Bras armé de l’Etat, la Sorec est appelée à jouer un rôle majeur dans le développement de la filière équine au Maroc. Dans cet entretien, son Directeur général, Omar Skalli, nous parle de l’état d’avancement de sa stratégie et des chantiers lancés depuis sa nomination en 2009.
Finances News Hebdo : Quel regard portez-vous sur l’évolution récente de la filière des chevaux de course au Maroc ?
Omar Skalli : Le développement des courses hippiques marocaines a été identifié comme un axe majeur de la «Stratégie nationale de la filière équine» qui a été lancée en 2011 par le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime. La Sorec et l’ensemble des professionnels des courses hippiques ont donc oeuvré de façon soutenue à développer cette filière et leurs efforts portent déjà leurs fruits.
Les premiers efforts ont concerné l’amont de la filière : l’élevage. Les 5 haras nationaux et les 54 stations de monte, gérés par la Sorec, ont mis en oeuvre des actions continues d’amélioration génétique du cheptel équin, de renforcement et de diversification des techniques d’élevage. Ainsi, aujourd’hui, des étalons de bonne valeur génétique et des semences de qualité sont mis à la disposition des éleveurs.
D’autres actions, non moins importantes, ont porté sur la professionnalisation de l’organisation des courses. Un ensemble d’acteurs (commissaires des courses, vétérinaires, spécialistes des courses hippiques, etc.) sont présents pendant les courses hippiques et sont dotés des meilleurs équipements pour une organisation à la pointe et ce, avant, pendant et après chaque course : gestion administrative des effectifs de chevaux, contrôles vétérinaires, contrôle filmé, commentaires, etc. La Sorec poursuit également le déploiement d’un large plan de construction, de rénovation et d’amélioration des infrastructures pour mettre en place un environnement d’accueil des courses, aux normes et de bon niveau (hippodromes, centres d’entraînement, pistes, école de jockeys).
Ainsi, depuis le lancement de la stratégie nationale, de bons résultats sont déjà perceptibles. En effet, le nombre de courses est passé de 1.800 en 2011 à 2.300 en 2015 (+25 %), dont 8 Grands Prix nationaux. Durant la même période, le nombre de propriétaires est passé de 950 à 1.320 (+38 %) au moment où l’effectif des participants «chevaux» a grimpé de 35%, passant de 2.500 à 3.390.
Notre objectif, à long terme, est d’améliorer aussi la performance des courses hippiques marocaines, en vue de les positionner dans le calendrier des meilleures courses du monde et d’organiser un nombre croissant de courses internationales. Aujourd’hui, 8 courses marocaines sont classées à l’échelle internationale (dont 2 courses de niveau «Groupe 3» et 5 courses de niveau «Listed») et connaissent un vrai succès. Parmi elles, les Grands Prix de Sa Majesté le Roi Mohammed VI du Pur-sang arabe et du Pur-sang anglais. De plus, 23 courses sont retransmises sur la chaîne hippique française Equidia.
Nous accueillons également des événements internationaux, tels que le Championnat du monde de Son Altesse Sheikha Fatima Bint Moubarak, The President of UAE Cup, la Coupe du Jockey Club Turc et l’UMHF. Des partenariats sont réalisés pour l’organisation de la «Morocco Cup by Sorec», avec les autorités hippiques de France, d’Irlande et de Turquie.
F.N.H. : Quelle évaluation faites-vous de l’impact socioéconomique de cette filière ?
O. S. : Nos actions, pendant 5 ans, ont visé à créer de la valeur économique pour le Maroc et à générer un maximum d’emplois. La filière équine est aujourd’hui un moteur de développement économique et social pour le pays. Des acteurs privés se structurent autour des différentes utilisations du cheval et génèrent des emplois : courses hippiques, tbourida, sports équestres, tourisme équestre, etc. Les professionnels se multiplient et montent en compétence et de nouveaux métiers se créent : professionnels de la santé et du soin du cheval, professionnels des courses, professionnels des loisirs, sportifs de haut niveau, etc. Une étude est en cours pour chiffrer cet impact en termes économique et social.
F.N.H. : Quel est l’état d’avancement des chantiers d’infrastructures lancés par la Sorec pour développer la filière (centres d’entraînement, hippodromes, etc.) ?
O. S. : L’amélioration des infrastructures hippiques fait l’objet de projets déployés en continu par la Sorec. Parmi les grands projets déjà achevés, on peut citer, entre autres, l’ouverture de l’hippodrome de Meknès, le réaménagement de l’hippodrome de Settat en 2012 et l’ouverture du champ de courses de Khénifra. De plus, une école des cavaliers d’entraînement a ouvert ses portes en septembre 2015 à l’Institut du cheval Moulay El Hassan. Elle accueille actuellement 16 élèves jockeys, dont Amine Moghat classé deuxième au Championnat du monde des apprentis jockeys lors du Prix de Diane Longines à Paris, en juin 2016.
D’autres projets sont en cours d’achèvement, dont les centres d’entraînement de Bouznika et Bouskoura ainsi que l’hippodrome de Marrakech.
F.N.H. : Que faut-il faire pour se rapprocher du modèle émirati et atteindre le top 3 mondial dans le domaine de l’élevage du cheval de course ?
O. S. : L’amélioration de la qualité de l’élevage, la professionnalisation du secteur et de ses acteurs et la construction d’infrastructures modernes permettront aux courses marocaines de se positionner parmi les plus prestigieuses au monde. Un contrat-programme de la filière équine, qui prévoit un plan de développement des courses marocaines sur 5 ans, sera signé prochainement par l’ensemble des parties prenantes de la filière : le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, le ministère de l’Economie et des Finances, les représentants professionnels de la filière équine et la Sorec. Nous essayons de positionner le Maroc parmi les principales nations du cheval. Nous accueillerons ainsi du 8 au 14 mai 2017 la Conférence internationale des courses de purs-sang arabes et nous serons le 1er pays africain à l’organiser. Le Maroc succèdera alors à des pays reconnus en matière de courses hippiques (comme les Emirats Arabes Unis, mais aussi les Pays-Bas, l’Allemagne, la France, l’Angleterre, la Pologne et l’Italie).
F.N.H. : Comment voyez-vous les perspectives de cette filière ?
O. S. : L’objectif est de positionner le Maroc comme un nouveau pays majeur des courses hippiques, qui doivent continuer de gagner en qualité et en performance. Ce cap stratégique drainera le développement de toute la filière, tant du point de vue économique (création de valeur) que social (création d’emplois).