Arabie saoudite : un Hajj sous pression climatique, technologique et sécuritaire

Arabie saoudite : un Hajj sous pression climatique, technologique et sécuritaire

Sous un soleil de plomb et une surveillance de haute précision, plus de 1,4 million de pèlerins ont entamé les rites du Hajj 2025 à La Mecque. Entre technologies de pointe, dispositifs sanitaires exceptionnels et lutte contre le pèlerinage illégal, l’Arabie saoudite déploie une logistique massive pour concilier ferveur spirituelle et maîtrise opérationnelle.

Plus de 1,4 million de pèlerins ont convergé vers la ville sainte de La Mecque à l'occasion du premier jour des rites du Hajj, qui ont débuté ce mercredi. Cette édition 2025 du pèlerinage se tient sous des températures élevées dépassant les 40 °C, avec des mesures de sécurité renforcées afin d’éviter la répétition du drame de l’année dernière, qui avait causé la mort de 1 301 personnes, principalement à cause des coups de chaleur.

Les autorités saoudiennes ont déployé plus de 250 000 employés et coordonné l’action de 40 institutions publiques pour sécuriser la bonne tenue du pèlerinage. Parmi les dispositifs mis en place : 50 000 m² de zones ombragées supplémentaires, des milliers de personnels médicaux mobilisés, plus de 400 unités de refroidissement, ainsi que des couloirs climatisés pour les déplacements à pied, notamment un nouveau passage de quatre kilomètres menant au mont Arafat. La grande mosquée de La Mecque bénéficie quant à elle du plus grand système de climatisation au monde, avec un air filtré et renouvelé neuf fois par jour, selon les médias officiels saoudiens.

Le rite du Tawaf et les exigences de l’ihram

Dès le premier jour des rites, les fidèles en tenue d’ihram – deux pièces de tissu blanc pour les hommes et des habits amples blancs pour les femmes – accomplissent le Tawaf, consistant à tourner sept fois autour de la Kaaba, au cœur de la mosquée Al-Haram. Cette étape marque l’entrée dans une dimension spirituelle intense et codifiée du Hajj.
Les pèlerins sont ensuite transportés en bus vers la vallée de Mina, où ils sont accueillis avec des dattes et du café, conformément à la tradition d’hospitalité. 

Le numérique et l’intelligence artificielle au service de la sécurité

L'Arabie saoudite a déployé une panoplie d'outils technologiques visant à surveiller et gérer efficacement les flux massifs de fidèles. Parmi les nouveautés de cette année : l’utilisation avancée de technologies numériques et d’intelligence artificielle pour la gestion des foules. Des drones survolent les lieux saints pour fournir des images en temps réel, permettant d’analyser les flux de pèlerins et d’anticiper les risques de congestion ou d’incident. 

Les autorités ont également mis en place des systèmes de reconnaissance faciale et de suivi des mouvements pour identifier rapidement les situations d'urgence, localiser les personnes disparues et coordonner les interventions médicales. Par exemple, des drones spécialisés peuvent livrer des médicaments en seulement six minutes, contre 90 minutes auparavant, améliorant ainsi la réactivité des services de santé. 

En complément, des applications mobiles telles que "Smart Hajj" offrent aux pèlerins des informations en temps réel sur les itinéraires, les horaires des rituels et les alertes de sécurité, facilitant ainsi leur déplacement et leur expérience spirituelle. Ces innovations technologiques s'inscrivent dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite, visant à moderniser les infrastructures du Hajj tout en préservant son caractère sacré.

Lutte contre le Hajj non réglementaire

Comme chaque année, les autorités saoudiennes ont intensifié leur campagne contre les pèlerins non autorisés, dans un souci de sécurité collective. Les fidèles accomplissant le Hajj sans permis s’exposent désormais à une amende pouvant atteindre 20.000 riyals saoudiens (environ 5.333 dollars US), a indiqué le ministère de l’Intérieur. Pour les résidents en situation irrégulière, la sanction est encore plus lourde : expulsion immédiate et interdiction de retour dans le Royaume pour une durée de dix ans.

Le ministère, cité par l’agence de presse officielle SPA, a appelé les fidèles à respecter scrupuleusement les règlements régissant la saison du Hajj, rappelant que ces mesures ont pour objectif de garantir la sécurité, la fluidité et la sérénité du pèlerinage. Dans le cadre des préparatifs pour l’édition 1446H, les services de sécurité ont procédé, en l’espace d’une semaine, à l’interpellation de 13.118 personnes pour des infractions aux lois sur la résidence, le travail et la sécurité des frontières.

En effet, le Hajj est régi par un système de quotas nationaux attribués aux pays musulmans. L’obtention du permis s’effectue généralement par tirage au sort. Toutefois, le coût élevé du pèlerinage pousse de nombreuses personnes à tenter l’aventure sans autorisation, au risque de fortes amendes ou d’un bannissement du territoire saoudien pendant dix ans.

Un pilier spirituel… et économique

Si le Hajj reste avant tout un acte de foi et un devoir religieux pour les musulmans du monde entier, il constitue aussi un pilier économique stratégique pour l’Arabie saoudite. En 2024, les revenus combinés du Hajj et de la Omra ont été estimés à plus de 171 milliards de dollars, selon plusieurs sources concordantes. Ce montant colossal fait du tourisme religieux la deuxième source de revenus du Royaume, après le pétrole.

Ce chiffre inclut l’ensemble des dépenses effectuées par les pèlerins : hébergement, transport, restauration, services médicaux, commerce de détail et prestations diverses. Historiquement, les revenus annuels liés au Hajj oscillaient entre 10 et 15 milliards de dollars, et ceux de la Omra entre 4 et 5 milliards, mais l’augmentation du nombre de pèlerins, combinée à des investissements massifs dans les infrastructures, a fait bondir ces montants au fil des années.

Inscrit dans la stratégie Vision 2030, le Royaume ambitionne désormais d’accueillir 30 millions de pèlerins pour la Omra chaque année, avec une projection de revenus touristiques qui pourraient atteindre 343 milliards de dollars d’ici 2034, selon les mêmes sources. Le taux de croissance annuel est estimé à plus de 7%. À La Mecque, la foi ne faiblit pas. Mais désormais, elle s’aligne sur des feuilles de route, des bilans budgétaires… et des algorithmes.

 

 

 

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