Formation professionnelle : Le HCP jette un pavé dans la mare

Formation professionnelle : Le HCP jette un pavé dans la mare

 

- Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement général est de 19,7% contre 25,5% pour les diplômés de la formation professionnelle.

 

 

Il suffit de se pencher sur les derniers travaux réalisés par le haut-commissariat au Plan (HCP) pour s’apercevoir que la question de l’emploi revêt une importance cruciale aux yeux des experts du Département dirigé par Ahmed Lahlimi Alami, haut-commissaire au Plan. Pour cause, en dépit de sa diversification progressive au cours des dernières années, l’économie nationale crée peu de postes de travail (86.000 en 2017).

Dans le même temps, l’on constate que la population en âge de travailler constitue 63% de la population totale et croit annuellement de 370.000 personnes. Cette configuration incite à bâtir une économie pourvoyeuse de plus d’emplois ainsi qu’un système de formation répondant aux besoins du marché travail.

Le dernier fait d’armes du HCP n’est autre que la présentation d’une étude inédite au Maroc portant sur l’adéquation entre formation et emploi. Notons que cette étude, qui se base sur le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2014, analyse l'emploi sous le double angle de la nomenclature nationale de la formation (1.672 types de niveaux et de diplômes) et de la nomenclature nationale des métiers qui en dénombre 896.

 

A contre-courant des idées reçues

 

Ahmed Lahlimi Alami, réputé pour sa franchise et son aversion pour la langue de bois, s’interroge sur la réelle volonté du gouvernement de régler la problématique du chômage de masse des jeunes et des femmes.

Rappelons tout de même qu’un Plan national de l’emploi, dont l’objectif est de créer 1,2 million de postes de travail à l’horizon 2021, a été mis en place récemment.

Lahlimi a également exhorté les différents ministères à mettre à profit les multiples études effectuées par son Département. «Celles-ci peuvent être d’une grande utilité pour l’efficacité des politiques publiques», assure-t-il.

Au-delà de ces précisions, les travaux des experts du HCP montrent que plus de la moitié de la population active occupée (52,2%) ne détient aucun diplôme contre 34,2% pour la population en situation de chômage.

Autres données édifiantes, 38% des actifs occupés sont diplômés de l’enseignement général et 9,8% détiennent un diplôme de formation professionnelle. Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement général est de 19,7% contre 25,5% pour les diplômés de la formation professionnelle et 11,2% pour les actifs occupés sans diplôme.

Partant, force est d’admettre l’urgence de la réforme du secteur de la formation professionnelle, qui visiblement prédestine davantage à l’inactivité qu’à l’emploi. De plus, les diplômes élevés de la formation professionnelle affichent des taux de chômage plus importants, soit 21,3% pour les diplômés d’initiation professionnelle, 26,5% pour les diplômés de spécialisation professionnelle, 28,4% pour les diplômés de qualification professionnelle.

A contre-courant des idées reçues, plus le diplôme de l’enseignement général est élevé plus le taux de chômage est faible. A titre d’exemple, à partir de la licence jusqu’aux diplômes de doctorat, le taux de chômage baisse, avec 18,9% pour les licenciés, 15,9% pour les diplômés du troisième cycle, 7,7% pour les ingénieurs/cadres supérieurs et 3,9% pour les docteurs.

 

Qu’en est-il de l’adéquation ?

 

Neuf actifs occupés sur dix sont en situation d’adéquation ou de surclassement. L’adéquation signifie que les compétences du travailleur correspondent au niveau de qualification nécessaire pour l’exercice d’une tâche. Le surclassement équivaut à la surqualification par rapport à un poste. Ceci dit, 45,7% de la population active occupée est en situation d’adéquation, 7,6% en déclassement et 46,7% en situation de surclassement.

Le déclassement, qui équivaut à la sous-qualifiaction pour l’exercice d’un travail, affiche un taux qui passe quasiment au double si l’on se limite aux diplômés seulement en écartant les sans-diplômes (16,1%). Dans le même temps, il est important de faire remarquer que ce taux se situe à 29,4% pour les diplômés d’enseignement général du niveau supérieur.

A l’évidence, ces données traduisent la nécessité d’opérer une réforme de l’enseignement supérieur afin de mieux l’adapter aux besoins de l’entreprise et du secteur public. ■

 


L’adéquation par diplôme

L’étude qui aborde l’adéquation par secteur d’activité économique démontre que le surclassement augmente avec l’âge des actifs occupés. En revanche, l’adéquation baisse d’une façon continue, tandis que le déclassement amorce une décroissance qu’après l’âge de 30 ans. Cette configuration traduit les difficultés d’insertion des jeunes générations dans le marché de l’emploi avant cet âge. L’autre information de taille est plus qu’on se spécialise en formation professionnelle plus le déclassement est important. Les diplômés de l’enseignement général enregistrent un taux de déclassement trois fois moindre que ceux de la formation professionnelle (11,6% contre 33,6%).


 

 

M. Diao

 

 

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