Les exportations du textile auraient affiché une augmentation de 28,2% en valeur au premier trimestre 2022.
A l’origine de cette performance, entre autres la pratique du nearshoring qui s'installe de plus en plus en Europe.
Par M. Diao
La période de torpeur et de turbulence semble être derrière pour le secteur textile, qui occupe une place de choix dans les exportations nationales. A en croire le hautcommissariat au Plan (HCP), le volume des exportations nationales de biens et services aurait affiché une croissance de 5,6% au premier trimestre 2022. Et ce, dans un contexte de vive accélération des prix à l’export. «En valeur, les exportations de biens se seraient accrues de 29,5% en glissement annuel au lieu de 12,6% une année auparavant», renseigne-t-on du côté de l’entité publique spécialisée dans les études prospectives.
L’excellente tenue des exportations est certes liée aux ventes à l’étranger des phosphates et de ses dérivés, au redressement des ventes extérieures de l’industrie aéronautique, mais également au secteur textile. D’après le HCP, les exportations de cette branche industrielle auraient affiché une augmentation de 28,2% en valeur au premier trimestre 2022. D’où l’interrogation incontournable : quels sont les facteurs objectifs à l’origine de cette bonne dynamique exportatrice pour le secteur, pourvoyeur de plus de 200.000 emplois industriels et qui n’a pas été épargné par la crise liée à la Covid-19 ?
Une pratique favorable aux textiliens marocains
Fatima-Zohra Alaoui, Directrice générale de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH), est formelle. La bonne performance des exportations de notre industrie est liée principalement au rapatriement d'une partie des commandes asiatiques vers le bassin méditerranéen, dans une optique de nearshoring qui s'installe de plus en plus en Europe pour diverses raisons.
«La première raison étant une résultante directe de la crise Covid-19 qui a fait prendre conscience aux donneurs d'ordres de la nécessité de s'approvisionner à proximité de leur marché pour mieux gérer leurs stocks et bénéficier de plus de flexibilité en matière de volumes de commandes et de délais de livraison», renseigne Alaoui. Elle explique que la deuxième raison explicative de l’excellente tenue des exportations du textile national a trait à la stratégie européenne en faveur de textiles circulaires et durables, qui va également favoriser le sourcing de proximité, notamment le bassin méditerranéen. Ainsi, la position géostratégique du Maroc, couplée aux atouts avérés de l’outil de production textile (flexibilité et agilité), explique la bonne progression des exportations au premier trimestre 2022.
Cette tendance haussière pourrait se consolider dans les années à venir, d’autant plus que l’AMITH s’attèle avec ses partenaires à accélérer l’implémentation de la Vision 2035. Pour rappel, celle-ci s’appuie sur quatre leviers de développement : agilité, innovation, qualité et éco-responsabilité. A l’horizon 2035, l’AMITH s’est fixée l’objectif de porter la valeur des exportations marocaines à 60 milliards de DH, et d’augmenter la part des exportations nationales sur les marchés d’Amérique du Nord et d’Europe du Nord à 20% du total des exportations du pays. En vertu de la nouvelle vision, l’Association ambitionne aussi de porter la part de la production en co-traitance et produits finis de 35% actuellement à 60% à l’horizon 2035.
Dans le même ordre d’idées, le programme GTEX destiné aux entreprises locales, et dont la mise en œuvre implique le Conseil fédéral suisse, l’AMITH et le ministère de tutelle, fait partie des mécanismes susceptibles de faciliter l’atteinte des multiples objectifs ambitieux de la branche industrielle orientée vers l’export. Pour rappel, le programme GTEX a pour principales orientations pour les années 2022 et 2023, la digitalisation, la durabilité sociale et environnementale ainsi que l’économie circulaire. Par ailleurs, interrogée sur l’impact de la hausse des coûts des intrants en raison de la flambée des prix de plusieurs produits et matières premières, la DG de l’AMITH explique que l’augmentation des prix des intrants ainsi que la hausse de la facture énergétique ont impacté les textiliens, notamment ceux opérant dans l'amont (filature, tissage, etc.).