

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