Exportations : Les coûts logistiques irritent les opérateurs

Exportations : Les coûts logistiques irritent les opérateurs

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L’inexistence d’un pavillon marocain et les coûts de logistique jugés encore prohibitifs constituent des obstacles à la promotion des exportations nationales.

Tous les professionnels s’accordent à dire que les efforts de promotion des exportations nationales doivent être complétés par des politiques publiques efficaces en matière de réduction des coûts logistiques et de reconstitution du pavillon marocain qui a pratiquement disparu. Il faut rappeler que les coûts logistiques, qui tournent autour de 15% du PIB, ont observé un trend baissier ces dernières années. Cette performance, quoique salutaire, ne suscite pas le satisfecit des exportateurs marocains qui déplorent l’absence de porteconteneurs et vraquiers battant pavillon marocain. Il faut savoir que ressusciter la flotte maritime nationale permettrait de réduire le déficit commercial de l’ordre de 6%. Interrogé par nos soins sur l’impact des coûts logistiques et la ruine du pavillon marocain sur la performance des exportations nationales, Hassan Sentissi, président de l’Association marocaine des exportateurs (Asmex), a, dans un premier temps, évoqué une question éminemment stratégique. «Le transport de notre commerce extérieur, qui se fait en grande partie par voie maritime, est assuré par des bateaux étrangers. Ce qui soulève des problèmes d’ordre stratégique et de dépendance vis-à-vis des prestataires étrangers», s’insurge le patron des exportateurs marocains. Par ailleurs, ce qui agace au premier chef certains opérateurs nationaux, ce sont les sorties de devises engendrées par la disparition de la flotte maritime nationale.

Tout de même, il est de bon augure de constater que la nouvelle compagnie maritime marocaine Africa Morocco Link, détenue respectivement à hauteur de 51% et 49% par BMCE Bank et le groupe grec Attica, est une tentative allant dans le sens de redorer le blason du pavillon national qui comptait à une époque plus de 80 bateaux.

L’Etat pointé du doigt

De l’avis de Hassan Sentissi, l’Etat a une part de responsabilité dans la situation actuelle, puisqu’il n’a pas suffisamment veillé à ce que les bateaux vendus soient remplacés. S’il est clair que la reconstitution de la flotte maritime nationale est nécessaire pour promouvoir les exportations du Royaume notamment vers ses nouvelles zones de prédilection (Afrique, Asie, Moyen-Orient), les modalités pour y arriver sont multiples. A ce titre, il ne serait pas incongru d’associer les investisseurs étrangers à ce challenge, d’autant plus que, pour l’heure, l’acheminement des exportations du Maroc vers l’Afrique est assuré par trois compagnies maritimes étrangères.

A cela, il faut ajouter que seuls deux à trois bateaux battant pavillons étrangers assurent le transport des échanges commerciaux entre le Royaume et la Russie. «La disponibilité de plus de bateaux faisant la liaison entre les deux Etats serait de nature à accroître le volume des exportations nationales vers ce pays partenaire», confie le patron de la société Copelit, qui consacre près de 6% du chiffre d’affaires aux dépenses inhérentes à la logistique et au transport des produits vers l’étranger. En définitive, l’inexistence d’une flotte maritime nationale, qui porte un coup au développement de la logistique, n’est pas sans conséquence négative sur la promotion des exportations du pays, qui nourrit de grandes ambitions en matière de commerce extérieur.

Par M. Diao

Rabbah dédouané par les professionnels

C’était en 2013, sous l’ère de Abdelaziz Rebbah, alors ministre de l'Équipement et du Transport, que le cabinet ALG transportation, infrastructure & logistics avait remis le premier volet de son étude commanditée par la tutelle. L’état des lieux dressé par le cabinet sur le secteur maritime était pour le moins inquiétant (fiscalité pénalisante, véhicules de financement non adaptés, réduction de la flotte, etc.). Interrogé sur le bilan de l’ex-ministre de l'Équipement et du Transport, le patron des exportateurs marocains a été laudatif à l’endroit de l’élu de la ville de Kénitra. «Rebbah n’a fait que subir les contrecoups de la dislocation de la flotte nationale, ce qui ne l’a pas empêché d’œuvrer pour sa renaissance, en proposant la suppression de certaines taxes portuaires et une fiscalité avantageuse», confie-t-il.

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