La crise a provoqué une réelle remise en question dans les rapports internationaux.
Pour Pierre Vimont, Secrétaire général exécutif, Service européen pour l’action extérieure, Union européenne, il faut adopter une approche ascendante pour construire cette communauté d’intérêt atlantique.
- Finances News Hebdo : Tout au long de ce forum, beaucoup ont appelé à un basculement des paradigmes, à repenser les rapports entre pays, ne plus parler de Nord ni de Sud, revoir le modèle de développement … Dans quelle mesure la crise y a participé ?
- Pierre Vimont : Je dirais que dans le cadre de la crise, ce débat d’idées devient plus fort.
Je pense qu’il y avait déjà là les prémices d’une remise en question impliquée par la crise que vit le monde. Ne serait-ce que parce que depuis quelques années on voit tous qu’il y a eu ce changement de regard porté sur une partie de l’Asie. Passée cette première étape, beaucoup voient aussi l’intérêt d’avoir une nouvelle forme de développement avec l’Amérique Latine et même l’Afrique. Parce que c’est là qu’il y a la croissance !
Et là vous avez raison, c’est que le rapport entre pays ne doit plus être un rapport Nord-Sud classique comme il a toujours existé, mais, assez différent. Et ça, on est en train de l’inventer. Ce n’est pas évident, ce n’est pas facile, mais c’est en train de se faire. Je le pense sincèrement !
- F. N. H. : Dans un espace aussi grand et aussi diversifié économiquement, culturellement et politiquement, comment identifier les priorités qui pourraient intéresser tout le monde ?
- P. V. : A mon avis, si l’on veut que les débats tenus lors de ce forum deviennent plus concrets et plus opérationnels, il faut identifier quelques points sur lesquels tous les pays appartenant à cet espace peuvent commencer à travailler. Ça peut être intéressant d’identifier des dossiers assez concrets pour y travailler tous ensemble, car chacun y trouverait un intérêt. Comme le cas du problème de la pollution maritime évoqué par le président du parti du Rassemblement des Forces Démocratiques de Mauritanie.
Ou encore sur les ressources halieutiques… Ça rejoint un peu ma préoccupation sur le développement durable qui recouvre plusieurs aspects et pour lesquels les pays ont réellement leur mot à dire et peuvent avoir un droit à la parole. L’idéal serait aujourd’hui de commencer avec trois points prioritaires sur lesquels on travaillera ensemble.
- F. N. H. : Comment concrétiser cette initiative, mais sans pour autant créer de doublons ?
- P. V. : Je n’ai pas la solution ! Il y a à choisir entre deux démarches : l’approche ascendante (dite bottom-up) ou descendante (dite top-down).
La tendance naturelle dans ce genre de réflexion est de réunir les ministres, les chefs d’Etat, etc.
Mais je pense qu’il est également important de partir de l’autre côté, de repérer les sujets sur lesquels on veut travailler, ceux qui représentent un intérêt et de les mettre ensemble. Il est également intéressant de mettre en place un réseau d’acteurs non gouvernementaux de ces pays, notamment du domaine de la recherche ou de l’université, …
Et puis voir si ça marche, ériger un étage dans cette construction. Je crois intimement qu’il faut commencer par la base pour créer cette communauté d’intérêts. En effet, mon opinion est que ça marchera mieux si l’on a le sentiment que l’on partage des intérêts, des priorités et des objectifs communs plutôt que d’essayer d’imposer quelque chose par le haut.
Dossier réalisé par I. B. & S. E.