Infrastructures sportives : un héritage durable pour la jeunesse marocaine

Infrastructures sportives : un héritage durable pour la jeunesse marocaine

Le Maroc accélère le rythme pour accueillir deux événements de grande envergure : la Coupe d’Afrique des nations 2025 et le Mondial 2030. Au-delà de leur caractère sportif, ces compétitions off rent une opportunité unique de transformer les infrastructures du pays, notamment celles destinées à la jeunesse marocaine. Aujourd’hui encore, nombre d’entre eux peinent à accéder à des terrains de proximité adéquats, pourtant essentiels pour exprimer leur talent. La CAN et le Mondial parviendront-ils à bâtir une nation sportive ? Coup de projecteur sur un défi majeur.

Le Maroc prévoit des investissements significatifs pour moderniser et construire des stades et des installations sportives. Selon les estimations, un budget global entre 15 et 20 milliards de dirhams va être mobilisé. Ce montant couvre la réhabilitation de stades emblématiques tels que le grand stade de Marrakech et le Complexe Mohammed V à Casablanca (ce dernier servira pour les rencontres de la Coupe d’Afrique des nations et pour les entraînements des équipes engagées dans le Mondial 2030). A cela, s’ajoute la construction d’infrastructures modernes, à l’image du grand stade de Benslimane doté d’une capacité de 115.000 places.

La FIFA exige que chaque pays hôte dispose d’au moins 14 stades conformes aux normes internationales. Pour l’édition 2030, le trio organisateur propose 20 sites, 11 pour l’Espagne, 6 pour le Maroc et 3 pour le Portugal. Ainsi, pour répondre aux exigences de cette instance, le Maroc projette de construire et réaménager des infrastructures polyvalentes capables d’accueillir, en plus des compétitions sportives, des événements culturels et communautaires. Bien exploitées, ces installations pourraient révolutionner la promotion du sport chez les jeunes tout en apportant un certain dynamisme aux villes hôtes. Cet enjeu est crucial, comme l’explique Aziz Daouda, directeur technique et du développement à la Confédération africaine d’athlétisme.

 

Le rôle des politiques dans la promotion du sport chez les jeunes
Aziz Daouda partage sa vision stratégique : «Les institutions et les structures d’encadrement des jeunes ne peuvent jouer un rôle dans ces infrastructures que si cela leur est d’abord permis. Il y a donc nécessité d’innovation et d’une volonté politique qui s’exprimeraient dans une stratégie à contenu et contours bien tracés. Si tel était l’orientation, ceux qui auront à gérer les nouvelles infrastructures seraient dans l’obligation de se plier à la volonté politique et à l’implémentation de la stratégie. Se posera alors la question, par exemple, d’aménagements pour des sports autres que le football dans ces infrastructures. Se posera aussi la question de la gratuité, sachant que dans certaines activités, les pratiquants ne sont pas en mesure de payer les prestations. Toujours est-il, les maîtres mots devraient être optimisation et efficacité et non rentabilité».

 

«C’est une question essentielle que se posent les organisateurs de la Coupe du monde et des Jeux olympiques. Ces deux institutions (FIFA et CIO) sont devenues tellement exigeantes que souvent les infrastructures deviennent très sophistiquées et hautement budgétivores. Elles ne trouvent pas des utilisations optimisées une fois l’événement consommé. C’est là que le génie marocain devrait faire montre d’innovation et de créativité. La performance sportive est une expression culturelle. Les stades devraient être intégrés dans une offre culturelle globale. Il ne pourrait en être autrement. Le football, à lui seul, ne peut pas les faire vivre», explique-t-il. Et de poursuivre : «Les expériences réussies montrent qu’il faut penser et agir ainsi. Il faudra aussi se porter candidat à chaque fois que l’occasion se présente, pour justement permettre une utilisation aussi fréquente que possible des nouvelles infrastructures. Cela s’inscrit dans la stratégie visant à renforcer le rayonnement futur du pays».

