Baisse de la production, sécheresse, spéculation…, de nombreux facteurs sont avancés. A cause de la faiblesse de la production, la figue de barbarie connait une envolée des prix.
Par C. Jaidani
Quelques semaines avant l’Aïd Al-Adha, les prix de nombreux fruits et légumes se sont inscrits en hausse. Cette flambée persiste toujours. Plusieurs facteurs sont avancés pour l’expliquer, notamment la baisse de la production, la hausse de la demande, la reprise de l’export et/ou la spéculation. Au niveau de l’offre, les exploitations agricoles sont mises à rude épreuve pour maintenir leur rendement, surtout avec le déficit des ressources hydriques et la montée de la température.
Les fermes situées à proximité des périmètres irrigués ont connu des restrictions au niveau de l’approvisionnement en eau à cause de la baisse des réserves des barrages. Et celles qui irriguent via le pompage de l’eau à partir des puits ont été impactées par la baisse de la nappe phréatique. Pour les autres facteurs, Mohamed Joubel, vice-président de l’Association des commerçants du marché de gros de Casablanca, apporte quelques précisions.
«L’export et la spéculation ont toujours existé sans pour autant que les prix atteignent des niveaux aussi élevés. Il ne faut pas oublier que nous sommes en période estivale, qui coïncide avec le retour des MRE et la haute saison touristique. Les arrivées battent des records, sans compter l’organisation des festivités nuptiales et autres cérémonies ou festivals. Du coup, la demande explose et les prix s’envolent. D’un autre côté, les exploitants ont vu leur coût de production augmenter. Ils étaient contraints d’augmenter les prix pour maintenir leurs marges», souligne Joubel.
Et de poursuivre que «la hausse est comprise entre 3 et 12 DH / kg selon les produits et la qualité. Par exemple, les bananes sont vendues en moyenne à 17 DH/kg au marché de gros pour être livrées aux consommateurs à 20 DH/kg. L’année dernière à la même période, elles étaient à 15 DH/kg pour être commercialisées à 17 à 18 DH/ kg. Les pommes connaissent un renchérissement des prix compris entre 15 et 25%. Mais cette flambée est plus visible au niveau de certains produits de saison, à l‘image de la figue de barbarie. Face à la faiblesse de l’offre de ce produit, elle est commercialisée actuellement à plus de 5 DH/unité. Les pièces de gros calibres et de bonne qualité sont vendues entre 8 et 10 DH/unité, alors qu’elles étaient proposées en temps normal entre 0,5 et 1 DH/unité. Du jamais vu !».
A propos de la figue de barbarie, les professionnels estiment que la filière demeure impactée par la cochenille du cactus qui a ravagé des milliers d’hectares. «La production à l’échelle nationale a drastiquement diminué ces dernières années. C’est ce qui explique la flambée record des prix de ce produit. Cette hausse devrait persister quelques années, le temps que le programme de plantation de variétés résistantes atteigne ses objectifs. Pas moins de 15.000 hectares sont concernés par cette opération, qui demande du temps pour que les plantations deviennent rentables», explique Abdelmounaim Guennouni, ingénieur agronome.
Rappelons que pour venir à bout de la cochenille du cactus, les anciennes variétés ont été détruites car elles ont montré une certaine fragilité. Toutefois, pour garder des souches locales, l’Institut national de recherche agronomique (INRA) a préservé des graines qui seront développées et replanter à nouveau, une fois le risque dû par l’insecte ravageur écarté. Des parcelles de terres ont été spécialement consacrées au développement de ces variétés. Elles seront dotées de filets protecteurs pour empêcher la cochenille de sévir. Des moyens humains et matériels importants seront déployés. La phase de multiplication sera très suivie par les scientifiques. Cette initiative permettra de préserver le patrimoine génétique national du cactus.