Le stationnement dans les centres des grandes villes, comme Casablanca ou Rabat, est un problème récurrent qui empoisonne la vie des automobilistes. Malgré l’introduction des horodateurs, les difficultés persistent tandis que d’autres problèmes ont émergé.
A l’instar des grandes métropoles du monde, les grandes villes marocaines souffrent de la hausse notoire du parc roulant. Outre les problèmes de circulation, se pose avec acuité celui du stationnement.
L’insuffisance de parkings publics et le manque d’investissement dans ce domaine n’ont fait qu’empirer le phénomène. L’idée d’introduire des horodateurs, surtout dans les centres-villes, a certes atténué la pression sur les zones de stationnement mais elle n’a, par ailleurs, pas résolu le problème.
Les horodateurs ne sont qu’un des éléments pour résoudre le problème du stationnement. Il faut traiter ce sujet d’une façon générale dans le cadre du plan d’aménagement urbain. L’idée est de créer de nouvelles zones d’activités et de centres administratifs pour atténuer la pression sur le centre. Un rapport sur le Plan d’aménagement de la circulation, publié il y a quelques années, avait souligné la problématique du stationnement, qui s’est accentuée après plusieurs années de négligence et de laisser-aller. Ledit rapport prône également la construction de parkings publics pour répondre à la demande. Il faut dire que les autorités locales n’ont pas retenu les leçons des erreurs passées. Les nouvelles zones d’activités ont des aires ou des superficies de stationnement insuffisantes. C’est le cas par exemple à Sidi Maârouf à Casablanca ou à Hay Ryad à Rabat. Ces nouveaux quartiers ont connu une croissance, qui a dépassé toutes les prévisions, et les investissements des autorités locales pour accompagner cet essor sont restés limités.
Il est vrai qu’en l’absence de moyens de transport en commun adéquats, la demande de mobilité par les moyens personnels de locomotion augmente significativement.
L’axe Casablanca-Rabat concentre à lui seul 60% du nombre de véhicules roulants du pays, soit plus de 1,4 million de véhicules.
Cette situation a précipité le stationnement réglementé qui est devenu inévitable.
Il faut dire qu’il ne date pas d’aujourd’hui. Un dispositif de parc-mètres a été instauré durant les années 60 et 70. Les difficultés liées à sa gestion, notamment l’entretien du réseau et les contraintes de rentabilité, ont poussé les autorités locales à le délaisser au profit des gardiens.
L’idée des horodateurs fera son apparition au début des années 2000.
Smiapa, une société espagnole, décroche ainsi un contrat de gestion déléguée pour l’arrondissement de Sidi Belyout, annulé en 2005. Cette entreprise n’ayant pas respecté le cahier des charges, quitte la scène en laissant des arriérés de plus de 10 millions de DH, notamment les redevances de droit de concession. Le centre-ville va vivre alors près de deux années sans horodateurs, laissant libre cours aux gardiens, qui ont fait leur retour et les problèmes de stationnement aussi.
Une autre entreprise espagnole, Parc Parkigran, spécialisée dans le stationnement réglementé va créer sa filiale à Casablanca et décroche un nouvel appel d’offres.
Elle démarre ses activités en 2006, étendant son champ d’action à de nouvelles ruelles. La zone de stationnement réglementé va passer de 4.000 places à près de 11.000. L’arrondissement des Roches noires est aussi concerné par le stationnement réglementé. Casaparc a bénéficié, elle aussi d’une gestion déléguée avant que la ville ne crée sa propre entité.
Pour les responsables de la ville de Casablanca, la cause du problème n’est pas tant le manque d’espace, mais plutôt le stationnement longue durée.
«La superficie du centre-ville casablancais est de 411 hectares. Elle est déclinée en une offre sur voirie de près de 17.000 places. Les places réservées aux taxis sont au nombre de 1.513. La densité des aires de stationnement est de 41 places par hectare. C’est un niveau très encourageant comparativement avec des villes européennes où cette densité ne dépasse pas les 20 places par hectare», souligne-t-on auprès du Conseil de la ville de Casablanca.
Ce qui est sûr, les horodateurs n’ont pas résolu totalement les difficultés de stationnement.
Ils ont créé par contre d’autres complications. Plusieurs automobilistes pour échapper au péage optent pour le double stationnement sur les trottoirs ou dans les zones interdites, comme les rues piétonnes, les espaces publics. Ce qui crée beaucoup de désagréments aux piétons et cause des perturbations à la circulation.
La pression sur le stationnement a poussé les autorités locales de Casablanca à prévoir de nouvelles zones à horodateurs, notamment les quartiers à forte activité commerciale comme Maârif, Hay Hassani, Derb Soltane ou Anfa. L’idée est de porter le nombre des places payantes à près de 30.000 dont 10.000 uniquement dans l’arrondissement du Maârif.
A Rabat, l’élargissement des zones de stationnement est envisagé pour s’étendre au-delà de l’arrondissement Hassan et toucher Agdal, Yaâcoub El Mansour et Hay Ryad. Mais les débats au sein du Conseil de la ville sont houleux et certains conseillers prônent plutôt une élimination des sabots dans la ville.
Charaf Jaidani