Des infrastructures au service de la population locale et de l’économie

Les installations ne seront pas réservées uniquement à l’élite sportive. L’objectif est d’en faire des espaces accessibles à la jeunesse, notamment dans des villes comme Tanger, Rabat, Fès, Marrakech, Casablanca ou encore Agadir. Plusieurs initiatives seraient envisagées, notamment la construction d’installations sportives comprenant des terrains annexes, des salles polyvalentes et des espaces de loisirs. Ces projets visent à toucher un grand nombre de jeunes dans les cinq ans qui suivront le Mondial, à travers des programmes de développement des compétences et de création de valeurs. Ces atouts seront accompagnés par des partenariats public-privé pour favoriser l’accès aux infrastructures et aux formations. Le but est d’apprendre de nos erreurs passées. Dans ce sillage, une étude du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur la politique sportive au Maroc a démontré que la ‘Stratégie nationale du sport à l’horizon 2020’ n’a pas atteint ses objectifs en raison d’un manque de mise en œuvre efficace, de ressources insuffisantes et de problèmes juridiques. Dans la foulée, le CESE recommande de transformer cette stratégie en politique publique, renforcer le sport scolaire et universitaire, harmoniser le cadre juridique, développer un système de suivi/évaluation et poursuivre le développement des infrastructures sportives, en tenant compte des besoins et spécificités de chaque région.

Mondial du centenaire

La Coupe du monde 2030 ou le «Mondial du centenaire» célébrera «un siècle écoulé» depuis la première édition organisée en Uruguay en 1930. Cette formule tricontinentale et inédite aura un impact particulièrement positif sur le Maroc. Les répercussions sur le plan culturel et socioéconomique ne se limiteront pas à la période de la compétition, mais elles se feront sentir bien après. Ainsi, les nouvelles infrastructures auront un double effet : dynamiser le sport local, tout en garantissant un accès équitable à la pratique sportive pour tous les jeunes.

Cependant, Aziz Daouda insiste sur l’importance de prévoir des infrastructures annexes adaptées à un usage local. «Les infrastructures de haute compétition sont souvent inadaptées pour la pratique de masse, surtout si elles ne sont pas dotées d’infrastructures annexes à même d’être utilisées par les associations, les clubs et autres structures d’encadrement des jeunes. Par contre, les locaux, souvent très nombreux sous les gradins, peuvent être le théâtre de très nombreuses activités culturelles et de formation dans de nombreux domaines. On peut, par exemple, imaginer un stade abritant un institut de formation des cadres dans le sport de différents niveaux», insiste-t-il. Sur le volet technologique, bien que les infrastructures IT des stades marocains soient jugées bonnes par la FIFA, certaines nécessitent des mises à niveau conséquentes. A ce sujet, le Maroc ambitionne de couvrir 70% de la population avec la 5G d’ici 2030.

Un moteur économique et social pour les villes hôtes

Les retombées économiques directes et indirectes de ces événements sont estimées à plusieurs milliards de dirhams. Durant la CAN 2025, les villes hôtes pourraient générer jusqu’à 1,5 milliard de dirhams en revenus liés au tourisme, à la restauration et aux autres services. Pour le Mondial 2030, coorganisé avec l’Espagne et le Portugal, ces retombées pourraient atteindre entre 8 et 10 milliards de dirhams, selon l’Observatoire du travail gouvernemental. L’accès à ces infrastructures modernes vise à démocratiser la pratique du sport au Maroc, avec l’ambition d’accroître significativement la participation des jeunes dans les années à venir. Des initiatives complémentaires, telles que la création d’académies sportives et la formation de cadres viendront renforcer cette dynamique, contribuant ainsi à faire du sport un véritable levier de développement pour la jeunesse.

Moncef Lyazghi, universitaire et chercheur en politique publique et sportive, souligne les progrès tangibles réalisés par le Maroc dans la mise en œuvre de ses projets ambitieux. «Par le passé, quand on voyait un officiel en train d’inaugurer un projet, nous étions quasi sûrs qu’il ne verra pas le jour. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La confiance commence à s’installer, surtout chez les jeunes. Quand un projet comme celui du port atlantique de Dakhla est annoncé, on constate l’évolution des travaux au fil des ans. De même que l’évolution des travaux du stade de Benslimane est conforme aux prévisions. Avec ces réalisations, les perspectives d’avenir sont prometteuses et l’organisation de la Coupe du monde est une fierté nationale. Ces constats ne peuvent être que consolidés chez les jeunes marocains. C’est un effet bénéfique également sur l’ensemble de la population. Il faut capitaliser sur ces événements», souligne-t-il.

C’est un héritage qui se dessine bien au-delà du sport. Le Maroc voit dans l’accueil de la CAN et du Mondial bien plus qu’une simple construction de stades; c’est un investissement dans l’avenir de sa jeunesse et de son économie. Avec une gestion exemplaire, ces projets pourraient faire du Royaume un modèle en Afrique, en alliant réussite sportive et aspirations des générations futures.

 

 

 

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