Les mises en chantier et les crédits alloués au secteur sont en nette régression. Le nombre de bénéficiaires du crédit Fogarim n’a jamais été aussi bas depuis 2005. Les ventes de ciment accusent, elles aussi, une forte volatilité.
La tendance baissière du secteur immobilier se confirme. Cette régression, qui a touché dans un premier temps le secteur des résidences secondaires et celui du très haut standing, notamment dans les villes touristiques, Marrakech, Agadir, Tanger, commence à s'étendre à d’autres segments. Plus surprenant, le marché du logement social commence, lui aussi, à manifester des signes d’essoufflement.
En cela, les crédits immobiliers s’élevaient à 241,65 Mds de dirhams au mois de novembre 2015 contre 241,04 Mds de DH un an auparavant, soit une légère hausse de 0,3% et de 2% par rapport au mois d’octobre 2015.
Les crédits aux promoteurs immobiliers ont enregistré une baisse entre le mois de novembre 2014 et la même période de 2015, passant, d'une période à l'autre, de 64,73 Mds de DH à 60,21 Mds de DH soit des diminutions de 7% sur l’année et de 1% entre octobre et novembre 2015.
Concernant le crédit Fogarim, le nombre de bénéficiaires à fin novembre 2015 s’est établi à 6.974 seulement, soit le plus bas chiffre depuis 2005.
Par ailleurs, la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) fait état de la signature entre janvier et novembre 2015 de 97 conventions pour la réalisation de 113.865 unités. Un chiffre en forte baisse par rapport à 2014, où les mises en chantier ont concerné 218.957 unités, contre 234.013 une année auparavant. Des chiffres qui restent cependant très en deçà de ceux enregistrés en 2012, soit 419.362 mises en chantier. Cette baisse record est un autre indicateur alarmant.
Concernant de la vente de ciment, l’année 2015 a été marquée par un manque de stabilité au niveau de la consommation. Celle-ci a progressé de 17,22% en août dernier, à moins de 21,17% en septembre pour remonter à 18,52% en octobre dernier. A fin novembre, les ventes ont marqué un redressement de 1,7%, comparativement à la même période de 2014, après la baisse de 6% un an plus tôt. Les opérateurs ont, dans ces conditions, tablé dans un premier temps sur une fin d’exercice entre -4 et -5%. Une prévision qui a été revue (entre -1 et -2%). Ils reconnaissent toutefois qu’ils ont évité de justesse une année catastrophique. Cette volatilité est liée à la relativité de la demande en logement et, surtout, à la production qui reste morose. Globalement, l’origine du marasme qui impacte le secteur immobilier est due à une déconnexion entre l’offre et la demande, à savoir surproduction dans des villes à faible potentiel, insolvabilité des ménages, densité/promiscuité, non-respect du cahier des charges, malfaçon, manque de contrôle…
Il faut retenir également deux autres importants facteurs. Tout d’abord, la «crise» immobilière qui a impacté demande et aussi les restrictions des banques qui deviennent très regardantes sur le profil du demandeur, exigeant de ce fait plus de garanties.
Changement de stratégie
Pour écouler leurs stocks d’invendus, certains promoteurs proposent des promotions et des remises.
Même au niveau de Casablanca et Rabat où la demande bat son plein, la situation a changé. Certains grands promoteurs, dont le nom est associé historiquement au logement social, ont remodelé leur businessplan en diversifiant leurs activités et leurs projets pour ne pas s’exposer aux risques.
Malgré cette méforme du secteur de l’immobilier, il faut reconnaître que des perspectives prometteuses existent. Cela s’explique par la persistance du déficit estimé à 580.000 unités et une demande additionnelle annuelle de 125.000 unités. Par ailleurs, il faut relever l’accroissement soutenu de la population urbaine (2,1% contre -0,01% en milieu rural).
Charaf Jaidani