Gouvernement El Otmani: que retenir du bilan économique ?

Gouvernement El Otmani: que retenir du bilan économique ?

A l’instar des autres gouvernements qui se sont succédé ces dernières années, ceux de El Otmani I et II n’ont pas pu remédier aux tares structurelles de l’économie nationale.

La crise actuelle n’a pas arrangé les choses. 

 

Par M. Diao

 

Seuls quelques mois nous séparent des prochaines élections législatives qui se tiendront en septembre 2021. Dans ces circonstances, il est tout à fait opportun de faire une intrusion dans le bilan économique du gouvernement dirigé par Saad Eddine El Otmani depuis 2017. La question fondamentale à se poser est de savoir si les gouvernements El Otmani I et II ont pu remédier aux maux structurels de l’économie nationale (déficits jumeaux, volatilité de la croissance, taux de chômage élevé des jeunes diplômés, etc.).

Au regard des chiffres, difficile de répondre par l’affirmative. Le caractère volatile de la croissance économique, en raison de l’importance de la variable agricole soumise aux aléas climatiques, est resté inchangé sous le magistère de El Otmani.

A titre illustratif, le taux de croissance économique est passé de 4,1% du PIB en 2017 à 3% en 2018 et 2,5% en 2019. En 2020, eu égard à l’ampleur de la pandémie, le Maroc, à l’instar de la plupart des Etats, a enregistré une forte contraction de l’activité économique, avec un taux de croissance de -7%.

Pas d’amélioration significative

Interrogé sur le bilan économique du gouvernement actuel, qui a tout de même à son actif des résultats probants dans le classement du Doing business de la Banque mondiale au cours des dernières années, Azeddine Akesbi, économiste et professeur apporte un éclairage de taille. «Il est clair qu’au cours de ces dernières années, le taux de croissance moyen a été faible. L’absence de croissance significative en comparaison à la croissance potentielle est une donne structurelle», souligne-t-il.

Les chiffres montrent également que le taux d’endettement public global a plutôt tendance à s’afficher au-delà de 80% du PIB (82,2% du PIB en 2018 et 80,4% du PIB en 2019). Sous l’effet de la crise actuelle, ce taux a culminé à 92% du PIB en 2020. L’Exécutif, qui a mis en place une politique publique visant à substituer l’importation de certains produits par la production locale, une initiative saluée par le milieu des affaires, n’a pas réussi à infléchir substantiellement le déséquilibre de la balance commerciale.

Pour preuve, le déficit de la balance commerciale s’est affiché autour de 18,3% du PIB en 2018 et 18,2% du PIB en 2019, avant d’enregistrer un léger repli en 2020 à 16,3% en raison de la crise du coronavirus. Ceci dit, le gouvernement sous l’ère El Otmani a visiblement rencontré plus de succès sur le front des finances publiques. Le déficit budgétaire a été tant bien que mal confiné autour d’un peu plus de 3% du PIB entre 2018 et 2019.

Sachant que 2020, qui symbolise l’année du pic de la crise liée à la pandémie, a particulièrement fragilisé les finances publiques avec un déficit budgétaire de 7,4% du PIB. Au-delà des chiffres qui ont leur utilité pour notre exercice, l’économiste Azeddine Akesbi souligne l’intérêt de fonder également l’évaluation du bilan économique du gouvernement sur la gouvernance économique. «Jusque-là, les recommandations de la Commission spéciale sur le modèle de développement, censées remédier aux tares de notre économie, se font attendre. Sachant que la Commission n’avait que quelques mois pour faire ses suggestions», fait remarquer notre interlocuteur, qui soulève une question fondamentale liée au réel pouvoir de décision du gouvernement sur les chantiers économiques cruciaux.

«Le problème de la gouvernance économique du gouvernement actuel est attesté par des prises de décisions inopportunes ne tenant pas compte parfois de variables capitales», déplore Akesbi. Par ailleurs, il faut tout de même mettre à l’actif du gouvernement El Otmani le lancement de réformes structurelles dans les domaines de la protection sociale, du secteur public et l’amélioration du climat des affaires.

Rappelons que près de 10% du PIB de ressources financières ont été mobilisées pour accompagner la reprise économique dans le contexte de la Covid-19. Mais, de l’avis de notre interlocuteur, les ressources financières mobilisées ont été insuffisantes pour permettre un redémarrage économique sans séquelles.

«Seuls 16% des entreprises ont bénéficié des mécanismes de soutien mis en place dans le contexte de la covid-19. 72% des ménages marocains jugent que les aides octroyées lors du confinement ont été insuffisantes», assuret-il. 

 

 

 

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