Elles sont un trait d’union entre l’amont et l’aval agricole et présentent un fort potentiel pour les exploitants. Leur statut demeure défavorisé, fortement dominé par l’informel, avec des équipements et des méthodes de production traditionnels. Cela pose des questions sur l’hygiène et la sécurité de la production.
L’agroalimentaire est un secteur-phare de l’économie nationale. Il présente des capacités de développement énormes vu les potentialités agricoles et agro-industrielles du pays. Mais cette branche d’activité reste à la merci de plusieurs contraintes, surtout au niveau de la transformation.
Le Plan Maroc Vert est une aubaine pour cette branche d’activité en fixant une ligne directrice pour les prochaines années. Il devrait apporter également des solutions pour les problématiques du secteur, surtout celles liées à l’approvisionnement, la commercialisation, la qualité ou l’exportation.
A cet effet, les petites unités de transformation ont un rôle capital à jouer dans ce domaine.
Parmi elles, l’artisanat agroalimentaire est très présent sur l’ensemble des filières agricoles. Le développement des transformateurs privés, artisans et petites entreprises, qui visent le marché intérieur permet de répondre, en partie, à l’explosion de la demande urbaine sur la base de produits locaux : produits laitiers, jus de fruits, légumes, céréales, etc.
La filière oléicole donne l’exemple en la matière. Plusieurs centaines d’unités ont vu le jour partout au Maroc, notamment dans les régions connues par la plantation d’oliviers à savoir Jbala, Béni Mellal, Essaouira ou El Haouz. Ces unités ont pour vocation de promouvoir les récoltes et de donner plus de valeur ajoutée aux exploitants surtout pour les produits de terroir.
«Il y a des commerçants espagnols ou italiens qui achètent l’huile d’olive en vrac au Maroc à des prix réduits et ils l’exportent vers leur pays pour être transformée en huile extra vierge et vendue à un prix plus élevé. Alors que cette opération peut être réalisée au Maroc et bénéficier aux exploitants locaux», explique Mohamed Belamrah, président de la coopérative de l’huile d’olive Chaouia, basée à Benslimane.
Le même constat est relevé dans d’autres filières à fort potentiel comme la transformation de huile d’argan, le safran ou les plantes médicinales dont la transformation se fait le plus souvent à l’étranger.
Pourtant, le pays gagnerait à ce que ces produits soient labellisés par des certificats d’origine et trouver des débouchés intéressants.
Aussi, les petites unités industrielles agricoles travaillent souvent avec des méthodes traditionnelles. Très peu d’exploitants cherchent à moderniser leurs outils de production et restent de ce fait peu équipés en outils de conditionnement, de chaînes de froid ou de conservation.
La filière, qui a un fort potentiel de développement économique (emplois et revenus), offre des produits alimentaires à un prix accessible. Leur statut est caractérisé par l’informel (micro-entreprises) et les tâches sont exercées, essentiellement par des femmes.
Il faut reconnaître que la plupart des petites unités opérant dans la transformation agroalimentaire contribuent à la sécurité alimentaire. Mais le débat se focalise sur comment s’assurer que ces aliments produits respectent un minimum de normes sanitaires.
Par ailleurs, ces unités sont un trait d’union entre l’amont agricole et les grandes unités industrielles au niveau national ou à l’étranger.
Le PMV doit intégrer davantage les producteurs dans la chaîne de valeur, en favorisant la mise en place de petites unités de transformation dans les bassins de production du pays. Certaines filières sont pénalisées au Maroc comme celle des dattes, à cause de la faiblesse de l’activité de transformation dans les zones oasiennes.
Charaf Jaidani