Le Forum économique mondial est une organisation à but non lucratif créée en 1971 et dont le siège est à Coligny, en Suisse. Son objectif est «d’améliorer l’état du monde».
Ses moyens d’action sont la rencontre annuelle à Davos fin janvier de chaque année, et les rencontres régionales en Afrique, Asie du Sud-Est, Amérique latine et Moyen Orient. Il procède à des études qui donnent lieu à des rapports sur la compétitivité, la technologie, les risques, le tourisme, le commerce et la parité féminine. Il organise également des programmes et des initiatives pour encourager l’entrepreneuriat surtout des jeunes, les entrepreneurs sociaux, les pionniers technologiques. Il s’intéresse également à la problématique de la santé, de l’éducation, de l’environnement et de la lutte contre la corruption. Sur le plan institutionnel, il est dirigé par un Conseil de la fondation composé de 22 membres qui sont des présidents de grandes sociétés, des repré-sentants d’organisations internationales, et des personnalités d’envergure mondiale. Il est financé par ses mille entreprises membres, et par ses par-tenaires industriels et stratégiques qui lui versent annuellement des sommes très importantes. L’événement-phare du Forum économique mondial est la réunion à Davos fin janvier de chaque année, qui attire un grand nombre de personnalités mon-diales. C’est aussi un lieu de rencontres pour les leaders politiques. On peut citer, à titre d’exemple, la rencontre en 1992 de Frederik de Klerk d’Afrique du Sud avec Nelson Mandela, ou en 1994 celle de Yasser Arafat avec Shimon Peres. C’est à Davos également que Bill Clinton a lancé en 2008 le «Creative capitalism» qui, certes, a pour vocation de faire des bénéfices, mais aussi pour souci de réduire les injustices dans le monde et de répondre aux besoins des plus démunis. La 46ème session du Forum économique mondial s’est déroulée du 20 au 23 janvier 2016 à Davos en présence de 40 Chefs d’Etat et de gouvernement et de 2.500 participants, dont des chefs d’entreprises, des leaders politiques, des universitaires, des respon-sables d’ONG et des médias. Les personnalités présentes les plus en vue étaient Joe Biden, vice Président des Etats-Unis, Manuel Valls, Premier ministre français, David Cameron, Premier ministre britannique, et Christine Lagarde, directrice du FMI. Le thème principal de cette 46ème session a été «Comment maîtriser la quatrième révolution industrielle». Le concept de quatrième révolution industrielle exprime l’idée que le monde se trouve au stade d’une quatrième phase. En effet, le XVIIIème siècle a connu la première phase avec la machine à vapeur et la mécanisation. A la fin du XIXème siècle, ce fut la seconde phase avec l’électricité, puis la troisième au XXème siècle avec l’automatisation. La quatrième révolution industrielle est fondée sur l’usine intelligente, caractérisée par une interaction des machines et des systèmes au sein des sites de production, mais aussi entre eux et l’extérieur (clients, fournisseurs, autres partenaires). Le concept a été mis en évidence pour la première fois au Salon technologique de Hanovre. Ce sont évidemment les pays développés qui se sont emparés de ce nouveau concept. Aux Etats-Unis, le projet de «Coalition pour le leadership dans la fabrication intelligente» travaille sur ce concept. General Electric travaille sur le projet intitulé «l’In-ternet industriel» qui cherche à associer la multi-plicité de machines, de dispositifs et de réseaux, aux évolutions des systèmes d’information et de communication apportées par la révolution de l’Internet. En France, «l’Alliance industrielle du Futur», créée en juillet 2015, travaille aussi sur la quatrième révolution industrielle, en associant les organisations professionnelles de l’industrie et du numérique, aux établissements académiques (Arts et Métiers, Paris Tech, Institut Mines- Télécoms). Des sociétés comme Dassault, EADS, Astrium sont déjà très impliquées dans le développement de l’usine intelligente. Plus précisément, le concept consiste à la numé-risation de l’usine à travers le recours à l’Internet des objets et aux systèmes cyber-physiques, c'est-àdire aux réseaux virtuels servant à contrôler des objets physiques. Grâce à la flexibilité de l’usine, il est possible de proposer une production à la fois à grande échelle et personnalisée. Le concept permet aussi d’échanger les informations plus rapidement avec les acteurs logistiques extérieurs au lieu de production. Il est possible également de produire une réplique virtuelle de tout ou partie de la chaîne de production, afin de générer des simulations de postes ou de tests. Avant tout inves-tissement matériel, il est possible de représenter virtuellement un site de production ou logistique. Le concept permet enfin d’économiser l’énergie et les matières premières. Notre pays, le Maroc, doit d’ores et déjà s’intéres-ser à cette quatrième révolution industrielle pour ne pas accuser de retard. Certes, il ne s’agit pas de rendre tout de suite nos usines intelligentes, mais nos centres de recherche doivent s’impliquer dans ce nouveau concept. De même, le minis-tère de l’Industrie et la CGEM doivent créer des centres de réflexion et d’action, pour sensibiliser les industriels à ce nouveau concept, et les aider à acquérir les équipements nécessaires et à mettre en oeuvre l’organisation appropriée. Cela, sans oublier l’intégration de ce concept dans les écoles d’ingénierie marocaines et la formation continue dans les entreprises.
Jawad Kerdoudi
Président de l’IMRI (Institut Marocain des Relations Internationales)