Exportations agricoles : les barrières non tarifaires, un obstacle pour la diversification des débouchés

Exportations agricoles : les barrières non tarifaires, un obstacle pour la diversification des débouchés

En dépit de leur potentiel, certains marchés sont boudés à cause des normes exigées.

 

Par C. Jaidani

Malgré les années successives de sécheresse, le Maroc maintient ses capacités d’exportation de produits agricoles. Pour les fruits et légumes, principale filière concernée, leur valeur a atteint 1,6 milliard de dollars en 2023, soit une hausse de 12%, dépassant de 50% la moyenne des 5 dernières années. Nonobstant d’une concurrence acharnée des autres pays de la Méditerranée, les produits marocains sont incontournables dans de nombreux marchés, notamment européens.

La tomate, produit phare des exportations, avec plus de 66% du volume, totalise, à elle seule, une valeur de 1,06 milliard de dollars. Plus de 70% de ces exportations sont destinées à l’Europe et plus précisément à des partenaires historiques et commerciaux du Royaume, comme l’Espagne et la France. Le Maroc a, depuis un certain temps, essayé de diversifier ses débouchés vers des marchés extra européens. Il s’agissait d’augmenter le volume exporté, mais aussi de réduire la dépendance vis-à-vis de l’Europe. Car lorsque les relations politiques ne sont pas au beau fixe, les exportations agricoles marocaines en pâtissent et sont la cible d’actes d’hostilité, que ce soit des agriculteurs européens, notamment espagnols et français, ou des députés au Parlement européen.

Les protestataires arguent que les produits marocains contiennent des taux de pesticides élevés par rapport aux normes tolérées par Bruxelles. Ils avancent également l’argument du respect de l’environnement ou le travail des enfants. Pour certains parlementaires soutenus par des lobbies pro-algériens, c’est à cause du sahara marocain, qui ne doit pas figurer comme territoire national dans l’accord agricole.

«Les produits marocains sont très appréciés dans les marchés européens, tant pour leur qualité que pour leurs prix compétitifs. Ils concurrencent fortement les produits locaux. C’est pour cette raison que les agriculteurs européens mènent de temps à autre des actes d’hostilité envers les produits marocains. Les barrières non tarifaires sont toujours utilisées pour mettre la pression et les bloquer. Pour surmonter ces obstacles, les exploitants marocains sont obligés de consacrer des budgets conséquents pour la certification de leurs produits et la traçabilité de leur origine, le lieu de production et de conditionnement. Le problème, c’est que ces normes changent dans le temps et il faut à chaque fois réadapter la chaîne de production et de valeur pour se conformer», explique Abderrahim Mouhajir, consultant agricole.

Force est de constater que les exportateurs marocains de produits agricoles connaissent parfaitement le marché européen et concentrent tous leurs efforts sur ce débouché. Pour investir de nouvelles contrées, ils doivent surmonter de nombreuses contraintes comme la langue, la logistique, la législation et aussi les normes tarifaires. «La plupart des exportateurs agricoles marocains travaillent avec les marchés européens, et ce pour des considérations historiques et culturelles. D’autres s’intéressent accessoirement aux marchés africains. Alors que certains veulent avoir un accès à d’autres débouchés très intéressants, comme l’Amérique du nord, la Russie ou les pays du Golfe. Pour répondre aux exigences de ces marchés, il faut se conformer à leurs normes. Et le plus souvent, elles sont différentes des normes européennes. D’où un effort supplémentaire à envisager», ajoute Mouhjir.

C’est pour cette raison que des fédérations ou associations tournées vers l’export, comme l’Association des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (Apefel) ou la Fédération nationale de l’agroalimentaire (Fenagri), ont conçu des guides au profit de leurs membres. A noter enfin que les normes non tarifaires sont dénoncées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Organisation mondiale de l’agriculture et de l’alimentation (FAO). Elles estiment qu’elles sont un obstacle pour le développement des échanges dans le monde. Et pénalisent les petits exploitants au profit des grands agriculteurs qui ont les moyens pour y faire face. 

 

 

 

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