C’est une niche dont la demande ne cesse d’augmenter, avec une offre de plus en plus riche et diversifiée. Elle assure des marges conséquentes pour les promoteurs. En l’absence de certification ou de labellisation bien définies, plusieurs projets com­mercialisés ne respectent pas tout à fait les normes de l’écoconstruction.

Face à la régression du secteur de l’immobi­lier, surtout des rési­dences secondaires et du très haut standing, les promoteurs commencent à investir de nouvelles niches pour séduire une clientèle très branchée à la recherche de concepts innovants. L’habitat écologique est un segment qui a de plus en plus la cote et les opérateurs du secteur arrivent à séduire les potentiels acqué­reurs. La philosophie de ce créneau est de présenter une offre produit inédite, qui assure un dépaysement pour le client et un environnement de vie plus adéquat, loin du stress de la ville et de la pollution. Cela passe par la conception des bâtiments, le fonctionne­ment des équipements (cli­matisation, chauffage...) et la gestion énergétique dans les logements.

Plusieurs opérateurs, à l’instar des grands groupes comme Addoha, Alliances, CGI et Saham ont investi ce segment estimant qu’il assure un retour sur investissement rapide avec des marges assez consé­quentes. Dans un premier temps, les projets ont ciblé les résidences secondaires dans les villes touristiques comme Marrakech, avant de s’orienter vers l’habitat principal, notam­ment à Casablanca et Rabat.

«Les promoteurs véhiculent un argument de taille : les gens passent, en moyenne, 90% de leur temps à l'inté­rieur de la maison où la qualité de l’air est en moyenne trois fois plus polluée que celle de l’extérieur. Ils mettent en avant la qualité de vie saine qui permet d’éviter certaines maladies respiratoires, cardio­vasculaires ou cancers», sou­ligne Mohamed Alaoui, expert en immobilier. Mais l’habitat écologique est un terme vaste qui englobe plusieurs critères. En l’absence de certification ou d’homologation selon des normes bien définies, chaque opérateur peut proposer des offres dites écologiques selon sa propre version.

«Nous commercialisons des projets bien situés. Ils sont certes à proximité des métro­poles mais assez loin pour éviter toutes sortes de pollu­tion. D’autant plus que nos produits bénéficient d’espaces verts qui représentent plus de 70% du plan de masse. A l’intérieur, nous avons égale­ment privilégié des matériaux de construction répondant aux normes écologiques et nous avons doté les logements d’énergies renouvelables notamment solaires pour les chauffe-eaux ou le pompage d’eau du puits pour irriguer le terrain de golf limitrophe», souligne-t-on auprès d’un grand groupe immobilier.

«Depuis le boom immobilier qui a commencé à partir de 2004, nous avons constaté une demande croissante pour ce genre de produit qui per­met une certaine distinction et une satisfaction pour les acquéreurs. Face au succès des premiers projets, de nou­velles tranches voient le jour avec un concept encore plus innovant surtout que les prix restent compétitifs», explique la même source.

Comment construire durable

Mais plusieurs experts en la matière estiment qu’il faut prendre la notion d’habitat écologique avec beaucoup de réserve. Certes, on propose un cadre où il y a beaucoup de verdure et moins de den­sité : des projets près d’une forêt, d’un lac, d'un golf, d’une montagne, de la mer, mais encore faut-il vérifier si ces habitats préservent l’envi­ronnement. «Plusieurs niveaux existent pour classer un habi­tat écologique. Non seulement le cadre mais aussi l’utilisation des matériaux de construc­tion. Il y a aussi le recyclage des eaux usées, le mode de collecte des ordures ména­gères et le degré d’utilisation des énergies renouvelables ou d'isolation adéquate. On peut aussi évoquer la récupé­ration de la chaleur solaire, les échangeurs de chaleur d'air et d'eau, l’utilisation des portes et fenêtres éco-énergétiques ou un éclairage écolo», sou­tient Alaoui.

Reste à préciser que construire durable, ce n'est pas seulement ériger un bâti­ment énergétiquement per­formant. C'est aussi conce­voir un bâtiment dans une démarche globale de respect de l'environnement, avec une conception architecturale pen­sée de manière à réduire les consommations d'énergie du bâtiment tout en répondant aux besoins des habitant.

Charaf Jaidani