Avec une centaine d’entreprises, une dizaine de centres de formation et les deux collèges des grandes écoles et des universités françaises, le Medef est venu en force pour manifester sa présence auprès du patronat marocain en perspective de la COP22. Pour Pierre Gattaz, président du Medef, cette rencontre scelle cette volonté entre les entreprises françaises et marocaines de travailler étroitement.
Finances News Hebdo : Vous semblez tout enthousiaste de cette visite de deux jours au Maroc à l’occasion de la tenue de la rencontre économique Maroc-France…
Pierre Gattaz : Ce qui est formidable, c’est d’avoir visité Tanger Med qui est une infrastructure portuaire extraordinaire, avec sa zone franche et ses 150 entreprises installées sur place, et dont la seconde phase est en cours de réalisation.
Je trouve cela très enthousiasmant. Je ne manque pas aussi d’évoquer notre visite à l’usine Renault Tanger avec ses 7.000 salariés et ses centres de formation intégrés, pour construire des voitures «low cost» mais «high quality». Ce sont des projets qui créent de l’emploi et de la valeur ajoutée pour le Maroc et pour la zone de Tanger qui était dans le passé une ville internationale et qui retrouve ce panache.
F.N.H. : Le Medef a mobilisé une importante délégation d’entreprises, notamment en perspective des rencontres BtoB. Peut-on avoir une idée sur les profils et, surtout, vos attentes de cette rencontre ?
P. G. : Nous sommes venus en force avec une centaine d’entreprises, dix centres de formation, en plus du collège des grandes universités et de celui des grandes écoles qui nous accompagnent également dans cette visite.
Bien sûr, nous avons veillé à une large présence de tous les secteurs confondus ; notamment l’aéronautique, l’automobile, le transport, le numérique, la banque, les services, l’infrastructure, ... En somme, tous les secteurs étaient représentés. Et bien évidemment, vous noterez la présence d’entreprises oeuvrant dans le développement durable, la thématique même de cette rencontre économique Maroc- France.
Nous avons un bataillon multi-activités, ce qui permet de rencontrer ses alter ego pendant ces deux jours de visite, notamment à l’occasion de la rencontre BtoB. C’est là que se nouent les premiers échanges et les prémices des premiers partenariats.
Il y a des besoins importants au Maroc, mais il y a aussi des besoins importants en Afrique. Et je crois que ce qui est intéressant à souligner aujourd’hui, est cette même volonté d’aller équiper ce grand continent, puisque les populations ont besoin de routes, d’autoroutes, de traitement des déchets, d’énergies, de services… J’ai l’ultime conviction que nous pourrons le faire efficacement et intelligemment ensemble.
F.N.H. : Comment conceptualisez-vous justement cette relation triangulaire Maroc – France-Afrique ?
P. G. : Très simplement, par la signature de conventions entre la CGEM et le MEDEF qui nous permettent d’établir un calendrier sur un an, deux ou trois ans, avec un planning de toutes les actions que nous pourrons réaliser ensemble en matière de ville durable, pour répondre aux problèmes de formation, de transition énergétique à travers la COP22… Ce sont des lignes directrices qui formalisent cette volonté d’avancer ensemble. Nous n’avons pas établi d’objectifs chiffrés à ce stade, mais juste manifesté par écrit cette forte intention de collaborer mieux et de travailler plus étroitement ensemble.
F.N.H. : Vous avez noté dans votre discours que le respect de l’environnement ne doit nullement nuire à la compétitivité des entreprises, notamment sur le marché international. Sachant que nous sommes à la veille de la signature de l’accord, le 22 avril au siège de Nations unies à New York, quel message voudriez-vous faire passer dans ce sens ?
P. G. : Il est très important de trouver un équilibre entre le respect de l’environnement et l’ébauche de solutions à même de préserver la compétitivité de l’entreprise, notamment sur le marché international.
Comme je le disais, les entreprises disposent de 80% des solutions aux problèmes du climat et de l’énergie. Elles ont de la créativité et la recherche et développement leur permettant de suggérer des solutions que les politiques n’ont pas ou ne connaissent pas. Donc, c’est à nous qu’incombe la responsabilité d’expliquer ces solutions, les générer et les faire connaître. Je pense qu’il est opportun de poursuivre ce «business-dialogue» instauré à Paris lors de la COP21, et dans le monde entier, pour que la voix des entrepreneurs, des instituts de recherche, des universités puisse avoir voix au chapitre et proposer leurs solutions aux politiques.
Sans quoi, et à défaut de solutions, ces derniers seraient tentés de taxer davantage, et par conséquent, réduire la compétitivité de nos entreprises, et ce n’est pas ce que nous recherchons.
Il faut créer cette harmonie et cet équilibre entre la transition énergétique et la compétitivité des entreprises et s’efforcer ensuite à les préserver.
S.E & I.B