Par C. Jaidani
L’immobilier est l’un de secteurs phares de l’économie nationale. L’activité a des effets d’entraînement sur d’autres branches. C’est aussi l’un des domaines préférés des concitoyens en matière d’investissement. Après une croissance soutenue au cours de la période 2006-2012, le secteur a connu un certain ralentissement, voire une stagnation. Ce marasme semble perdurer en dépit de plusieurs programmes de relance. Excepté Casablanca et Rabat où l’offre a été incapable de répondre aux besoins de la demande, les autres zones urbanistiques connaissent un recul marquant. En effet, plusieurs promoteurs ont délaissé des projets et ont commencé à brader les prix parfois en deçà du coût de revient pour écouler leur important stock.
Le phénomène est notamment visible dans les villes de Marrakech, Agadir ou Tanger. Ces destinations, à vocation touristique, ont payé le prix fort de la crise économique et d’une offre-produit en décalage avec les tendances du marché. Les résidences secondaires sont alors victimes de leur succès. Pour les autres catégories, le segment social commence à manifester un certain essoufflement alors que celui dédié à la classe moyenne n’arrive pas à s’imposer. Il n’intéresse pas les promoteurs et n’a pas séduit les clients. Toutefois, depuis quelque temps, un nouveau cycle est en train de se dessiner pour le secteur immobilier au Maroc. Plusieurs indicateurs confortent ce constat.
Tout d’abord, la relance économique entamée depuis fin 2020 s’est confirmée en 2021. Elle devrait donner une nouvelle impulsion à la demande surtout en logements et en locaux professionnels. Même si les banques se montrent de plus en plus prudentes pour accorder des crédits et regardantes sur le profil des demandeurs, le marché est porteur d’espoir et de dynamisme. Avec le nouveau gouvernement, il est fort probable qu’une nouvelle stratégie voit le jour pour relancer le secteur. Elle portera essentiellement sur un nouveau programme pour le logement économique et celui destiné à la classe moyenne. Un intérêt particulier sera également accordé aux zones d’activités et les zones industrielles.
Le foncier public et les dérogations fiscales seront les instruments les plus déployés pour mener à bien le programme. L’arrivée au pouvoir du RNI et la désignation de Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, devraient donner une forte impulsion à l’activité surtout sur le plan législatif et réglementaire. La formation de la colombe est considérée comme très proche des opérateurs du secteur. Plusieurs membres de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI) sont affiliés au parti. Certains d’entre eux comme Taoufik Kamil, actuel président, ou Mohamed Boudrika, sont des députés à la Chambre des représentants et d’autres siègent à la Chambre des conseillers.
«Le secteur immobilier a besoin d’une nouvelle stratégie et d’une nouvelle vision plus innovantes afin de faire tourner la machine. Le nouveau paysage politique prédominé par le RNI serait un gage pour la relance du secteur», affirme Mohamed Alaoui, expert en immobilier. Outre le volet politique qui laisse présager de nouvelles orientations de l’Etat au profit du secteur, plusieurs indicateurs relevés dernièrement font état d’effets favorables. Ainsi, les ventes de ciment, l’un des baromètres de l’activité, ont enregistré à fin août 2021 une croissance de 19,28%. Les tendances sont également à la hausse au niveau de la production. Le premier semestre s’est soldé par une croissance de près de 26%. Pour leur part, les mises en chantier sont en hausse de 9,33%.
«Ces croissances sont importantes mais restent en deçà du niveau des années précédant la pandémie. Toutefois, et au vu des conditions du marché et de l’environnement socioéconomique national, tout laisse penser que le trend haussier va se poursuivre à court et moyen termes. Le secteur serait l’un des grands bénéficiaires de la reprise économique encore faut-il lui assurer les ingrédients nécessaires d’une croissance soutenue et dans la durée», conclut Mohamed Alaoui.