Entretien : UATL, moteur de la coopération logistique Sud-Sud

Entretien : UATL, moteur de la coopération logistique Sud-Sud

Abdelilah hifdi

Dans cet entretien, Abdelilah Hifdi, le président de l’Union africaine du Transport et de la logistique (UATL), nous parle de la mission et des actions engagées par cet organisme panafricain. L’occasion également d’évo­quer l’esprit des nouvelles initiatives de partenariat Sud-Sud et des projets d’investissements qui seront annon­cés lors du premier Congrès africain des transports et de la logistique.

Finances News Hebdo : Vous présidez aux destinées de l’UATL depuis sa création en 2010. Quelles sont les missions assignées à cette organisation panafricaine ?

Abdelilah Hifdi :  Je tiens d’abord à rappeler que l'UATL, dont le siège se trouve à la CGEM, est composée d'Associations professionnelles issues de 28 pays africains et que l’un des objectifs à terme de notre organisation consiste à couvrir l’ensemble du contient, y compris les pays d’Afrique australe anglophone (sachant que nous n’avons pas tou­jours été performants dans l’accès aux marchés de l’Afrique australe). Il y a lieu de préciser également l’hétérogénéité de nos adhérents (privé et public), ce qui justifie la présence, lors du Congrès africain des transports et de la logistique, de plusieurs ministres, autorités de régulation, etc.

L’Union a pour mission de contribuer au dévelop­pement du transport et de la logistique en terre africaine. Pour cela, il nous importe d’étudier et de contribuer à résoudre tout problème se rattachant directement ou indirectement aux domaines du transport et de la logistique. Nous mettons l’accent également sur l’importance de la formation profes­sionnelle dans nos métiers.

D’un point de vue réglementaire, l’UATL oeuvre pour la facilitation du transport, notamment à travers l'uni­fication et la simplification des procédures relatives à la circulation routière nationale et africaine, aux for­malités douanières, aux contrats de transport et à la sécurité routière. Au sein de l’UATL, nous estimons que la facilitation passe par la ratification d’une série de conventions internationales de référence : ADR (matières dangereuses), ATP (matières périssables), CMR (assurance), harmonisation des contrôles aux frontières, etc. Le Maroc donne l’exemple dans le continent africain en ratifiant toutes les conventions onusiennes du transport routier. Nous mettons notre expertise à la disposition de nos amis africains pour les accompagner à accomplir toutes les démarches requises au long du circuit d’adoption et de ratifica­tion de ces conventions internationales.

Nous encourageons nos membres à promouvoir la culture des objectifs économiques, sociaux et environnementaux au sein de notre profession (en termes de productivité, économies d'énergie, etc.).

Par ailleurs, nous accordons une attention particu­lière à la coopération et à la complémentarité entre les différents modes de transport, au développement du partenariat public-privé dans nos pays.

F.N.H. : Quelles sont les actions et objectifs que vous vous êtes fixés durant votre mandat à la tête de l’UATL ?

A. H. : Lors de la réunion du bureau exécutif de l’UATL, le 4 mai 2012 à Casablanca, nous avons arrêté un programme d’actions assez ambitieux. Nous nous sommes engagés à mener des études sur la situation du secteur du transport routier des quatre régions de l’UATL, notamment en vue de cer­ner les problématiques et contraintes qui empêchent le développement à l’international.

Nous tenons également à organiser des réunions, en partenariat avec d’autres organisations régionales africaines (UMA, CEDAO, CEMAC...). Nous voulons fédérer, autour des associations formant l’UATL, d’autres organisations relevant des domaines du transport et de la logistique, pour constituer des forces de propositions nationales dans le cadre d’un partenariat public-privé.

Last but not least, en partenariat avec des instituts spécialisés, nos efforts sont mutualisés pour mettre en place, dans nos différents pays, des formations adaptées, spécifiques au secteur du transport et de la logistique. Des formations destinées, d’une part, aux opérateurs (cols bleus), englobant des aspects liés à la performance, la sécurité routière, etc. Et d’autre part, aux dirigeants (cols blancs) s’agissant de l’accès à la profession et des normes interna­tionales. À ce titre, nous réfléchissons à la mise en place d’un label à l’échelle de l’UATL pour inciter les opérateurs à se conformer aux meilleurs standards internationaux.

F.N.H. : Quelle articulation entre l’action de l’UATL et celle des Groupes d’impulsion éco­nomique (GIE) créés à l’occasion des visites du Roi Mohammed VI en Afrique ?

A. H. : L’action des GIE renvoie à un exemple ver­tueux d’une bonne démarche de coopération et de partenariat Sud-Sud. Ces GIE couvrent l’ensemble des activités économiques. Le GIE Maroc-Côte d’Ivoire, dont je copréside le groupe thématique des transports et de la logistique, a donné de bons résul­tats. D’ailleurs, les joint-ventures qui en découlent seront signés lors du premier Congrès africain des transports et de la logistique. Outre un GIE multila­téral associant les adhérents de l’UATL, nous allons signer des accords avec les représentants des 28 pays membres.

Les 28 pays membres de l’UATL

Algérie, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centre Afrique, Congo Brazzaville, Côte d'Ivoire, Djibouti, Egypte, Gabon, Ghana, Gambie, Guinée Bissau, Guinée Conakry, Guinée Equatoriale, Liberia, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal, Soudan, Sierra Leone, Tchad, Togo et Tunisie.

Propos recueillis par Wadie El Mouden

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