La voiture électrique est l’un des segments les plus prometteurs.
Le développement de la filière des semi-conducteurs reste aussi un atout de taille.
Par C. Jaidani
Le Maroc a réalisé une véritable prouesse dans le secteur automobile. L’activité est devenue une locomotive de l’économie nationale. Ses performances sont visibles à plusieurs niveaux, à commencer par les exportations qui devraient connaître en 2022 un accroissement de 33,7% à 52,6 milliards de dirhams, selon Bank Al-Maghrib (BAM). Pour Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, «le Maroc affiche désormais la troisième meilleure compétitivité au monde après la Chine et l’Inde. Il est le premier exportateur de voitures vers l’Union européenne devant la Chine, la Corée, le Japon et la Turquie.
La voiture la plus vendue en Europe est fabriquée au Maroc». En dépit de cet envol, le Maroc veut aller encore plus de l’avant en investissant de nouvelles filières pour améliorer son taux d’intégration. En plein essor dans le monde, la voiture électrique est le segment le plus investi par les constructeurs, dont la plupart ont lancé des méga programmes de développement à coup de milliards de dollars. «Avec l’industrialisation de nouveaux modèles de véhicules au Maroc, dont les véhicules électrifiés, le secteur automobile marocain entre, à pas sûrs, dans une nouvelle ère de son histoire, marquée par la montée en puissance des compétences, de la technologie et de la décarbonation», a souligné Mezzour. Le taux d'intégration de l'industrie automobile au Maroc a atteint 63% en 2021, avec un objectif d'atteindre 80% à terme, «ce qui permettra de transformer le Royaume en la plateforme la plus compétitive au monde», indique le ministre. Pour se positionner dans ce nouveau créneau, le Maroc a déjà commencé à développer un écosystème dédié. Dernièrement, une convention a été signée entre Managem et le groupe Renault.
Le partenariat scellé permettra au groupe marocain d’orienter 70% de sa production actuelle de cobalt au constructeur français pour assurer le développement des batteries électriques. A travers cet approvisionnement, Renault pourra produire 300.000 véhicules électriques. «Le gouvernement soutiendra l’industrie minière dédiée à l’automobile. Outre le cobalt, il est prévu d’élargir l’approvisionnement à d’autres métaux comme le cuivre par exemple. Le Maroc a franchi une nouvelle étape pour améliorer son taux d’intégration et il sera une plateforme de sourcing pour les constructeurs de voitures électriques», explique Mezzour. Outre la voiture électrique, le Royaume peut développer d’autres filières pour améliorer son taux d’intégration et qui ne nécessitent pas un niveau de technologie élevé, mais parfois de lourds investissements.
Au niveau des besoins extérieurs des voitures, il y a par exemple la peinture, les pneumatiques, les produits plastiques, la tôle nue ou galvanisée ou les parechocs. Au niveau intérieur, les ceintures de sécurité, le cuir, le textile, le moussage, le chrome. Pour les freins, on note les étires ou les disques. Au niveau des composants moteur, il y a par exemple les carters d’huile, les soupapes ou les segments. Mais les semi-conducteurs restent l’une des filières les plus intéressantes pour l’industrie automobile nationale. Son développement devrait donner une forte impulsion au secteur. Certes, l’activité obéit à plusieurs contraintes à la fois financière, technologique, logistique et de stratégie sectorielle.
Mais le Maroc dispose de nombreux atouts pour s’y positionner, notamment des coûts de facteurs compétitifs. Toutefois, force est de constater que les firmes spécialisées dans ce domaine sont concentrées essentiellement dans les pays du sud-est asiatique. Elles maîtrisent toute la chaîne de production. Les groupes chinois ont des entreprises dédiées à l’approvisionnement des matières premières, au transport ou à la transformation. Cela leur permet de réaliser d’importantes économies d’échelle et de répondre aux besoins de leurs clients dans des conditions optimales. Pour atteindre ce niveau, le Maroc doit s’appuyer sur des géants mondiaux dans ce domaine. Le gouvernement a un important travail à fournir pour convaincre les multinationales de venir s’installer dans le Royaume.