Événementiel: le doute persiste encore sur l’organisation des moussems

Événementiel: le doute persiste encore sur l’organisation des moussems

La sécheresse et les restrictions sanitaires, principales contraintes.

Certains événements génèrent des activités saisonnières très importantes.

 

Par C. Jaidani

 

Dans le monde rural, la période estivale coïncide avec la fin des récoltes et aussi le début des festivités et des moussems. C’est une occasion de fêter et de terminer l’année en apothéose avant d’entamer la prochaine saison. A cause de la crise sanitaire, ces événements ont été interdits pendant deux ans. Pour 2022, le doute persiste encore, vu que la campagne agricole n’a pas été à la hauteur des attentes en raison de la sécheresse qui a engendré des difficultés de trésorerie importantes pour les paysans.

Selon des sources concordantes, le ministère de l’Intérieur, qui supervise ce genre d’activité, n’a pas encore donné d’instructions formelles à ce sujet. Chaque préfecture ou province devra décider en fonction des données recueillies auprès de la commune concernée.

«Dans les années de sécheresse, la plupart des communes, surtout de petite taille, évitent d’organiser les moussems. Car pour réussir de tels événements, il faut l’adhésion de plusieurs acteurs, notamment les cavaliers qui animent les concours de fantasia, les troupes folkloriques, de loisirs et bien entendu le public qui doit être nombreux. Cela demande une préparation minutieuse de la part des autorités locales au niveau de la logistique, de la sécurité et aussi l’encadrement des participants. La crise économique qui sévit actuellement dans le monde rural et la hausse vertigineuse des prix sont des facteurs pénalisants, qui risquent de dissuader les participants et les visiteurs», souligne une source auprès de la direction des Affaires rurales auprès du ministère de l’Intérieur. Les enjeux du moussem ne sont pas seulement religieux ou spirituels, mais également économiques.

Ce genre d’événements crée de la valeur ajoutée et génère des activités saisonnières permettant la création d’emplois. «Certains moussems, comme celui de Moulay Abdallah Amghar, n’ont pas une connotation locale ou régionale, mais plutôt une aura nationale. Les enjeux socioéconomiques de ce genre d’événements sont énormes. Ils ont des effets d’entraînement importants, notamment sur le tourisme, le commerce et autres activités et attirent des annonceurs de tous bords», explique la même source. En effet, le moussem de Moulay Abdallah, à quelques kilomètres d’El Jadida, est l’un des plus célèbres du Royaume. Il draine environ 500.000 visiteurs.

Durant deux semaines, il est marqué par une intense activité commerciale et touristique. L’implantation du mausolée face à la mer et sa proximité avec la cité balnéaire de Sidi Bouzid en sont les meilleurs atouts. Il génère des recettes importantes pour la commune, notamment la location des parkings, les redevances pour les commerçants ou les exposants. Dans l’attente de l’aval du ministère de l’Intérieur, les préparatifs vont bon train à la commune pour organiser l’événement. D’autres moussems similaires sont aussi organisés, dont celui de Sid Aidi dans la province de Settat, de Moulay Bouaâzza dans la province de Khénifra, de Moulay Bouchta El Khammar tout près de Rhafssay. Les moussems sont devenus une grand-messe régionale faisant un trait d’union entre le monde rural et les citadins, qui gardent un lien étroit avec leurs origines.

C’est un moyen aussi de conserver le patrimoine ancestral du pays. Outre leurs aspects ancestraux et culturels, certains événements sont l’occasion de faire la promotion des produits du terroir, à l’instar de celui des dattes à Erfoud, ou du miel d’Immouzer Ida Outanane près d’Agadir. Il y a aussi des moussems essentiellement dédiés à la culture et aux traditions, comme le festival des musiques du désert à Tafilalet. De par sa spécificité, le moussem des fiançailles de Imilchil est très médiatisé, notamment à l’international. Certains sont classés dans le patrimoine mondial de l’Unesco. 

 

 

 

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