Les différents documents de planification soulignent l’importance de la construction de plusieurs infrastructures hydriques à l’horizon 2050.
Les PPP ont toute leur place dans la réalisation des chantiers inhérents au recyclage de l’eau ou encore le dessalement de l’eau de mer.
Par M. Diao
En matière de partenariat public-privé (PPP), le Maroc cumule une grande expérience, acquise sur plusieurs décennies. Ce mécanisme, qui permet au secteur public de bénéficier à la fois de l’expertise, du financement et du transfert technologique du secteur privé pour la réalisation d’infrastructures ou la mise en place de services destinés aux usagers, est appelé à être utilisé davantage dans le secteur de l’eau à l’échelle nationale. Faudrait-il le rappeler, le Royaume est dans une situation critique au regard des chiffres officiels.
Les apports en eau sont passés de 10 milliards m3/an en 2018 à 2 milliards m3 actuellement. Ce qui équivaut à un déficit en ressources hydriques de l’ordre de 80%. L’autre donne qui commande une plus forte mobilisation à la fois des secteurs public et privé pour faire face à la crise de l’eau, est que le pays s’approche d’une moyenne annuelle de 500 m3 pour chaque personne. Ce qui constitue le niveau le plus bas de l'indice de stress hydrique.
«En réalité, nous sommes tous concernés par la question de l’eau. Au Maroc, nous vivons cette année un stress hydrique inédit. Cette situation catastrophique nous invite plus que jamais à réagir avec célérité et à faire le travail de la nature ! Par exemple, nous devons commencer urgemment à capitaliser massivement sur le dessalement de l’eau de mer, exactement comme le fait dame nature, sauf que nous allons le faire plutôt de manière industrielle», suggère Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, lors de son intervention au cours du troisième panel du Symposium de l’eau.
Un avenir propice au PPP
Il ressort de ce panel portant sur les partenariats public-privé dans la gestion des ressources hydriques que le PPP a encore un bel avenir dans le domaine des ressources hydriques au Maroc. Cela est conforté par l’assertion de Hammou Bensaadout, DG de la Direction générale de l’hydraulique (DGH). «Les différents documents de planification invitent tous à capitaliser sur la réalisation de 50 grands barrages à l’horizon 2050. Nous devons également intensifier et accélérer nos différents chantiers liés à l’utilisation d’infrastructures de recyclage de l’eau, mais aussi de récupération des ressources hydriques. Les stations de dessalement doivent également être multipliées. Les PPP joueront, à ce titre, un rôle crucial sur les prochaines 30 années», explique le patron de la DGH.
C’est un truisme d’affirmer que le secteur privé a une grande partition à jouer pour permettre au pays de changer la donne en matière de variabilité excessive des apports en eau. Celle-ci se situe entre 3 milliards de m3/an et 48 milliards de m3/an. A ce titre, le PPP constitue un mécanisme idoine afin de tirer profit de l’ingéniosité de plusieurs entreprises marocaines qui font de l’innovation un réel facteur de compétitivité et de différenciation. Ceci dit, l’optimisme du ministre Ryad Mezzour tranche avec le contexte actuel en proie au tarissement de la ressource.
«A travers le dessalement, nous avons accès à une eau qui est abondante, que nous pourrons exploiter grâce aux technologies renouvelables, domaine dans lequel le Maroc est l’un des pays les plus compétitifs au monde. Contrairement à ce que nous pourrions être tentés de penser, l’avenir au Maroc sera un avenir d’abondance, il suffit d’y travailler et d’y croire», soutient-il.
Le troisième panel a été l’occasion pour Saâd Azzaoui, Directeur de la maîtrise d’ouvrage chez Lydec, et Hakim Hassani, Directeur général adjoint de MAMDA, de mettre en évidence l’expérience réussie des entités qu’ils représentent en matière de PPP et démontrer ainsi l’opportunité de recourir à ce mécanisme de financement. «Le Maroc se doit de s’inspirer, par exemple, de la Turquie, et commencer à devenir un modèle du recours au PPP dans la gestion de l’eau et même exporter son savoir-faire sur le continent africain et ailleurs. Le PPP est donc très important pour l’avenir», avance en substance le responsable chez Lydec. Par ailleurs, notons que grâce au PPP en constante amélioration qui lie la MAMDA aux ministères de l’Agriculture et des Finances, plus de 4 milliards de DH ont été versés aux agriculteurs marocains, premières victimes de la sécheresse et du manque d’eau au Maroc.