Le projet Exils, composé d’une exposition de peintures de différentes nationalités et d’un colloque réunissant plusieurs sensibilités, a créé une plate-forme de débats sur une question brûlante !
Exil, migration, flux humain, échanges d’étudiants… sont autant de facettes d’un même sujet qui fait l’objet du projet Exils. Il s’agit d’une exposition organisée à la Galerie Bab Rouah à Rabat, du 22 au 31 mars, qui a donné lieu à un colloque haut en couleurs vu les différentes sensibilités et personnalités d’horizons différents qui y ont pris part. L’apport des différents points de vue sur cette question n’a fait qu’enrichir un échange passionnant, organisé en marge de l’exposition à la bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, marqué par la présence d’André Azoulay, Conseiller de SM le Roi Mohammed VI. S’il est difficile de reprendre succinctement les différentes interventions, deux ont cependant marqué l’assistance à l’ouverture du colloque. D’abord, celle de Serge Berdugo, Ambassadeur itinérant de SM le Roi et président-fondateur de la Fondation du Patrimoine culturel judéo-marocain, qui a souligné que l’exil est l’expérience qui met en tension les identités des uns et des autres. «La terre du Maroc est la construction d’exil multiple. Il est également une terre d’exil pour créer d’autres patries». Et d’ajouter, «l’exil n’est pas la fin de l’appartenance ni une rupture. Il est l’une des écoles les plus permanentes de l’histoire et la plus enseignante. D’ailleurs, la migration est une constante de l’humain. L’exil est un sauvetage pour celui qui choisit la vie au risque de la perdre».
Saïd Hamzazi, président de l’Université Mohammed V de Rabat, a pour sa part axé son intervention sur «l’exil» estudiantin. «Le Maroc est devenu une terre d’exil et d’accueil africain, puisque le pays compte parmi les étudiants étrangers sur son sol, 90% d’étudiants subsahariens. De même, il octroie chaque année 8.000 bourses aux étudiants étrangers. Cela a permis au pays de devenir un hub africain des universités et écoles internationales qui y ont élu domicile». Il a par ailleurs souligné que, dans le monde, le programme européen Erasmus a créé une nouvelle génération d’étudiants et a rendu le monde en un village planétaire. Aussi, faut-il noter que dans le monde, la mobilité des étudiants a doublé, passant de 2 à 4 millions d’étudiants par an.
Concernant les étudiants marocains à l’étranger, S. Hamzazi a estimé que «ces exilés temporaires que sont les étudiants, sont devenus un facteur de modernité, d’ouverture et de maîtrise de langue», pourvu qu’ils reviennent au bercail ! Voilà pourquoi des efforts sont constamment déployés pour favoriser le retour de cette élite «temporairement exilée».
Imane Bouhrara