Le nombre d’unités d’engrais par hectare ne dépasse pas 45. En Espagne, il atteint le double, contre 160 en Italie et 300 en France.
Après l’emblavement et les semis, la campagne agricole entame une nouvelle étape marquée par les travaux de fertilisation et de désherbage. Il est établi que plusieurs éléments sont nécessaires pour le fonctionnement normal du processus biochimique des cultures. C’est une période très importante qui permet aux plantes de prélever les éléments minéraux du sol pour produire les composants organiques, et de ce fait booster leur croissance.
Toutefois, cette opération nécessite certaines précautions afin d’optimiser le rendement. Plusieurs exploitants n’arrivent toujours pas à s’inscrire dans l’agriculture moderne à cause de leur niveau d’instruction et leur faible pouvoir d’achat qui ne leur permet pas d’investir dans les engrais. «La fertilisation peut être traditionnelle, en utilisant du fumier, du compost et du terreau, ou moderne avec les produits chimiques, notamment les engrais. La fertilisation moderne, par contre, nécessite savoir-faire, expérience et technicité. Elle doit être raisonnée et prendre en considération différents facteurs, notamment la nature du sol, l’emplacement géographique et le type de culture. Il est donc très important d’utiliser les produits les plus adaptés.
L’engrais utilisé pour l’arboriculture n’est pas le même en teneur que celui pour le blé. Il y a aussi des produits qui sont adaptés pour les cultures d’automne et d’autres pour les plantations printanières. La dose prescrite pour une terre irriguée est différente de celle d’une terre bour», explique Abderrahim Mouhajir, ingénieur agronome. Et d’ajouter : «L’utilisation inadéquate des fertilisants risque d’avoir des effets néfastes sur les cultures. Les fellahs ont besoin de formation et d’accompagnement pour bien les utiliser. Un partage d’expérience et de savoir-faire est nécessaire. Les techniciens du département de l’Agriculture et ceux de l’Office national du conseil agricole (ONCA) sont disponibles pour livrer des conseils».
Depuis le lancement du Plan Maroc Vert (PMV), la stratégie du ministère de l’Agriculture est d’encourager les fellahs à utiliser les intrants de façon adéquate afin d’améliorer la productivité. Mais depuis, force est de constater que le Maroc accuse un retard important dans ce domaine, particulièrement au niveau des fertilisants. En effet, le nombre d’unités d’engrais par hectare ne dépasse pas les 45, alors qu’en Espagne il atteint le double. En Italie, on passe à 160 et 300 en France. Au total, le Royaume utilise 800.000 tonnes d’engrais par an, alors que ses besoins sont estimés à 2,5 millions de tonnes.
«Le plus souvent, les engrais sont utilisés dans les terres irriguées, et particulièrement pour les filières fruits et légumes. Mais pour les céréales et les légumineuses qui occupent 5 millions d’hectares sur 7 millions arables au Maroc, le taux est faible. Ce faible niveau d’utilisation d’engrais se traduit non seulement par une perte de rendement, mais aussi par un appauvrissement continu des sols marocains en éléments nutritifs», explique Mouhajir.
Cette situation est liée notamment au renchérissement du coût des engrais qui n’est pas compensé par l’évolution des prix à la production. Cela conduit à une réduction des marges nettes à l’hectare, compromettant ainsi la rentabilité des cultures et entraînant un sous-investissement chronique. Néanmoins, des efforts sont fournis pour remédier à cette insuffisance. Opérateur mondial dans le domaine des engrais, le Groupe OCP a lancé un vaste programme pour vulgariser la fertilisation. Il propose non seulement des produits, mais aussi des solutions. Soucieux de préserver l’environnement, l’Office défend la pratique de l’agriculture raisonnée, à travers la formule «la bonne dose d’engrais, au bon endroit, au bon moment». Il s’agit d’éliminer l’effet potentiellement néfaste des engrais, y compris phosphatés.