Hassani Sentissi, président de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex)
Les exportateurs nationaux s’opposent à l’augmentation du taux de l’IS pour le chiffre d’affaires réalisé à l’export.
Des actions de lobbying auprès du Parlement ainsi qu’une rencontre avec l’argentier du Royaume sont prévues, avec l’objectif clair de revenir sur cette mesure.
Par M.D
Chaque année, c’est le même rituel quasi immuable concernant le Projet de Loi de Finances (PLF). Les entités ou regroupements, en l’occurrence les fédérations et les associations en charge de la défense des intérêts de leur branche d’activité, scrutent à la loupe les mesures fiscales susceptibles d’être en leur défaveur. Cette posture permet en cas de nécessité de monter au créneau pour avoir gain de cause avant l’adoption de la Loi de Finances.
Cette année n’a pas dérogé à la règle. Une mesure en particulier retient l’attention de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex), présidée par Hassan Sentissi : il s’agit de l’introduction par le PLF 2020 de la disposition fiscale allant dans le sens de l’augmentation du taux de l’IS au titre du chiffre d’affaires à l’export. Ce taux passerait ainsi de 17,5% à 20% si le PLF 2020 était adopté en l’Etat.
A l’évidence, les principaux concernés par cette augmentation de taux d’imposition sont les entreprises exportatrices. Selon le gouvernement, cette nouveauté serait légitimée par la notion de convergence vers un taux unifié au niveau de l’IS, en cohérence avec les engagements fiscaux du Maroc vis-à-vis de ses partenaires européens.
Questionné sur l’opportunité d’une telle mesure fiscale, Hassan Sentissi ne mâche pas ses mots : «Depuis plus de 35 ans, la principale mission de l’Asmex a été la défense et la promotion des exportations de notre pays. Les multiples efforts à l’échelle nationale de la part de tous les acteurs ainsi que l’ensemble des acquis nous ont permis en quelques années de passer de 5 milliards à 27 milliards de dollars d’exportations. Or, cette nouvelle mesure fiscale constitue un recul par rapport aux nombreux acquis de notre secteur».
Mobilisation pour conserver les acquis
Du côté de l’Asmex, l’on tient à faire savoir à qui veut l’entendre que les exportateurs nationaux œuvreront pour ne pas perdre du jour au lendemain les multiples avantages ou facilités (dont l’aspect fiscal) qui ont permis aux ventes à l’étranger du pays de progresser sensiblement au cours des dernières années.
Le groupement associatif attire également l’attention sur les enjeux de compétitivité à l’export, en lien avec la pression fiscale du Maroc. Sachant que nombre de pays, comme la Turquie affichent une posture particulièrement volontariste par l’entremise d’incitations et de subventions pour dynamiser les exportations.
Des actions de lobbying prévues
«Nous ne demandons rien de plus si ce n’est de conserver les avantages dont les exportateurs nationaux bénéficient. Le Maroc sans les exportations, pourvoyeuses de devises, aura de sérieux problèmes de développement», prévient l’homme d’affaires qui évolue, entre autres dans le secteur des produits de la mer, particulièrement prisés à l’international.
Les membres de l’association devraient rencontrer Mohamed Benchâaboun, l’argentier du Royaume, afin que l’augmentation du taux de l’IS à l’export soit tout simplement abandonnée.
«Nous ferons également du lobbying auprès du parlement pour que cette disposition fiscale soit retirée avant l’adoption de la Loi de Finances 2020, qui devra être votée par les deux Chambres parlementaires», précise notre interlocuteur.
Il faut reconnaître que le timing de l’introduction de cette disposition dans le PLF 2020 interpelle. D’autant que le discours royal du 11 octobre 2019, prononcé à l’occasion de la rentrée parlementaire, a exhorté à soutenir davantage les petites et moyennes entreprises spécialisées dans les activités d’exportation, notamment vers
l’Afrique. ◆
Encadré : L’étude de l’offre exportable présentée au Souverain
Le président de l’Asmex reste confiant et optimiste quant à l’engagement des banques pour le soutien des PME exportatrices. «Il y va de l’intérêt de celles-ci», suggère-t-il. Sentissi précise également que l’étude de l’offre exportable marocaine sur laquelle se penche l’association depuis quelque temps est fin prête. «Ce travail qui se base sur le terrain, notamment les douze régions du Maroc, sera soumis au Souverain», révèle le patron de l’Asmex. Au-delà de la mise en relief du potentiel exportateur des territoires, l’étude montre la nécessité de désenclaver certaines zones pour booster leurs exportations.